Chalon sur Saône

Rencontre avec les élèves du Lycée Camille du Gast - Dumorey autour de la question du féminisme

Rencontre avec les élèves du Lycée Camille du Gast - Dumorey autour de la question du féminisme

Réactions…

Avec ‘Constellation(s)’, un spectacle programmé par l’Espace des Arts dans le cadre du festival Les Utopiks, une trentaine de lycéens représentant une classe de Logistique Transport et des premières années de CAP Peintre ont pu échanger sur le sujet. 

C’était la dernière représentation de la pièce ‘Constellation(s)’ en milieu scolaire à Chalon-sur-Saône et la première en lycée professionnel ! En effet, la petite équipe composée de Léa Fouillet (Texte et mise en scène), Léa Quinsac (Interprétation) et Lola-Lou Pernet (Régie générale) s'est rendue dans plusieurs établissements chalonnais pour proposer aux élèves de collège (à partir de la 4e) et de lycée, cette pièce qui met en scène une adolescente et ses premiers pas dans le féminisme jusqu’à la consécration d’une vie professionnelle aboutie ; l’occasion d’échanger avec les élèves sur les affres de l’adolescence mais aussi sur le féminisme, la notion de consentement, l’égalité homme/femme…

'Constellation(s)' est donc une pièce engagée qui incite à la réflexion. Le personnage de cette pièce inspirée entre autres par la rencontre de l’auteure avec une adolescente, colleuse d’affiches féministes mais aussi avec Claudie Haigneré, spationaute, est un rêve de constellations où tout est relié et où chaque corps a sa place. Lors de leur tournée, les réactions du public des établissements scolaires sont très différentes. Parfois les élèves n’osent pas s’exprimer mais le font le jour d’après sur l’Instagram de la pièce car la représentation suivie d’un échange avec Léa Fouillet, invite à cela. Mercredi 30 mars, au lycée Camille Du Gast - Dumorey, les lycéens ont énormément participé en posant des questions et donnant leur avis.

Sur 30 élèves, seulement cinq avaient déjà vu une pièce de théâtre, une élève a qualifié cette expérience « d’incroyable. » En effet, tout au long de la représentation, la comédienne, seule sur scène, s’est adressée directement au public, provoquant quelques réactions parmi les spectateurs et mobilisant à chaque instant l’attention des élèves. La pièce donne même la place à un élève afin qu’il donne la réplique sous l’oeil amusé de ses camarades. À la fin de la représentation, un jeune homme présent dans le public demande afin de vérifier s’il a bien compris : « Le but de ce spectacle est de montrer le féminisme, de lutter contre le sexisme ? » ; rires de ses camarades.

Un autre élève demande quel est le rapport entre l’espace et le féminisme, Léa Fouillet répond : « C’est l’idée que dans l’espace, les règles n’ont pas lieu d’être car c’est un espace qui n’est pas le nôtre ». « L’espace, c’est un rêve aussi » soulignent plusieurs élèves comme la metteure en scène ;  le personnage de la pièce, qui voue une passion très forte à l’astronomie, va réaliser son rêve car le féminisme qu’elle va en parallèle croiser dans sa vie, va lui donner la force d’exprimer ce qu’elle est réellement et de s’affranchir du regard de l’autre. Un élève trouve qu’il porte un scaphandre en société lorsque le mot est évoqué et fait des confidences pleinement assumées et très touchantes pour tous, adultes et adolescents présents ; s’ensuit une salve d’applaudissements.

Le terme de sororité a également été longuement évoqué ; ce mot a intrigué l’assemblée composée en très grande majorité de garçons. À la question de Léa Fouillet : « Vous pensez quoi des luttes féministes ? », le silence s’installe, dans un premier temps, dans la salle. Un jeune homme s’insurge sur les propos qu’on lui a fait tenir dans la pièce (car il jouait un personnage sexiste) et tient à souligner qu’il a toujours respecté les femmes : « Grâce à ma mère, qui m’a appris… ». Tous s’accordent à dire que c’est bien là une question d’éducation. La metteure en scène veut aller plus loin : « Est-ce qu’il y a des choses qui vous ont déstabilisés ? », « Oui, quand elle se déshabille », répondent en choeur les lycéens. En réalité, la comédienne ne fait qu’ôter un sweat et un tee-shirt, restant en top et bas de survêtement. Les élèves ont eu peur qu’elle enlève tous ses vêtements. « Qu’est-ce que cela signifie qu’elle enlève une partie de ses habits ? » poursuit Léa Fouillet et les élèves de répondre : « Cela signifie qu’elle se libère, qu’elle s’enlève un poids, les préjugés, le regard des autres […]. Elle s’en fout du regard des gens ». « Et si ça avait été un garçon, ça vous aurait choqué ? », « oui », répond unanimement le groupe. 

L’évocation, au cours du débat, des fémens, a suscité beaucoup de réactions dans les rangs et elles sont plutôt négatives. Ils ne comprennent pas pourquoi elles se mettent seins nus pour revendiquer une cause, comme beaucoup ne comprennent pas d’ailleurs « les femmes qui s’habillent comme des garçons ». Une jeune spectatrice s’insurge « pour eux, quand on est habillées en survêtement, on est habillées comme un garçon », un élève s’adresse à la jeune femme est question : « Oui mais toi, t’es un bonhomme ! », on sent le « compliment » sincère. Tout est à la limite de l’ambiguïté, du paradoxe. « Maintenant, les filles crachent par terre, disent des gros mots », renchérit un groupe d’élèves comme si ce comportement était plus admis pour les garçons. S'ensuit un riche échange sur les stéréotypes. Un élève s’exclame : « J’ai un maillot rose du Real Madrid et il pète sa mère ! » ; rires. Tout le monde en fin de séance a bien compris les enjeux qui se sont joués là, tout au long de la pièce.

Avant de se quitter, les élèves ont donné leur avis sur cette expérience théâtrale : « On s’est sentis sur la scène », ont affirmé un bon nombre d’entre eux, puis ont échangé avec Léa Fouillet et Léa Quinsac sur le métier de comédien et d’acteur. Les lycéens ont apprécié ce spectacle, qui invite aussi la danse, et l’équipe artistique, quant à elle, a été ravie de la qualité des échanges. Cette pièce a été jouée au Collège Jacques Prévert (Chalon-sur-Saône), Jean Vilar (Chalon-sur-Saône), au lycée Emiland Gauthey (Chalon-sur-Saône), Hilaire de Chardonnet (Chalon-sur-Saône), au lycée Henri Vincenot à Louhans et au lycée Du Gast - Dumorey (Chalon-sur-Saône). Pour en savoir plus sur ce spectacle et les représentations tout public : https://www.espace-des-arts.com/lespace-des-arts/productions-tournees-1/coproductions/constellations 

SBR