Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Une gifle, un coup de pied, un casier, 6 mois ferme
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 25 Mars 2022 à 08h56
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« J’ai expliqué à ma mère que si je bois, c’est que je suis très triste, tout le temps. Si je ne bois pas, je suis heureux 15 secondes par jour. » Il a 22 ans.
On a vu ce jeune homme en septembre dernier. Il avait été incarcéré suite à un fait divers (lire : https://www.info-chalon.com/articles/2021/09/21/63546/tribunal-de-chalon-dans-un-restaurant-de-saint-germain-du-bois-il-avait-sorti-une-arme-et-tire ), puis il avait bénéficié d’un placement sous bracelet électronique chez ses grands-parents, puis il avait bu, les avait insultés. Dès décembre ça faisait des scènes, en janvier l’institution judiciaire l’avait réincarcéré. Il est sorti de prison en février, on est le 24 mars, il est jugé en comparution immédiate mais cette fois-ci pour un différend intra-familial.
« Personne n’est venu pour lui »
C’est lui qui est dans le box, seul, « personne n’est venu pour lui » remarquera justement son avocat, pour un épisode d’énervement accompagné d’une gifle à sa sœur majeure, et d’un coup de pied dans le dos de sa petite sœur (pas d’ITT, pas de blessure). Il avait un peu bu. Le copain de sa sœur, qui vit lui aussi chez la mère du prévenu, a expliqué que ça se passe mal que lorsqu’il boit. « Quand je bois et que je suis avec ma famille », précise le malheureux garçon qui dit que quand sa mère l’avait passé dehors, qu’il vivait et dormait dans la rue, « comme un chien », il buvait tant et plus « mais ça se passait bien ». Vrai ou faux peu importe, il dit que rien ne va avec cette famille que pourtant il aime, et ça, c’est vrai.
Il est celui qui a tout pris dans la tronche et qui inlassablement revient au domicile pour faire partie de la bande, mais il en est le vilain petit canard
Il les aime, sa mère, ses sœurs, mais il est le martyr, l’aîné, celui qui a tout pris dans la tronche. La mort de son père, un placement, puis les coups des différents compagnons de sa mère (à l’exception d’un seul, décédé devant lui). Le martyr dont la mère a pu dire (en septembre) : « Nous ne voulons plus de lui à la maison. Je suis vraiment déçue de lui. »
« Déçue de lui » … Et lui ne s’en remet pas. Lui, victime de « fortes carences affectives » écrivait (en septembre) un psychiatre, revient chercher chaleur et affection, mais il déborde dès que la famille se soude contre lui. Il n’est donc pas dit qu’en dépit de son agressivité, de son instabilité d’humeur, et de ses immenses difficultés à tenir sa tête hors de l’eau, il ne soit pas en même temps victime d’un système intra-familial qui tient parce qu’il en est la bête noire.
« Sa sœur a un peu chargé son audition, car… »
Il devait avoir une période de sursis probatoire renforcé. « Renforcé » pour l’accompagner à trouver un logement tout en le tenant serré sur la question des soins dont il a besoin. Il a déjà été hospitalisé une dizaine de fois, « mais les psychiatres, à part me donner des médicaments et me rendre accro aux médocs, ils n’ont pas fait grand-chose ». Le fait est qu’aucun psychiatre ne pourra lui donner ce qu’il n’a jamais reçu. Il a des deuils à faire mais à la place il semble souffrir d’une solide dépression. Au tribunal, la question centrale est celle de l’infraction et de la responsabilité de l’auteur. Le prévenu reconnaît avoir giflé sa sœur, « qui a un peu chargé son audition, car personne d’autre ne mentionne qu’il l’aurait insultée » plaide maître Lopez, et puis avoir « bousculé » sa petite sœur, « pour qu’elle retrouve le sourire ». « Un mauvais geste », dit son avocat.
« Je ne suis pas certaine que dans cette famille-là, il y ait beaucoup de cadre et de soutien »
La vice-procureur ne l’entend pas de cette oreille. « Monsieur dit que c’est de sa faute, ‘mais’… et tout est là, il se trouve toutes les excuses du monde. Il se positionne en victime, il se déresponsabilise. Il est jugé pour des violences en état de récidive légale. Il ne fait rien pour traiter son addiction à l’alcool. » Elle requiert une peine de 8 mois avec la révocation de 5 mois du sursis de septembre, soit 13 mois de prison avec mandat de dépôt.
Cela n’empêche pas qu’elle « regrette le positionnement de cette mère. Je ne suis pas certaine que dans cette famille-là, il y ait beaucoup de cadre et de soutien ». Comme d’habitude la mère n’est pas présente. Elle a déposé plainte mais ne se constitue pas pour autant partie civile. Aline Saenz-Cobo aurait voulu la désignation d’un administrateur ad-hoc pour veiller au respect des droits de la petite sœur, « pour qu’elle sente qu’elle compte, qu’elle a une importance ». (Le fait est. On voit bien les effets sur son malheureux frère d’une enfance laissée pour compte, ndla)
« Faillite humaine »
Clément Lopez plaide « la faillite humaine qu’est l’existence de monsieur, qui n’arrive pas à se prendre en main ». « On est dans un conflit familial. Il faudrait comprendre pourquoi il se comporte ainsi. » Et l’avocat de lister : il a subi des violences, fut placé chez ses grands-parents, il a plongé dans l’alcool et les substances. « Les drogues lui ont bousillé le cerveau. » A 22 ans, le prévenu se dit incapable de travailler. Il ne tient pas en place, « je suis trop ailleurs ». Il perçoit une allocation pour adultes handicapé, et d’ailleurs le petit pécule qui se trouve sur un compte bancaire pas encore débloqué mais sur le point de l’être, devait lui servir à se loger ailleurs. Sauf que sans autre perspective, ça paraît bien risqué.
6 mois ferme, incarcéré, puis reprise du SP
Le tribunal, peu avant 19 heures (l’audience stups qui a précédé celle-ci, fut bien longue), déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine de 3 mois de prison, décerne mandat de dépôt, et révoque 3 mois du sursis probatoire (SP) de septembre, ordonne l’incarcération immédiate. Les gendarmes qui l’escortent vont le conduire au centre pénitentiaire.
A sa sortie, le sursis probatoire renforcé reprendra. Commencera, plus exactement. Il devrait pouvoir intégrer le dispositif AIR (ordonné en septembre). En peine complémentaire, ce 24 mars, le tribunal dit qu’il lui sera interdit de paraître au domicile de ses sœurs, et il aura interdiction de tout contact avec celle qui est majeure, pendant 2 ans (6 mois de prison au cas où).
Le tribunal dit qu’il n’y a pas lieu de désigner un administrateur ad-hoc pour la petite sœur.
« Je voudrais que mon grand-père soit fier de moi »
Prendre la mesure de ce dans quoi il se débat. L’expert psychiatre avait écrit : « Il lutte contre un risque d’effondrement majeur. » Le jeune homme dit : « J’ai envie de faire bien, mais c’est malgré moi, c’est difficile. » Son grand-père chéri, bien malade en septembre dernier, est mort. Le jeune homme dit alors au tribunal, cette chose immense et bouleversante vu le sac étouffant dans lequel il tente de survivre : « Je voudrais que mon grand-père soit fier de moi. »
Florence Saint-Arroman



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