"Les petites sirènes" d'Alexis Moati débarquent à l'Espace des Arts de Chalon

Le conte d’Andersen raconte comment la Petite Sirène tombe amoureuse d’un prince et rêve de devenir femme. Elle va voir la sorcière pour recevoir des jambes, mais en échange celle-ci lui demande sa voix. Elle accepte d’être muette ainsi que le pacte : le prince ne doit pas aimer une autre femme qu’elle sinon elle sera maudite et ne pourra revenir dans le monde des Ondins. Tout arrive tel que l’a annoncé la sorcière…

Ce que dit la Petite Sirène est complexe. C’est la quête de soi et les métamorphoses que cela engendre ; le rêve de l’autre et de l’ailleurs ; c’est aussi le don de soi jusqu’au sacrifice, le renoncement à son univers… mais au nom de l’amour doit-on se perdre ? Cela parle de l’amour véritable, comment on vit avec la souffrance, corollaire du bonheur ici sur terre…et de l’univers merveilleux de la nature qui nous entoure et nous anime, cette part intérieure qui est plus que l’inconscient…cependant l’âme étouffée dans le monde des hommes reste fidèle à sa Mémoire originelle, la Nature, et retourne à son élément avec une autre mémoire, celle de l’abîme, la déchirure vécue (la Petite Sirène ne connaissait que le bonheur, elle sait à présent la souffrance)…

Moati se sert de cette histoire pour évoquer le monde de l’adolescence. Il met en scène 3 jeunes filles et leur univers quand le corps change, dans cette période de transformation intense, avec en miroir les métamorphoses de la Petite Sirène. Trois filles, trois voix, trois éléments (terre, eau, air) baignés de rêve et d’étrange, pour représenter la quête parfois douloureuse et pleine d’embûches de son corps et de son être.

Pour Moati, c’est un long poème. Pour lui, la petite sirène nous renvoie nos rêves et il s’agit de rendre cette énergie, cette combustion intérieure. Il se sert du théâtre, du récit et de la danse pour que s’éveille cette étincelle particulière. La perception des spectateurs sera sollicitée par le décor et la mise en scène. A la fin, la pluie tombe, qui relie terre, mer et ciel, l’eau étant véritable partenaire.

Hans Christian Andersen, écrivain danois, écrivit des contes, assez cruels, sur les enfances tristes (le sapin de Noël, la petite file aux allumettes, la petite sirène…) exaltant les vertus et punissant les orgueils.

Alexis Moati intègre l’Atelier du Théâtre national de Marseille en 1989. Il crée la compagnie Vol Plané. Il met en scène des pièces de théâtre contemporain, il crée des duos burlesques, Peter Pan, le petit garçon qui haïssait les mères. Il est artiste associé à l’Espace des arts depuis 2012 jusqu’en 2015. Il est directeur artistique à la Gare Franche à Marseille jusqu’en 2017.

Petits Sirènes, d’Alexis Moati

Espace des arts, 5 Av Niépce, 03 85 42 52 00, www.espace-des-arts.com

Lundi 29 et mardi 30 septembre, 14h30

Mardi 30 à 20h

Dès 13 ans

S.B.

Photos Julien PIFFAUT