Cinéma

CINEMA A CHALON - A voir maintenant à l’Axel : « Maintenant ou jamais »

CINEMA A CHALON - A voir maintenant à l’Axel : « Maintenant ou jamais »

A l’affiche depuis quelques jours, « Maintenant ou jamais », film de Serge Frydman [1], est une agréable surprise pour certains [2], un long-métrage décevant pour d’autres [3]. Pour savoir de quoi il en retournait au final, Info-Chalon est allé juger sur pièces. Verdict ? Un film à voir, assurément.

Une fois plongé dans le film, on se dit assez rapidement que nos gouvernants, nos « élites » - celles qui se trouvent à la tête de l’Etat, des banques centrales ou privées – devraient absolument se retrouver face à l’histoire de cette famille qui, à la suite d’un accident de la vie – perte d’emploi du père -, voit tous ses rêves partir en fumée. Et surtout face au désespoir de cette femme qui, pour ne pas renoncer au confort d’une vie bourgeoise attendue, ne trouve rien de mieux à faire que de s’atteler à braquer une banque avec le premier voleur de sac venu.

La violence sociale que doivent subir ceux qui ne sont pas aux manettes, qu’il est de bon ton de nier ou dissimuler de nos jours, est habilement mise à jour, de même que l’incitation à l’embourgeoisement, considéré comme l’alpha et l’oméga d’une vie réussie. L’inhumanité consubstantielle des banquiers contemporains est également parfaitement pointée. Et l’on n’oubliera pas de sitôt la répartie cruelle de l’un d’eux à celle qui demande pitié : « Personne ne vous a demandé d’avoir des rêves au-dessus de vos moyens ».

Ceci posé, il n’y a sans doute pas que nos « décideurs » qui devraient voir Maintenant ou jamais. Tous « ceux » auxquels le groupe Fauve ≠ fait référence dans le titre qui l’a fait connaître du grand public – « De ceux » [4] –, devraient certainement voir ce film. En effet, s’il rend visible ce qui ne l’est pas immédiatement – le caractère oppressant et mortifère de nos sociétés de marché et de consommation –, Maintenant ou jamais est une ode à la révolte, plus exactement à la vie. C’est pourquoi, ce long-métrage exhortant tout un chacun à s’extirper du Système [5], donc à « tenter de vivre », Info-Chalon ne saurait trop vous recommander de courir dès maintenant le voir à l’Axel.

Dans tous les cas, on aura compris pourquoi certains n’aiment pas ce film. Délivrant le message selon lequel « tout est possible à qui rêve, ose et n’abandonne jamais » (Xavier Dolan), il ne peut que déranger ceux qui, à l’instar des chantres du désespoir qu’ils soutiennent comme un seul homme, font profession de nous inculquer qu’ « il n’y a pas d’alternative », « pas d’autre politique possible ». Bref, qu’il faut se résigner à ne plus rêver.

 

S.P.A.B.

 

[1] Durée : 1 h 35.

Bande-annonce : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19545972&cfilm=221899.html

[2] Vincent Ostria, Les Inrockuptibles, 03.09.2014, p 75

[3] Guillemette Odicino, Télérama n°3373, 03.09.2014, p 56

[4] Fauve ≠, « De ceux », in Vieux frères (Partie 1), 2014, 10 euros ; http://www.youtube.com/watch?v=RyuUNeCrAn4

[5] Celui dont parle Georges Bernanos : « un monde de la matière ayant l’Argent pour seule valeur » (Christophe Boutin, Bernanos politique. Un cri dans le chaos, Mémoire de DEA, sous la direction du Pr. Courvoisier, Université de Bourgogne, 1986, 103 p.