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Info-chalon.com a lu pour vous « Montebourg. Moi, président… » de Valentin Spitz

Info-chalon.com a lu pour vous « Montebourg. Moi, président… » de Valentin Spitz

Il y a les biographies non autorisées, il y a les biographies autorisées et il y a les biographies énamourées. Celle que Valentin Spitz, journaliste à Itélé et chroniqueur consacre à Arnaud Montebourg, ex-ministre des gouvernements Ayrault et Valls et ancien député et président de conseil général Saône-et-loirien appartient à la dernière catégorie.

 De la première à la dernière ligne on sent de la part de l’auteur une sorte de fascination enjouée pour la "bestiole politique" qu’est Arnaud Montebourg. Notons que l’ouvrage est sorti en août 2014, avant Frangy 2014 et l’éviction du gouvernement Valls 2 du sujet de la biographie, de Benoit Hamon et d’Aurélie Filipetti, entre autres. Ce qui rend certaines citations d’Arnaud Montebourg, vraies déclarations d’amour à Manuel Valls, particulièrement croustillantes et rigolotes… Le livre commence par la play list du ministre et enchaîne par l’épisode de Florange.

Le biographe, c’est bien le moins, a donc tenté de comprendre ce qui faisait courir son sujet d’ « étude ». L’Elysée en 2022, la conviction chevillée au corps, le besoin d’être sous les projecteurs, la soif du pouvoir, le désintéressement messianique ?

D’abord, vu de Saône-et-Loire, on est irrité dès les premières pages par des approximations qui sont anodines à l’autre bout de la ligne de TGV à Paris mais agacent la rurale citoyenne du Sud-Bourgogne fière de sa région.  Autun est une « petite préfecture », la grand-mère charcutière va en cure à « Bourgoin-Lancy » qu’on aura du mal à localiser sur une carte géographique même papier des années soixante... De petits détails d’ouverture qui suscitent la méfiance pour le reste du récit, écrit efficacement, en phrases courtes assorties d’une structure méthodique et chronologique. C’est un produit bien léché, nourri de plusieurs entretiens avec Arnaud Montebourg, à qui l’on donne toujours la parole en dernier et  a priori farouchement cadré par son attaché de presse.

Hormis quelques réserves de contradicteurs polis et choisis, comme pour l’étape politique de Saône-et-Loire. On y croise Arnaud Danjean, député européen UMP et adversaire redoutable mais battu en Bresse en 2007 et 2012 ou Rémy Rebeyrotte, socialiste dissident face à la montebourgeoisie fédérale. Pour l’étape people-sentimentale Audrey Pulvar fait quelques commentaires et l’étape amicale est assurée par Thierry Mandon,  resté, lui, secrétaire d’Etat chez Valls2 et ex-condisciple de Sciences-Po Paris de l’actuel conseiller général de Montret. On n’apprend pas grand-chose de nouveau sur l’un des plus bruyants ex-ministres bourguignons qu’on ne sache déjà.

D’autres personnes non identifiées, au milieu des fidèles de l’Arnaud, comme Christophe Lantoine, ex-chef de cabinet, dont le dévouement à Montebourg et le désintéressement ont beaucoup marqué au siège du département, ou l’inénarrable Aquilino Morelle, ex-conseiller de François Hollande livrent à loisir une analyse psychologique hasardeuse ou tranchée de la vedette. Plusieurs responsables du PS, confrontés depuis vingt ans ou moins au sujet de la biographie,  ont refusé de s’exprimer.

Ce livre s’inscrit dans une opération de storytelling, de promotion du biographié en attente d’un destin présidentiel, où la confrontation honnête de quelques voix discordantes au cours de l’enquête ne décoiffe pas l’Arnaud, dans la mesure où ce dernier a pu, un jour, être bien coiffé. Bref, « Montebourg, moi président » se lit vite, s’oublie vite également. Beaucoup de verbe, peu de fond. Une biographie peut donc coller parfaitement au personnage décrit sans pour autant valoir un détour motivé par son seul achat  chez le libraire.

 

Florence GENESTIER

 

« Montebourg, moi président » par Valentin Spitz, l’Archipel, 18,95 €.

 

EXTRAITS

« A bien des égards, ces jours de crise (sur Florange, NDLR)  en disent long sur la personnalité d’Arnaud Montebourg. Sur sa haine obsessionnelle du mensonge, qui lui a souvent causé du tort au sein du parti socialiste. Sur son culot : qui aurait osé dire ce qu’il a dit à un premier ministre en exercice ? Sur son romantisme viscéral : « Puisque c’est ainsi, je pars ! ». Sur son affect omniprésent, sa sensibilité, son idéalisme, sa naïveté. Son inadéquation avec un mode politique qui ne sera jamais vraiment le sien. Et bien entendu, sur les rapports exécrables qu’il entretient depuis tant d’années avec Jean-Marc Ayrault, incarnation d’un PS qu’il a toujours abhorré et qui plus d’une fois a tenté de l’éliminer »

« Fort de cette amitié (avec Manuel Valls NDLR) et de son nouveau statut, Montebourg paraît indéboulonnable au sein du nouveau gouvernement », page 240.

Sinon, on peut lire la biographie « Montebourg, l’ambition à tout prix » signée Guy Benhamou chez Stock, qui suscite encore et toujours l’ire de l’entourage du conseiller général de Montret depuis sa parution en 2004.