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Info-chalon.com a lu Fabrice Nicolino...
Publié le 11 Mars 2015 à 11h19

Charlie Hebdo, c’est reparti depuis trois semaines. Fabrice Nicolino, blessé lors de l’attentat du 7 janvier, s’est remis à écrire sa chronique écologie et est enfin sorti de l’hôpital. L’occasion de se pencher sur son dernier ouvrage, une enquête implacable sur l’invasion de la chimie dans nos vies, qui se lit comme un polar.
A quel point la chimie a-t-elle envahi nos vies ? Comment les 70 millions de molécules chimiques différentes arrivent à s’infiltrer partout, aussi bien dans l’eau que nous buvons que dans le sang des bébés à qui nous faisons des câlins ? Quel est le lien entre la fascination médiévale pour les alchimistes et la domination mondiale actuelle des firmes Monsanto ou Dow Chemical ?
« Les atomes sont éternels, ose écrire Fabrice Nicolino dans les premières pages de son ouvrage. Pleins, immuables, formant la totalité de ce qui existe, de l’âme jusqu’au soleil ». Ce minuscule point commun des êtres vivants, à force d’être assemblé, recomposé, réinventé dans sa multiplicité de combinaisons pourrait finir par condamner définitivement l’humanité, après avoir, un temps, amélioré son quotidien. C’est un précis d’histoire chimique critique auquel nous convie Nicolino.
A la veille de la première guerre mondiale, l’Allemagne est la reine de la chimie. Pour se passer des importations de salpêtre du Chili et doper l’agriculture nationale, Fritz Haber et Carl Bosh travaillent et trouvent la formule de l’ammoniac synthétique en 1909. C’est un sésame. Engrais azotés, obus chimiques, tout en découle. « Sans la puissance de son industrie chimique, sans ses usines de colorants aisément transformables en usine à explosifs et autres produits de guerre (…) jamais l’Allemagne ne nous eût déclaré la guerre » écrit un chimiste français en 1920. La suite de la prospérité de la firme, devenue IG Farben, passe par Auschwitz et le gaz sarin. Les formules passent les frontières. Nylon, néoprène, jusqu’aux armes chimiques de la guerre du Golfe. Pour l’auteur, il existe « un lien irréfragable entre des chimistes maintes fois loués et primés, comme Faber ou Schrader et des crimes contre l’humanité ».
Côté civil, « La France est toujours le premier consommateur de pesticides en Europe ». Là encore, Fabrice Nicolino remonte aux origines, démonte le mécanisme de cercle vicieux, fait tomber quelques faux-nez en pointant une certaine désinformation très organisée notamment sur les conséquences pour la santé de la population. Perturbateurs endocriniens qui se nichent jusqu’au fond des rivières et agissent sur la sexualité des poissons, infertilité galopante des nouvelles générations, confirmée par des études scientifiques internationales de plus en plus nombreuses et de moins en moins contestées. Allergies, intolérances, liens entre obésité, diabète, maladie d’Alzheimer, autisme, fibromyalgie et l’omniprésence des molécules tripotées, censées vouloir notre bien et parfois précipitant nos maux et nos décès. Au final, le travail de Fabrice Nicolino est aussi éclairant qu’effrayant. D’autant plus qu’il pointe sans concession « l’impuissance » des institutions, chargées de protéger les citoyens contre la dérive et les excès. Entre lobbies et conflits d’intérêts, discours formaté et études scientifiques, il appelle chaque lecteur à la vigilance dans un style clair et précis. De nos jours, on ne peut échapper à la prolifération des molécules indésirables, de nos habitations à nos assiettes. Au chapitre « Au vaste pays des lieux maudits », le journaliste de Charlie Hebdo évoque en quelques pages, la triste décharge de Montchanin, au jus résiduel toujours surveillé. « Aucun procès pénal n’a permis d’établir les responsabilités de chacun », rappelle l’auteur.
Florence Genestier
« Un empoisonnement universel. Comment les produits chimiques ont envahi la planète », Fabrice Nicolino, éditions LLL, Les Liens qui libèrent. 445 pages, 23 €.
EXTRAITS
« Des gens ignorants, ceux qui signent et décident, ont cru avec naïveté d’abord, puis par un esprit de système criminel que chaque molécule était une promesse de progrès. Et que de toute façon, il fallait défendre et protéger une industrie – chimique - synonyme de croissance et de prospérité. Les malades chroniques de l’Occident, les millions de victimes dans les pays du sud, du contact direct et prolongé avec les pesticides ont été délibérément oubliés, voire sacrifiés»
. « Un seul de nos vêtements contenant des polymères plastiques pourrait relâcher jusqu’à 1900 fibres, pratiquement indestructibles et si fines qu’elles ne seraient pas retenues par les stations d’épuration. En somme, le plastique de nos fringues passerait dans le corps des poissons et des moules avant de retourner à l’envoyeur. Moral, certes, mais infernal » p. 140
« Le chiffre d’affaires de l’industrie chimique mondiale est passé de 171 milliards de dollars en 1970 à 4100 milliards de dollars aujourd’hui, soit une multiplication par 24 en 40 ans » p 361.
« …cette chimie qu’aucun pouvoir politique (en France) ne songerait à ennuyer si peu que ce soit. Mais pourquoi ? Parce qu’elle représente 88,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 155 740 emplois en 2012 et qu’elle est de plus la première industrie exportatrice avec 55 milliards d’euros de marchandises vendues hors de nos frontières, toujours en 2012 » p.382
« Où va la chimie ? Incapable de faire par nature le moindre bilan de ses cent cinquante années de développement sans contrôle, l’industrie ne pense qu’à avancer. Les politiques, englués dans l’idéologie de la croissance ne bougent pas. Les ingénieurs d’Etat qui forment l’ossature des grands ministères techniques tiennent l’industrie comme seul futur concevable. (…) L’aventure de la chimie est entre ces mains là. Les nobles vapeurs de l’assemblage moléculaire pour eux, les vilaines vapeurs méphitiques pour nous. » p 423



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