Opinion
Laïcité, que ne dit-on, que ne fait-on en ton nom ?
Publié le 20 Août 2015 à 19h56

Par Robert Chantin - professeur agrégé à la retraite d'histoire et docteur en Histoire Contemporaine. Ancien enseignant au Lycée Pontus de Tyard à Chalon sur Saône.
S’il voulait faire parler de lui et de « sa » ville, Gilles Platret a gagné. En une période estivale de « vaches maigres » en actualité, les médias ont trouvé grâce à lui du grain à moudre. Il n’est pas sûr que son image en sorte grandie.
Au départ, une singulière conception du fonctionnement du conseil municipal, loin des promesses de la campagne électorale. La décision portant suppression des repas de substitution dans les écoles fut prise sans vote, de façon monarchique. Depuis nous sommes assaillis par le silence (complice ?) des élus issus de l’UDI, parti ne partageant pas forcément cette pratique.
Il y a le dos tourné à l’esprit de la loi de 1905 instaurant la séparation des églises et de l’État, loi violemment combattue par l’église catholique à l’époque, adoptée grâce à l’action d’hommes comme Aristide Briand ou Jean Jaurès. Si la lettre d’une loi, d’ailleurs révisée à plusieurs reprises, ne peut intégrer les évolutions sociétales après 110 ans, c’est l’esprit qui inspira ses concepteurs qui doit nous guider. Il s’agissait alors de briser le poids d’un appareil ecclésiastique qui contribuait à séparer (catholiques d’un côté, le reste, protestants, juifs, agnostiques, athées, d’un autre) contrairement au grand message transmis par la Révolution française, une et indivisible, donc de briser les clivages, réunir plutôt que séparer. Cela, Gilles Platret le sait, il l’a appris au cours de ses études, au lycée Pontus deTyard et ensuite. Mais il n’en tire pas les conclusions qui s’imposent: éviter ce qui sépare. Pourquoi détruire ce qui fonctionnait sans problème jusque-là? En réalité, la cible est facilement identifiable. Loin de ses discours de campagne électorale en direction des « musulmans » chalonnais, c’est bien d’eux qu’il s’agit, au nom du combat contre le « communautarisme », alors que sa décision nourrit au contraire l’argumentaire des pires communautaristes sur le mode « vous voyez bien qu’ils ne veulent pas de nous comme égaux », avec des échos mortifères dans une jeunesse qui se perçoit comme discriminée.
Sa « pétition nationale » (il n’a pas peur des mots , cela me rappelle une phrase du nouvel élu annonçant qu’il était au service de Chalon, de la Bourgogne, de la France et pourquoi pas du Monde !) recèle un argumentaire d’un autre âge sur le menu végétarien, venant d’un élu mal informé ou mal conseillé. D’ailleurs, ce n’est en rien la seule alternative au porc ; le poisson, cela existe.
Les premiers concernés, les enfants, sont absents du débat. C’est révélateur. Ils sont à l’âge de structuration, consciente et inconsciente, de leur regard sur les autres, sur leur réalité d’êtres sociaux. Gilles Platret a-t-il réfléchi un instant, au message ainsi envoyé à ces jeunes? En un temps où l’intégration des différences est plus que jamais impérative, sa décision va à son encontre, avec un grave irrespect à l’égard de ceux, qui dans les quartiers populaires de la ville, œuvrent à tisser, retisser un lien social nécessaire à toute paix civile. J’écris ces lignes au lendemain du rassemblement organisé par le Secours populaire de 70 000 enfants et ados, de 70 pays, pour son 70e anniversaire, à Paris, avec de grands moments de fraternité partagée, enfants palestiniens et israéliens jouant ensemble.
Tout cela, au bout du compte, pour plaire au nouveau mentor du maire de Chalon, l’ancien président, celui-ci flattant cyniquement l’égo de jeunes élus en les parant de titres ronflants au sein de son organigramme. Est-ce ainsi que l’on contribue à mettre au poste de commande la paix civile, la fraternité républicaine quand on parle de République et de républicain en permanence? À coup sûr non.
Alors, adoptons résolument, la seule position qui vaille : Quiconque est ici, manifeste la volonté d’y rester, est d’ici et considéré comme tel. C’est ainsi, avec des hauts et des bas, que c’est construite notre collectivité française depuis des siècles. Héritier de l’école de la République, Gilles Platret devrait le savoir, mais il a choisi, dans une grave dérive le menant du centre droit à la droite de la droite, de tourner le dos à cet héritage en se livrant à une toute petite manœuvre politicienne.
Robert CHANTIN



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