Opinion
Les faits sont têtus pour ces Messieurs !
Publié le 15 Avril 2015 à 19h37
En exclusivité pour les lecteurs d’Info-Chalon, le dernier coup de gueule de notre féministe de service, Adèle Pantre.
En dehors de tout ce que les commentateurs « avisés » auront pu en dire, les élections départementales de mars dernier auront au moins eu un effet « positif » : celui de (re)faire prendre conscience à une partie de l’opinion publique que l’on est encore loin, en France, d’évoluer dans une société paritaire, où les femmes auraient autant leur place que les hommes. En effet, si la loi de 2013 instituant pour ces élections le scrutin binominal à deux tours a mécaniquement rendu les assemblées qui ont succédé aux anciens conseils généraux parfaitement paritaires, c'est-à-dire composée d’autant d’hommes que de femmes, ce progrès quantitatif cache bel et bien un statu quo qualitatif.
Lequel ? Tout simplement que les femmes son toujours tenues en lisière des exécutifs des actuels conseils départementaux. En effet, elles sont à peine 10 % à être devenue ou redevenue présidentes de l’un de ces conseils, à la suite du renouvellement des assemblées départementales.
Une survivance d’une époque désormais révolue, me direz-vous… Pas tout à fait, voire pas du tout ! Si l’on jette un coup d’œil au monde universitaire, on constate qu’il n’y a que 6,5 % de femmes dirigeantes dans le supérieur et que l’Université ignore encore, c’est le moins que l’on puisse dire, la parité. Une anomalie qu’a d’ailleurs récemment dénoncée la ministre chargée de l’enseignement supérieur, Najat Vallaud-Belkacem, devant le congrès de l’UNEF [1] à Nantes.
Pourtant, la loi sur l’enseignement supérieur du 22 juillet 2013 aurait dû permettre de « passer un premier cap pour que les femmes et les hommes participent ensemble à la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur » (Najat Vallaud-Belkacem). Mais c’était toutefois compter un peu vite sur le manque de détermination des hommes du milieu universitaire à ne pas laisser trop de place aux femmes. En effet, ceux-ci ont contre-attaqué via la Conférence des présidents d’université (CPU), le cénacle de mandarins aux petits pieds qui donne le la en matière universitaire. Plus exactement : une espèce d’aréopage noyauté par des hommes qui ont pris l’habitude de faire de concert entre eux la pluie et le beau temps, le plus souvent au détriment des femmes.
Via cette CPU, la testostérone universitaire liguée comme un seul homme a attaqué devant le Conseil d’Etat une disposition de la loi de 2013 évoqué plus haut, qui instaurait la parité dans les conseils statuant sur la carrière des maîtres de conférences. Et, « saisi par ricochet, le Conseil constitutionnel a examiné, mercredi 8 avril, une question prioritaire de constitutionnalité visant à faire annuler cette avancée » [2]. Si, pour l’instant, rien n’est encore joué, la décision des Sages de la rue Montpensier étant attendue pour le 24 avril prochain, on notera en attendant l’élégance de la plaidoirie de l’avocat recruté pour faire ce sale boulot, Me Jean Barthélémy,, et selon lequel « l’égal accès n’est pas un absolu à défendre à n’importe quel prix » [2]. Comprenez : pas à défendre au prix de l’excellence universitaire, ce qui n’est pas sans sous-entendre que tout corps qui se féminise est un corps mort, les femmes n’apportant jamais avec elle qu’une médiocrité qu’on est déjà bien gentil d’avoir toléré jusqu’à présent.
Pathétique, me direz-vous…Oui, sans doute. Mais en attendant, plus l’on monte dans l’Université, plus on a l’impression de voir frapper, encore et toujours, le même et sempiternel phénomène que celui qui aboutit, in concreto, à exclure les femmes des fonctions exécutives au sein des conseils départementaux. En tout cas, plus l’on monte dans l’Université, moins il y a de femmes.
Et on se calme avant de me dire qu’il ne s’agi là que d’un ressenti émotionnel, d’une vue de l’esprit, d’une jacasserie féministe ! La relégation des femmes en périphérie du monde universitaire a fait l’objet d’un travail de recherches et d’analyses sérieuses, réalisé par Dominique Faudot, la présidente du Conseil national des Universités et résumé dans un document intitulé : « Les carrières des enseignantes-chercheuses dans l’enseignement supérieur » [3].
Après, je les vois venir, certains de ces messieurs ne manqueront pas d’avancer, c’est tendance en ce moment [4], que, fait par une femme, ce travail est « partial », probablement rédigé sous le coup de l’émotion et « féministe par définition ». Il n’empêche que si l’on s’en tient au nombre de femmes dirigeantes dans le supérieur, l’Université française n’est certainement pas encore le temple de l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Les faits sont têtus », disait Lénine [5], sans doute dans l’un des ses rares moments de lucidité. Ils sont effectivement têtus parfois. Et lorsque tel est le cas, ce n’est vraiment pas de chance pour ceux que lesdits faits étrillent, à savoir ceux qu’ils ramènent à leur condition de petits messieurs s’accrochant à leur pouvoir : les hommes du milieu universitaire.
Adèle PANTRE
[1] Union nationale des étudiants de France
[2] Propos cités dans Le Monde du11 avril 2015, p 12
[3] 6 mars 2015.
[4]Voir mon article sur une conférence organisée par la Maison des sciences de l’homme de Dijon :
[5] Vladimir Illitch Oulianov, dit « Lénine », Lettre aux camarades, 1917
https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/vil19171017.htm



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