Cinéma
A l’Axel de Chalon en ce moment : La tête haute, d’Emmanuelle Bercot
Publié le 14 Mai 2015 à 18h45

Sorti le même jour que sa présentation au Festival de Cannes, dont il a fait l’ouverture ce mercredi soir, à la grande surprise de celle qui l’a réalisé – Emmanuelle Bercot –, le film « La tête haute » est désormais dans les salles obscures. Et le moins que l’on puisse dire est que la critique est très partagée à son égard, non sans raisons. Le sentiment d’Info-Chalon.
Pour Libération [1], La tête haute est un film « sarkozyste » et à tout le moins « ambigu ». Parce qu’il serait animé d’une « vision très traditionnelle du monde ». Parce qu’il serait enclin « à plaider en faveur de toujours plus de règles, d’encadrement, de méthodes de domestication » et rythmé par trop de dialogues sur « la France qui se lève tôt, l’obligation de construire sa life ». Parce qu’il est de nature à susciter l’antipathie des spectateurs, même ceux de gauche, à l’égard des ados qu’il filme, pour l’essentiel des enfants de prolos, plus mauvaises herbes que fleurs du béton, décor gris dans lequel ils ont grandi.
Pour Les Inrockuptibles [2], c’est un film « discutable ». Essentiellement parce qu’il laisse à entendre qu’il vaut quand même mieux risquer une reproduction à fort potentiel problématique plutôt que de recourir à une avancée médicale, sociale et féministe – l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Bref, parce qu’il laisserait à penser que même si l’on n’a pas encore 18 ans et que l’on est sans emploi, il vaut mieux enfanter qu’avorter, que l’arrivée d’un enfant est sans doute « la solution miracle aux problèmes des jeunes adultes ».
S’il a fait l’objet d’articles plutôt élogieux [3], le moins que l’on puisse dire est que le dernier long-métrage d’Emmanuelle Bercot, La tête haute [4], a aussi essuyé de sérieuses critiques, notamment en provenance d’une presse que l’on peut encore raisonnablement classer à gauche. Et il faut bien avouer que, d’une certaine façon, les réserves ainsi formulées, éminemment politiques, ne manquent pas de fondements.
En toile de fond de ce film, un discours agaçant
Pour être franc, il y a quelque chose d’assez dérangeant dans le dernier film de Bercot. Surtout lorsque, à l’instar de votre serviteur, plutôt convaincu par certaines écrits de Louis Althusser [5] et de Michel Foucault [6], on pense que les institutions – toutes les institutions, y compris celles incarnées dans ce film – sont porteuses d’une idéologie normative. Idéologie qui, a minima, devrait être interrogée, mise en question. Ce qu’Emmanuelle Bercot ne fait pas en accouchant d’un long-métrage où l’on a d’un côté les « gentils » plein de bon sens – les représentants des institutions présentes dans le film : justice, protection judiciaire de la jeunesse, administration pénitentiaire, etc. – et de l’autre les « méchants », tous ces pauvres « cas soces » pas fichus de comprendre ce qui est bien ou pas bien, portés sur le chichon ou la picole. Un long-métrage trop manichéen.
Même s’il n’est pas un instant tenable de prôner que l’on passe tout à Malony – l’ado violent, quasi-illétré, né d’une mère considérant que « depuis qu’il sait marcher il est délinquant », et dont le film raconte le parcours chaotique, à compter d’une scène d’anthologie, celle qui ouvre le film –, il n’était nullement défendu à Emmanuelle Bercot de se montrer plus subtile, moins binaire. En effet, au détour de quelques répliques, Malony pose de réelles questions, qu’elle aurait pu méditer. Par exemple, doit-on, parce que la société dans laquelle on naît par hasard et sans le demander l’exige, apprendre ou prendre un travail que l’on ne veut pas exercer et dont le niveau de rémunération constitue en soi une insulte ? Notre position dans la hiérarchie sociale est-elle inéluctablement déterminée par le rang que nous a initialement conféré notre naissance ?
Surtout, l’histoire de Malony aurait pu conduire à interroger la légitimité du véritable dressage dont il fait l’objet, que ce film relate sans barguigner, comme s’il allait de soi, et sans jamais le mettre en question. Comme s’il était dans l’ordre des choses que tout écorché vif soit, redirigé vers le « droit » chemin, mis au pas par des institutions créées à cet effet… Comme s’il était tout à fait naturel que l’on mate toute personne n’entrant pas dans une case prédéfinie ou sortant du rang…Or, on peut – fort heureusement – voir les choses d’une toute autre façon. On peut même penser que cette propension de nos sociétés à « surveiller et punir », pour reprendre le titre de l’un des plus pénétrants livres de Michel Foucault [6], n’est pas forcément légitime et que vouloir la combattre est tout sauf incongru.
Un film pas dénué de qualités pour autant
Tout ceci posé, et même si le fond du discours latent de ce film est particulièrement agaçant, il faut sans doute aller le voir. Pourquoi ? Pour au moins deux raisons.
D’abord, parce que, s’il les envisage d’une façon particulièrement caricaturale à certains moments, le film de Bercot n’en montre pas moins, ceci avec beaucoup de talent, une réalité sociale dont on ne peut nier l’existence : celle de tous ces gamins mal nés, (mal) élevés par des parents trop jeunes (quand ils ont encore la chance d’en avoir deux), et qui sont autant, pour parler comme le Saint-Exupéry de Terre des hommes [7], de Mozart assassinés de façon industrielle, sacrifiés dans la plus grand indifférence, tout simplement parce qu’ils ne sont pas nés au bon endroit, au bon moment. Un meurtre de masse qui, soit dit en passant, révoltera toujours votre serviteur.
Ceci dit, s’il faut voir La tête haute, c’est aussi parce que, en dehors des prestations d’un Benoît Magimel très convaincant un ex-délinquant devenu éducateur et d’une Sara Forestier campant assez bien une mère inconséquente, ce film n’est pas sans révéler le talent de deux acteurs prometteurs : Rod Paradot (Malony), dont « le regard buté et hargneux de chat sauvage » [1] confère au personnage qu’il incarne une confondante authenticité, et, surtout, Diane Rouxel, beauté diaphane au look de tomboy [8], incroyablement émouvante et qui, du point de vue de votre serviteur, est la véritable révélation de ce film ni bon ni mauvais, que « l’on peut voir cette semaine », pour reprendre l’expression d’un « journal satirique paraissant le mercredi ».
S.P.A.B.
[1] Libération, jeudi 14 mai 2015, supplément « Cannes », pp 4-5
[2] Les Inrockuptibles, n°1015, 13.05.2015, pp 52-55
[3] Notamment dans M, Le magazine du Monde (9.05.2015, pp 23-24) et dans le Journal du dimanche (10.05.2015, pp 26-27)
[4] : 2015. Durée : 2 hrs
Bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552996&cfilm=224999.html



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