Opinion de gauche

Laïcité et valeurs républicaines

Laïcité et valeurs républicaines

Samuel PATY a été sauvagement assassiné et décapité parce qu’il enseignait, dans le respect des programmes nationaux, la liberté de s’exprimer et la liberté de penser. Aujourd’hui, il s’agit de rendre collectivement hommage à un être humain, à un professeur, et d’apporter son soutien à sa famille, à ses collègues, à l’ensemble des enseignants qui font vivre chaque jour l’éducation, l’envie d’apprendre, l’esprit critique, les connaissances qui ont construit notre pays.

Il  s’agit de défendre le principe de laïcité et les valeurs fondamentales de notre République : liberté, égalité, fraternité. En droit, la laïcité est «  le principe de séparation, dans l’Etat, de la société civile et de la société religieuse ».  Ce principe exclut les religions de tout pouvoir politique ou administratif, et, en particulier, de l’organisation de l’enseignement. 

La loi de 1905 édicte dans son article 1 le principe de laïcité : « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public ». La laïcité est le droit d’avoir ou de na pas avoir de religion, d’en changer, ou de ne plus en avoir. La laïcité assure l’égalité de tous devant la loi républicaine.  

La loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’Ecole, impose l’affichage de la Charte de la Laïcité à l’Ecole. Cette charte indique clairement que la République et l’Ecole sont laïques. Les confrontations idéologiques ou théologiques sur les religions n’ont pas leur place à l’Ecole, les personnels ont un devoir de neutralité et ne doivent pas manifester leurs convictions politiques et religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.

Pour autant, depuis l’assassinat de Samuel PATY par un fanatique islamiste, le piège se referme sur les débats d’opinion en les éloignant des valeurs républicaines.

Certains emploient un langage militariste et belliciste pour désigner un ennemi : l’islamisme. Dans leur discours chaque musulman est supposé complice et coupable. C’est une dérive dangereuse vers des thèses racistes et nationalistes.

D’autres, en raison de la crise sociale et économique se sont rapprochés, pour des raisons humanistes voire humanitaires, de populations stigmatisées et ghettoïsées. Ils ont ignoré, ou feint d’ignorer, que dans le même temps, l’islam radicalisé s’est également implanté dans ces quartiers, où il a trouvé, chez une minorité, un terreau favorable à son idéologie. 

Dans ce contexte, nous réaffirmons que la laïcité est un principe universel d’unité, d’égalité, de mieux vivre ensemble, une garantie pour la paix civile. Ce principe doit imprégner en profondeur les politiques publiques d’éducation, de culture, de santé et de protection sociale. C’est un défi humaniste et pacifiste bien plus intéressant que l’armement sans limite de la haine et de l’exclusion.

 

Lucien MATRON

Ancien professeur Collège Jacques Prévert Chalon

Ancien élu Municipal Chalon

Vice-Président de la Ligue de l’Enseignement de Saône et Loire.