Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON -L’adolescente rentrait parfois à la maison marquée de bleus. Elle disait « c’est la gym ».

TRIBUNAL DE CHALON -L’adolescente rentrait parfois à la maison marquée de bleus. Elle disait « c’est la gym ».

Le jour où elle est revenue avec un œil au beurre noir, sa mère est allée parler avec le copain de sa fille. Elle est encore mineure, lui est jeune majeur.

Le garçon se montre poli. Il dit qu’il est désolé, qu’il ne recommencera pas. Il a recommencé. Il est jugé ce jeudi 4 février. Il comparaît libre, il vit sous contrôle judiciaire depuis plus de 3 mois.

Un jeune homme « très jaloux et complètement paranoïaque »

Ils sont très jeunes, mais leur relation aura duré trois ans, « avec beaucoup de ruptures ». Le 27 août dernier, la mère de la jeune fille se rend à la gendarmerie de Cuisery pour dénoncer des faits de violences sur sa fille. Celle-ci a 17 ans, a arrêté sa scolarité en 3ème, ne travaille pas. Six jours auparavant, les gendarmes la récupèrent alors qu’elle s’est réfugiée dans une boulangerie, les pompiers la prennent en charge. Elle s’est disputée avec son copain, il l’a mise dehors, elle ne veut pas donner son nom. Le 20 octobre, la sœur de la victime est entendue, elle décrit un jeune homme « très jaloux et complètement paranoïaque ». Il est placé en garde à vue, déféré, puis placé sous contrôle judiciaire. Sa relation avec cette fille à laquelle il était attaché au point de redouter « qu’elle rencontre d’autres garçons », prend fin. On le juge pour violences habituelles sur conjoint, de septembre 2019 à octobre 2020.

Chez lui, des trous dans les murs, et dès qu’il a bu, des coups sur sa copine

Le procureur décide d’insérer le prévenu dans le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé) conduit par l’association socio-judiciaire d’Enquête et de médiation et de laisser passer trois mois pour voir comment le garçon évolue avant qu’il soit jugé. Il n’a pas de casier, il travaille depuis 2  ans ½ dans une usine « de volailles », il est en contrat à durée indéterminée. Un homme l’accompagne à l’audience, on pense que c’est son père. Il n’est pas délaissé. Voilà pour le versant favorable. Il tient quand même la rampe, est-il intéressant et utile de le placer en détention ? Non. Sur le versant du passage à l’acte, il cumule deux addictions, l’alcool et le cannabis, et il « monte vite en puissance » comme le lui dit le président Dufour. Chez lui, des trous dans les murs, et dès qu’il a bu, des coups sur sa copine, et pas qu’un peu, et même quand elle est au sol.

« Vos violences sont volontaires, c’est vous qui… »

Le cadre du contrôle judiciaire lui interdit le moindre contact avec la victime, et lui impose d’engager des soins. Le suivi psychologique imposé lui a fait du bien, « de parler, oui ». Il sait désormais qu’il est « jaloux-possessif ». Sait-il pourquoi ? « Parce que je l’aimais trop. » Le président l’engage à creuser cette question, pour lui apporter une réponse plus élaborée, et plus juste. A la barre, le jeune homme se tient droit, tête légèrement baissée, mains réunies devant lui, il parle sur un ton très bas. Une juge assesseur le confronte plus durement à ses actes. Sous le roulement des questions, il se met à bégayer légèrement. Le président conclut « en mettant les points sur les i » : « Vos violences sont volontaires, c’est vous qui avez eu la volonté de porter des coups et de faire mal. »

Le tribunal va au-delà des réquisitions

Le parquet requiert une peine de 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans. Maître Moundounga-Ntsigou plaide « ses regrets, sa honte, ses excuses » et « un problème d’alcool ». Le tribunal condamne le garçon à une peine de 8 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans.
Obligations de soins (addicto et psychologiques), indemniser la victime (500 euros pour son préjudice moral, à verser à sa mère en sa qualité de représentante légale), faire un stage de sensibilisation aux violences intrafamiliales. Interdiction de contact et de paraître au domicile de la victime. « La première des obligations, c’est de respecter la loi, comme tout un chacun. »

L’alcool = un facteur aggravant

Il promet pour la nième fois de ne plus la frapper, mais peu après il la cogne à l’œil gauche avec son téléphone. Elle saigne, elle pleure, elle part, il la rattrape, lui saisit le pied, elle tombe … « Que vous soyez violent sous alcool, ça s’explique, lui dit le président, parce que ça désinhibe. Mais ça veut dire que les pulsions de violence, elles sont là. Quand vous buvez, les barrières se lèvent. » La consommation d’alcool est un facteur aggravant au regard de la loi pénale. « En 2018, elle m’a quitté et je suis tombé dans l’alcool. » Voilà.

FSA