Cinéma

Le choix de la Bobine pour cette semaine : « Les Mille et une nuits », de Miguel Gomes.

Le choix de la Bobine pour cette semaine : « Les Mille et une nuits », de Miguel Gomes.

Cette semaine, la Bobine sa choisi de proposer aux spectateurs chalonnais de voir Les Mille et une nuits, de Miguel Gomes. Un film qui sort des sentiers battus, qu’il s’agisse de son objet ou de son format (3 parties d’un peu plus de deux heures chacune). Avis aux curieux et…aux cinéphiles.

Adaptation du texte vieux de plus d’un millénaire, universellement connu sous le nom des Mille et une nuits, dans lequel Shéhérazade, pour différer l’heure de sa mort, raconte habilement chaque nuit au roi Chahriyâr anecdotes et récits le dissuadant de la faire exécuter au petit matin ? Tentative de dépasser Paolo Pasolini, qui les avait déjà mis en images [1] ? A vrai dire, ni l’un, ni l’autre, si l’on s’en tient à ce que dit le réalisateur du film en trois parties que la Bobine, en partenariat avec l’Axel, a souhaité soumettre au public chalonnais : « Pasolini a quand même adapté des contes du livre tandis que le maximum que j’ai fait, c’est de prendre des phrases, parfois des idées, ou même des personnages, mais ils ne font pas ce qu’ils font dans le livre » [2].

Pourquoi, dès lors, avoir choisi d’intituler ainsi ce (très) long-métrage – 6 h 21 au total ? Peut-être parce qu’au départ de cette production pour le moins originale, il y avait un projet : celui de faire « un film sur l’état du Portugal filmé pendant un an, et frictionnant, quasiment en direct, des histoires récoltées aux quatre coins du pays par une équipe de journalistes aux aguets » [3]. Autrement dit, faire à l’écran, mais vis-à-vis d’un Portugal très contemporain, ce que Les Mille et une nuits font à propos d’un monde disparu : celui du Baghdad des XIIème et XIIIème siècles, alors pétri d’ « un Islam qui n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on peut observer aujourd’hui » [4]. C’est-à-dire ? Révéler l’esprit d’une époque, rendre compte de sa réalité, mais sans céder à la facilité de raconter le réel. Rendre visible, en s’appuyant sur l’invisible ou ce qui n’a aucune consistance, sinon dans l’imagination des hommes.

Gomes y parvient-il ? Ceci, c’est à vous de le dire.

S.P.A.B.

 

[1] 1974. Durée : 2 h 10

[2] « Entretien avec Miguel Gomes », Les Cahiers du cinéma, juin 2015, p 30.

[3] Joachim Lepastier, Les Cahiers du cinéma, juin 2015, p 24

[4] René R. Khawan, « Introduction », Les Mille et une nuits, édition intégrale, 4 vol., 1986, Phebus Libretto.

 

Cinéma Axel - Film en trois parties :

Jeudi 24 septembre à  19h30 : Volume 1 - L'inquiet

Dimanche 27 septembre à  16h30 : Volume 2 - Le désolé

Dimanche 27 septembre à 19h30 : Volume 3 - L'enchanté