Saône et Loire économie
Excès de pluviométrie - Une catastrophe naturelle inhabituelle
Publié le 21 Juin 2016 à 18h34

Noyés, pourris, malades… Depuis deux mois et demi, les excès de pluviométrie continuent d’entraîner des millions d’€ de pertes pour l’agriculture du département, toutes productions et zones confondues. La vie rurale en sera profondément impactée. L’urgence est maintenant d’être reconnu en état de catastrophe naturelle pour éviter, notamment, de perdre les aides de la Pac. La préfecture coordonne - avec la profession - le dossier général, mais ce sont les maires - dans chaque commune - qui devront porter rapidement les dossiers vers les services départementaux de l’Etat.
L’aveu est terriblement lucide de la part du préfet de Saône-et-Loire, Gilbert Payet : « quand on parle de catastrophes naturelles, tous, nous visualisons d’abord des images spectaculaires : habitations sous les eaux, personnes en danger parfois même des vies emportées… Là, on n’a rien de tel, mais un phénomène exceptionnel - par son ampleur et sa durée - qui a des conséquences (économiques, NDLR) encore plus importantes ». Le dossier n’est donc pas gagné et il faudra mettre la pression à tous les niveaux. C’est la raison pour laquelle la profession a alerté les parlementaires, les élus, les maires et avait invité, ce lundi à Marnay, les médias et les services de l’Etat pour constater l'étendu des dégâts sur le terrain et estimer les pertes à venir.
« Toute la misère du monde »
Le témoignage de Gaël Theveniaux, un des trois associés du Gaec du Pautet, résumait bien la situation de détresse de toute une agriculture : « Depuis le 1er janvier, ce sont 500 mm de pluie qui sont tombés sur les 1.080 ha d'assolement en commun avec deux autres exploitations. Aujourd’hui encore, j’ai 300 ha sous l’eau, dont 95 ha de prairies. J’avais semé 70 ha, inondés depuis. C’est la troisième fois en quatre ans. Il ne me reste plus que 6 jours de stocks de fourrage pour nourrir nos 170 génisses à l’engraissement. L’an dernier, j’avais pu les lâcher le 27 mai et, en 2014, le 5 juillet ! Même sur sols drainés, mes colza pourrissent sur pied. La fusariose est sur les orges. Le blé pâlît comme les rendements prévus. Je devrais couper mon foin mais je ne peux pas et il pourrit sur pied. L’élevage dans nos zones devient trop compliqué. Je veux bien protéger les villes (des crues de la Grosne, de la Saône puis du Rhône, NDLR), mais on ne peut pas avoir toute la misère du monde ». La Grosne et Saône en sont - pour preuve - à leurs dixième crue de l’année ! Les 200 agriculteurs présents acquiesçaient, en signe de soutien et de partage de l’urgence actuelle.
Deux fenêtres de tir trop limites
Pour faire un état des lieux le plus précis possible, Antoine Villard de la chambre d’agriculture revenait sur la météorologie de l’année. En avril, c’est entre 1,5 et 2 fois la pluviométrie normale qui est tombée. Résultat : seuls 20 % des semis ont pu se faire. Au mois de mai, rebelote, avec 120 à 200 % des normales, et des records historiques parfois avec de fortes averses localisées. Sur la première quinzaine de juin, idem avec « plus du double » (60 mm) de pluie sur la Bresse. Cumulé, la moyenne sur le département sur deux mois et demi oscille entre 250 et 450 mm. « Le problème vient des deux mois consécutifs avec 40 à 45 jours de pluies, contre 30 normalement. Laissant quatre jours - en deux fenêtres de tir - trop limitées pour faire quelque chose », concluait-il côté travaux de saison.
Pour les différentes zones du Chalonnais et de la Bresse, Frédéric Bernard de Saint-Usuge, Anton Andermatt de Savigny-en-Revermont ou Julien Gauthey de Pierre-de-Bresse multipliaient les alertes en terme d’excès de pluviométrie sur leurs secteurs et partout avec les mêmes conséquences désastreuses. « Ces situations, on ne les rattrapera plus. Avec le changement de la Pac et la fin des dérogations, on doit aller chercher la reconnaissance d’état de catastrophe naturelle. C’est urgent bien que ce sera aussi une procédure longue et inhabituelle car sur une zone diffuse », synthétisait Lionel Borey, secrétaire général de la FDSEA 71 et président de la section céréalière. La reconnaissance en état de catastrophe naturelle permettrait en effet d’invoquer le principe de force majeure, lequel justifie ensuite l’absence de semis et donc d’éviter in fine la perte des aides Pac. Ce qui serait le « coup de grâce » pour beaucoup…
Quinze jours cruciaux
Le président de Bourgogne du Sud tenait aussi à chiffrer les pertes à venir pour marquer encore plus les esprits. « Sur notre secteur, 5.000 ha sont non semés. Pas évident encore, mais on estime les pertes à 100.000 tonnes, soit 20 millions d’€ pour la coopérative et ses adhérents. C’est 20 % du chiffre d’affaires qui ne reviendront pas dans l’économie locale des communes de la région », mettait ainsi en garde Didier Laurency, qui sait que les trésoreries des exploitations sont en piteuse état depuis 2012.
« On se bat en mettant la pression partout », reprenait Bernard Lacour, président de la FDSEA 71, qui était justement le jeudi précédent, à Paris, pour alerter l'échelon national sur la gravité de la situation. Le ministère de l’Agriculture est informé et la FDSEA 71 confirmait « le soutien total de la FNSEA » sur ce dossier. Son homologue des JA 71, Damien Lemière, invitait également les services du préfet à « ne pas remettre une couche de mauvais symboles » avec des contrôles inadaptées ou en constatant des différences entre déclarations Pac au 15 juin et possibilités réelles sur le terrain. Le préfet assurait que tout serait fait en ce sens et entend mobiliser ses services pour accompagner les maires. Car c’est maintenant à eux qu'il appartient de demander la reconnaissance en état de catastrophe naturelle pour passer en « droit commun ». « Cela se joue dans les quinze jours à venir »…
Cédric Michelin
L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire
Les revendications régionales
La FRSEA Bourgogne Franche-Comté demande que des mesures soient prises rapidement pour les secteurs impactés par les intempéries avec :
- la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle dans toutes les communes concernées ;
- le maintien de l’éligibilité aux aides de la Pac pour les surfaces touchées, y compris pour les parcelles dont les récoltes ont été détruites ou non semées ;
- la possibilité de déroger aux règles communautaires pour le verdissement et, en particulier, celles concernant le respect de la diversité des assolements et la présence sur les parcelles des cultures fixatrices d’azote ;
- des dégrèvements de la taxe sur le foncier non bâti et des remises gracieuses, le cas échéant, des différents impôts et taxes dont sont redevables les exploitants touchés ;
- le report ou la prise en charge des cotisations sociales pour alléger les trésoreries ;
- une remobilisation des dispositifs bancaires pour alléger la dette des exploitants.
Ces dispositions doivent permettre aux exploitants de pouvoir bénéficier de l’intégralité de leurs aides.
La FDSEA de Saône-et-Loire demande également une dérogation pour faucher et/ou pâturer les jachères et ce dès maintenant, sans attendre la date du 25 juin.



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