Edito

La fausse bonne idée de la 3e injection et de la remise en cause des pass sanitaire existants

La fausse bonne idée de la 3e injection et de la remise en cause des pass sanitaire existants

Face à l'incapacité d'endiguer totalement la COVID19 sur notre territoire et pour cause... l'Etat planche sur l'idée d'imposer une 3e injection et de remettre en cause le pacte républicain établi.

Il n'y a jamais de fumée sans feu lorsqu'il s'agit des annonces politiques. Car il s'agit bien d'une annonce politique et pas d'une annonce sanitaire ou médicale qui se profile du côté du gouvernement. Lorsque Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, laisse entrevoir cette option, il s'agit comme d'habitude de mesurer la réaction immédiate et d'évaluer après la mise en place de telle ou telle décision. 

Une fausse bonne idée

Avec un taux de vaccination qui dépasse les 75 % de la population métropolitaine, la stratégie de vouloir aller toujours plus loin sous l'angle vaccinale face à la COVID est face à ses propres limites. Il est toujours important de rappeler qu'une part non négligeable de non-vaccinés de + 65 ans ou présentant des comorbidités à risque reste non vaccinée. Par choix ? Par défaut de prise en charge ? Par isolement social ? Toutes les pistes sont évoquées ici ou là mais si il demeure une priorité que l'Etat devrait mener, c'est bien celle d'aller vers toute cette frange de la population française. Cette population qui une fois malade a submergé les hôpitaux publics, malmenés depuis des décennies, et incapables d'absorber l'afflux soudain. 

La seule vraie stratégie efficace à mener, c'est bien celle de s'appuyer sur une vraie politique de santé publique, qui s'ancre sur ses acteurs, à savoir la médecine de ville. C'est sur les médecins généralistes que le gouvernement devrait s'adosser afin qu'ils sollicitent l'ensemble de leurs patients pour leur vaccinations ou pour le moins sensibiliser les réfractaires. Bien sûr, certains le font déjà mais c'est bien cette stratégie que le Ministère de la Santé devrait accentuer toujours plus fort. 

Une seule vraie stratégie plutôt que d'aller encore et toujours impacter les plus jeunes générations, peu ou pas impactée par la COVID. Certains vont jusqu'à évoquer la solidarité des plus jeunes vers les plus âgés. Une évocation qui pourrait être validée seulement si les plus âgés s'appliquent les règles de vaccination.

Alors si la solution du gouvernement est de proposer une 3e dose pour espérer endiguer définitivement le virus, c'est se croire bien présomptueux, tant dans l'acceptation des Français que dans sa capacité à surpasser le virus. Pour le moment, la troisième dose concerne exclusivement six millions de personnes en France et seulement deux millions ont procédé à cette nouvelle injection mais de l'aveu même du gouvernement, il ne s'interdit rien en terme de stratégie. 

L'exemple de l'hôpital de Chalon-sur-Saône symptomatique du moment

Bien évidemment que l'hôpital public va encore souffrir. Bien évidemment que l'hôpital public va encore être submergé... et bien évidemment il sera toujours plus facile d'imposer aux Français que de dégager de vrais moyens pour l'hôpital public. On en veut pour preuve le cas typique du centre hospitalier de Chalon sur Saône, au bord de la rupture. Et là pas la peine d'accuser les anti-vax chez les soignants ou un surcroît d'activité lié à la COVID ! Et donc à l'heure où l'hiver pointe son nez.. l'hôpital de Chalon sur Saône est-il prêt à faire face ? On a eu un semblant de réponse il y a quelques jours... Et si enfin on prenait le taureau par les cornes et de poser le vrai sujet sur la table... celui des moyens attribués à l'hôpital public ! 

Laurent Guillaumé