Cinéma
Festival international du film policier de Beaune 2017 : Info-Chalon.com a bien aimé "War on everyone", du réalisateur John Michael McDonagh
Publié le 31 Mars 2017 à 07h16

Le Festival international du film policer de Beaune a commencé. Comme l’année précédente, les films à l’affiche sont de qualité. Retour « War on everyone », projeté à l’issue de la cérémonie d’ouverture mercredi soir et visible jusqu’à dimanche.
C’est, depuis le début de la 9ème édition du Festival international du film policier de Beaune, le film le plus léger, c’est-à-dire capable de vous faire rire sur fond de pétarades et de sang plein les mûrs, qu’il ait été donné de voir à votre serviteur d’Info-Chalon.com. Choisi pour accompagner l’ouverture du Festival lors de la cérémonie d’ouverture de mercredi soir, War on everyone [1], du réalisateur John Michael McDonagh**, qui devrait sortir en France sous le titre d’Au-dessus des lois, est en effet plutôt drôle et détonne un peu par rapport au reste des films programmés, assez sombres, glauques, ce qui, bien sûr, n’enlève rien à leur qualité.
Construit autour d’un duo de flics en apparence pourris jusqu’à la moelle, pastichant la série Starsky et Hutch, de la course-poursuite à « Huggy les bons tuyaux », on dirait un film de Quentin Tarantino de très bonne humeur, après une prise continue de crack et de psychotropes divers. Du réalisateur de Reservoir Dogs et de Pulp fiction, on retrouve en effet un certain goût pour les répliques qui claquent (« Eh ! on est dans la police ! On est entouré de gros racistes ! » ; « la candidose [3], (…) c’est quand on est trop candide » ; « Je vais vous confier un secret. Vous pouvez rien me faire qu’on m’ait pas déjà fait »), les parenthèses culturelles décalées (Simone de Beauvoir est-elle bien l’auteur d’un certain propos ?), l’hémoglobine à gogo, des personnages qui jouent à être la représentation sociale d’une activité professionnelle, comme ce garçon de café que Sartre observait au Flore, avant de longuement discourir dessus pour illustrer son concept très personnel de « mauvaise foi » dans L’être et le néant [4].
L’affaire est entendue, War on everyone est donc drôle, fait rire. Il y a toutefois dans ce film quelque chose de perturbant. On vous le disait il y a quelques instants : ce duo de flics n’est qu’en apparence pourri. Bob, comme son collègue Terry, contrairement aux ripoux et flics véreux d’autres long-métrages, ne sont pas antipathiques, encore moins malsains. Ils sont même attachants, surtout Terry, ce grand colosse noyant continuellement son mal-être dans l’alcool, dont on devine qu’il a subi enfants les pires sévices, grandi en enfer. Un jugement rapide conduirait à dire qu’ils sont pourris. Mais ce n’est pas tout à fait le cas. Ce qui est plus sûrement pourri, c’est le monde qui les environne, le monde et ses règles sociales. Une sorte de renversement des valeurs, au sens nietzschéen, qui ne manque d’ailleurs pas d’interroger….
Plus perturbant encore, dans ce film, est le profil du « méchant ». Il y a en effet quelque chose de terriblement fascinant chez cet aristocrate anglais grinçant et propre sur lui rappelant terriblement le Lord Henry d’Oscar Wilde dans Le portrait de Dorian Gray [5] et qui, habitué des hippodromes et grand financier, s’avère en même temps disposé à expérimenter tous les excès (héroïne, cracks, sexe en groupe, décapitation par sabre…), pour tromper l’ennui que lui inspire la vie, pour encore bander, illustrant ainsi, à sa manière, ce qu’écrivait Bernard Noël dans sa préface aux 120 journées de Sodome du marquis de Sade : « c’est par le mal seul qu’on bande et non pas pour l’objet, en telle sorte que si cet objet était dénué de la possibilité de nous faire faire le mal nous ne banderions plus pour lui » [6].
Quoi qu’il en soit, que vous le trouviez drôle et vous sentiez mal à l’aise à certains moments, War on everyone, à l’affiche du Festival jusqu’à dimanche, ne devrait pas vous décevoir.
Samuel Bon
[1] 2017. Durée : 1 h 38.
Bande-annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19564546&cfilm=193310.html
[2] Pas encore connu du grand public, John Michael McDonagh a déjà à son actif deux autres longs-métrages, L’Irlandais (2011) et Calvary (2014), tous deux remarqués pour leur caractère iconoclaste.
[3] La candidose est une maladie génitale due à la multiplication de champignons de la famille des candida dont le plus fréquent est le Candida albicans.
[4] Jean-Paul Sartre, L’être et le néant. Essai d’ontologie phénoménologique, Gallimard, coll. « tel », (1943) 2014, édition corrigée avec index par Arlette Elkhaïm-Sartre, pp 94-95
[5] Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, Le Livre de Poche, coll. « Les classiques », (1890) 2015.
[6] Bernard Noël, « La Machine en tête », préface aux 120 journées de Sodome du marquis de Sade, éditions P.O.L.,1992 , p. II



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