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Des contes et légendes du Morvan noir sur blanc à dévorer tout crus

Des contes et légendes du Morvan noir sur blanc à dévorer tout crus

Dans un monde hyper-matérialiste, aseptisé, où l’effet de surprise est réduit à la portion congrue, il est parfois bon de se livrer pieds et mains liés à son antithèse, le temps d’un rééquilibrage salvateur. L’ouvrage « Contes et légendes du Morvan » est la preuve flagrante qu’il n’est nul besoin de vendre son âme au Malin pour s’affranchir des clichés conventionnels, fût-ce l’espace de quelques coups de canif appliqués sans arrière-pensée dans le contrat moral.

Vingt échos d’ailleurs décontenançants

Coutumière du fait, Sandra Amani a rédigé à ce jour une dizaine de livres, faisant ses gammes sur des romans dédiés aux jeunes. Ces rites initiatiques engrangés, il était normal qu’après avoir chassé le naturel, il revienne au galop. Celle pour qui une bonne part de son enfance a eu pour cadre la Côte d’Or, a donc fait étalage de son amour immodéré pour la Bourgogne et plus particulièrement en faveur de ce Morvan qu’elle chérit. Fantasmer allègrement est chez elle une seconde nature, pleine et entière, se répandant facilement en histoires à dormir debout. Sandra revisite cette contrée morvandelle propice, au moyen d’une imagination débordante, aux narrations possibles et imaginables. Et de la ressource, elle n’en manque pas, prenant le lecteur par la main pour l’entraîner dans ses affabulations à même de lui faire subir un radical lavage de cerveau. Les traits saillants de ce secteur géographique où l’on ne se perd nullement en fioritures, rudesse du caractère oblige, s’avère tout bien considéré du pain béni pour l’écrivaine bourguignonne. De La Saint-Martin à La possédée de Blaizy, en passant par Danse mortelle, Le loup de Saint-Brisson, Une dernière messe, Le crime de la Jeannette, etc. ce sont vingt nouvelles qui s’additionnent. Sans dénominateur commun, si ce n’est l’habileté de la raconteuse scripturale à retenir l’attention des doux rêveurs sur des ingrédients dénués de tout fondement plus souvent qu’à leur tour. L’irrationalité, il n’y a que cela de vrai dans le cas présent. A l’aide de ses compagnons et compagnes magnifiés en tête de chapitre par des photographies ou des dessins explicites : Satan, le sabbat, les loups, les fées, les sorcières…l’auteur s’en donne à cœur joie. Ses récits, certes, sont suspendus aux lèvres de la fantasmagorie, mais rien de rédhibitoire toutefois à l’endroit des esprits chagrins ou cartésiens, Sandra n’est pas affiliée à un organisme de fauteurs de troubles dégradant l’intellect. Ni n’a guère d’accointances avec les jeteurs de sort. A y regarder de plus près, l’on subodore même une inclination profonde pour le genre humain, avec ses comportements en dents de scie titillés par des sentiments disparates, aussi bien respectables que vils et méprisables. Des leçons de vie, en somme, desquelles une moralité peu ou prou subliminale se détache sur fond abracadabrant…

 

Aux Editions de l’Escargot savant

 

Paru au mois de novembre 2015 en battant pavillon des Editions.de l’Escargot savant, le livre de 128 pages est vendu au prix de 20,00 euros. Renseignements à cette adresse : www.escargotsavant.fr  

                                                                                                 Michel Poiriault