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Placide et ses instantanés de vie croqués à dessein
Publié le 24 Janvier 2021 à 10h12

D’apparence anodine, confinant à la légèreté voire à son paroxysme à la gaudriole en cas de positive attitude, le dessin de presse à vocation humoristique sert d’exutoire ou de défouloir pour qui l’appréhende avec ses critères, par définition subjectifs, soufflant ainsi le chaud et le froid. Visa pour un condensé d’émotions ambiguës et explication de texte grâce au briscard Placide, lequel s’est amouraché de caricatures à tout jamais. Interview pour info-chalon.com
Pourquoi ce pseudo de Placide ?
«Ce n’est pas moi qui l’ai choisi, ce sont mes camarades de classe dans un collège du sud-ouest situé dans un petit village du Lot-et-Garonne, Port-Sainte-Marie. Je dessinais beaucoup au fond de la classe, principalement les professeurs, et c’étaient déjà des caricatures, on est au début des années 70. Et donc c’était la grande époque de Pif Gadget, et dans les aventures du magazine il y avait deux héros qui s’appelaient Placid et Muzo. Comme mon vrai nom est Eric Laplace, un camarade, un jour, a repris mon nom et l’a modifié, il m’a surnommé Placide. C’est une déformation de Laplace, un rapport au dessin et au héros de bande dessinée. Le surnom est resté, comme tout le monde me surnommait Placide, je l’ai gardé. »
A partir de quand avez-vous ressenti le besoin de donner vie à une page blanche ?
«Je crois que c’est dès mon plus jeune âge. La fascination c’était de reproduire ce que je voyais et que j’aimais bien, en l’occurrence c’étaient les locomotives à vapeur. A partir de l’âge de trois-quatre ans, je dessinais des locomotives à vapeur, parce qu’à cette époque j’habitais à proximité d’une voie ferrée entre Bordeaux et Toulouse ; j’étais fasciné par ces monstres noirs où le feu sortait partout avec de grosses volutes de fumée qui s’échappaient par les cheminées, qui faisaient un bruit énorme. Par la suite, j’étais très jeune, il y avait Le Canard enchaîné qui traînait, donc je recopiais ses caricatures, notamment celles d’un dessinateur qui s’appelait Moisan. Il faisait des grandes fresques historiques, qui prenaient la moitié de la page de la une du Canard enchaîné, c’étaient des caricatures de de Gaulle, Pompidou…Je me suis aperçu que ça faisait rire autour de moi, mes parents et mon proche voisinage. Le dessin attire la sympathie et étonne toujours un petit peu. Et puis après, la bande dessinée ça a été les inspirations de Pif gadget, Astérix, Lucky Luke, Tintin… »
Qu’est-ce qu’un dessin réussi ?
« C’est un dessin qui interpelle, qui dérange, qui peut choquer, mais surtout pour moi le but principal c’est de faire rire de façon détournée une actualité qui est à la une. Ca peut être affûter la curiosité du lecteur, et bien sûr adhérer ou ne pas adhérer au dessin, c’est-à-dire avoir un esprit critique et un argumentaire qui lui permet de comprendre le dessin. »
Peut-on parler d’outil d’instruction massive ?
«Je crois qu’il n’y a pas de dessin de presse sans une éducation complète. Le dessin de presse c’est une bonne culture générale, il y a beaucoup de références, de figures de style, des symboles, ce n’est pas inné, mais acquis. C’est pourquoi beaucoup de dessins de nos jours ne sont pas compris, d’autant que ça fait appel aussi au second degré, et le second degré est là aussi le fruit d’une bonne culture générale avec les connaissances que l’on peut acquérir. »
Avez-vous la pression avant d’ébaucher un sujet, et vous fixez-vous une ligne à ne pas franchir ?
«Etant dessinateur indépendant, je ne fais donc pas partie d’une rédaction, je n’ai pas de ligne de conduite que me permettrait un journal. Je fais à peu près ce que je veux, je ne pratique pas l’autocensure. Pour réaliser un dessin je dois avoir un certain plaisir, je ne pratique pas l’outrance, l’irrévérence, j’essaie d’être subversif mais sans être trop violent, puisque j’abhorre un peu la violence. Tout réside dans ce que le lecteur en face perçoit. Je fais des caricatures qui peuvent être quelquefois ressenties comme très trash, alors que j’ai l’impression que c’est quelque chose d’humoristique et de pas très méchant. Parfois je fais des dessins, et je me demande si ce dessin-là, je me fais plaisir d’accord, mais est-ce que les gens vont comprendre réellement ce que je fais ? Mon souci, c’est la compréhension du dessin, et de ma ligne personnelle je ne peux pas considérer que je pratique une forme d’autocensure. Maintenant, vous savez, quand vous dessinez, ce n’est pas vous qui vous censurez, mais le rédacteur en chef. »
Comment vous qualifiez-vous dans le domaine qui est le vôtre ?
«Je suis un dessinateur de presse humoristique, effectivement je pratique moins la provocation, je suis peut-être un peu trop gentil, d’ailleurs c’est le reproche qu’on me fait généralement. Maintenant, d’après les retours que j’ai reçus, certaines personnes trouvent que je ne suis pas si gentil que ça…J’ai du mal à me situer, mais disons que je ne suis pas mécontent de ce que je fais. J’ai eu une totale liberté en fait, donc si j’étais dans un grand hebdomadaire ou un quotidien je serais peut-être moins libre, puisqu’il faut respecter la ligne éditoriale du journal. »
Jouez-vous avec les niveaux de lecture, sachant que l’interprétation des uns n’est pas forcément celle des autres, au point de parfois dépasser l’entendement ?
« Souvent dans mes dessins il y a plusieurs niveaux de lecture effectivement. Il y a beaucoup de détails, j’essaie que ces dessins soient compréhensibles à plusieurs niveaux, amusants certainement. Tant pis pour ceux qui n’arrivent pas à comprendre, maintenant je suis bien conscient qu’un dessin efficace doit être simple. La simplicité et l’efficacité d’un dessin, ça sous-entend que le lecteur est capable de comprendre toute cette liberté, la signification, et aussi la connaissance du dessinateur. Vous avez des dessinateurs qui peuvent faire des dessins très trash, lorsque l’on connaît la personnalité du dessinateur on sait qu’il n’y a pas de position idéologique dans ce sens, donc, voilà, je fais attention à ce que je dessine. Il y a plusieurs niveaux de lecture, mais je ne me les interdis pas. »
Quels conseils délivreriez-vous à un jeune désireux d’embrasser la profession ?
«D’abord, je lui dirais qu’il ne rêve pas trop sur la profession. Il y a très peu de dessinateurs qui vivent de ce métier. Je lui conseillerais d’abord de voir le dessin au sens large, c’est-à-dire d’être un graphiste, un maquettiste, un architecte, un prof d’arts plastiques, un styliste…Il y a beaucoup de métiers autour du dessin, et il faut aller chercher une profession alimentaire, car ce n’est pas facile de vivre de ce métier ; il n’y a plus de salariés dans la presse, plus de dessinateurs de presse, sauf au Canard enchaîné, à Charlie Hebdo, sinon ce sont des pigistes qui travaillent au coup par coup. Il n’y a pas que dans la presse qu’il y a du dessin de presse, il y en a également dans des revues, je travaille beaucoup pour des publications dans le monde du BTP, je fais des séminaires, des animations, des interventions…Il faut voir le dessin au sens très large pour en vivre. Bien sûr, il ya de très grandes réussites pour certaines personnes, mais autrement ce ne sont pas des revenus réguliers. Je ne veux pas qu’on idéalise ce métier, je pense que parler de métier c’est un peu compliqué, c’est une forme d’artisanat pas toujours bien rémunérée. »
Où vous suivre, à court, moyen et long terme ?
« Pour me suivre de façon certaine, il faut aller sur mon site internet (www.leplacide.com), sur ma page Facebook (https://www.facebook.com/eric.laplace.7), et aussi sur Twitter (@PlacideActu). Le reste du temps je ne peux pas vous dire, parce qu’on me demande des dessins ponctuellement, un jour ce sera Historia, un autre Liberté Hebdo, n’importe quel journal. Comme je vous dis, c’est très rare qu’un journal salarie un dessinateur de presse aujourd’hui. J’ai travaillé pour pas mal de journaux, malheureusement la moitié ont disparu en peu de temps, c’est une hécatombe. »
Crédit photo : DR Propos recueillis par Michel Poiriault



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