Opinion de gauche

PRESIDENTIELLE - "Arrêtons ce jeu de massacre !" pour le NPA 71

PRESIDENTIELLE - "Arrêtons ce jeu de massacre !" pour le NPA 71

"On n'était pas taillés pour résister à la pression du vote utile" a admis Philippe Poutou en introduction de son discours le dimanche 10 avril, après les résultats du premier tour.

Malgré une campagne dynamique marquée par des meetings très suivis, essentiellement par une jeunesse enthousiaste, sensible à l’humilité du candidat anticapitaliste, à son discours de rupture, à sa conviction qu’un autre monde est possible, le score obtenu est en dessous de nos espérances. Certes nous ne nous faisions pas d’illusion mais les nombreux signes de sympathie et d’intérêt qui se manifestaient à l’égard de Philippe Poutou et de son programme nous laissaient espérer un meilleur dénouement. Un nombre conséquent de sympathisants se sont résolus au « vote utile Mélenchon » susceptible de franchir le plafond de verre du 2ème tour. Même si nous déplorons cette pression, cette contrainte du « vote utile », résultante de la tyrannie sondagière qui fixe l’opinion et d’une démocratie à bout de souffle, nous nous inclinons face au succès de la France Insoumise qui a su incarner une alternative « écolo-sociale » crédible.

Jean-Luc Mélenchon a su capter une frange importante de la jeunesse, celle des quartiers qui ne supporte plus les répressions policières et la politique anti-sociale de Macron, celle qui aspire à une vraie prise en compte des enjeux climatiques, celle qui veut s’affranchir de la camisole de l’ultralibéralisme.

Pour autant, nous considérons que ce changement tant attendu ne pourra s’accomplir que par un mouvement populaire massif, par « le bas ». Le vote est un outil démocratique qui permet d’exprimer ses opinions, ses convictions, ses oppositions, ses colères, mais s’il est simplement instrumentalisé pour adouber un homme (ou une femme) providentiel(le), il devient parfaitement « inutile ». Nous en faisons la douloureuse expérience depuis bien trop longtemps.

Aussi, au lendemain d’un épilogue électoral ressassé, sans perspective, il nous apparaît urgent de construire un “front commun” de gauche en se coordonnant autour d'un "programme unitaire anticapitaliste », avec l’émergence possible d’un mouvement politique porteur de revendications sociales et écologiques radicales. Oui, face aux défis qui sont devant nous, nous devrons nous engager dans des réponses radicales, économiques, sociales, environnementales qui bouleverseront considérablement nos façons de travailler, de produire, de consommer.

Si l’on peut considérer aujourd’hui que le choc de 2002 était un consternant accident électoral, il est difficile, vingt ans après, de se laisser apitoyer devant cet éternel recommencement. Depuis ce traumatisme rien n’a été entrepris pour effacer ce douloureux cauchemar, bien au contraire. Les « coups de Karcher » dans les quartiers populaires, la déchéance de nationalité, la loi sur le séparatisme, les polémiques sur « l’islamo-gauchisme » ont installé le programme du Rassemblement National au centre du débat politique. Macron et ses prédécesseurs ont joué avec le feu, ce sont eux les principaux responsables de ce psychodrame.

Élu grâce au vote « barrage » d’une partie de la gauche en 2017, le chef de l’État avait promis de « réconcilier » les Français. Il a conduit une politique brutale sur le plan économique et indigne sur le plan des valeurs.

Loin d’avoir permis d’éviter ce piège, la gauche porte, elle aussi, une responsabilité majeure, dans le désastre actuel. Aveuglées par des prétentions électoralistes excessives, les formations de gauche n’ont pas su prendre la mesure des attentes populaires et se ranger derrière un programme commun de rupture. Dès lors, ce qui devait arriver arriva : le même duo infernal est de retour.

Philippe Poutou et Olivier Besancenot, au nom du Nouveau Parti Anticapitalisme, appellent à une double mobilisation, sans attendre. Se mobiliser contre l’extrême droite et n’apporter ce le 24 avril aucune voix à Marine Lepen et se retrouver dès le lendemain afin de construire et de cimenter un nouveau « front populaire » radicalement tourné vers les classes sociales délaissées qui se sont repliées vers l’abstention ou le vote « démago-nationaliste » d’exclusion.

Ce jeu de massacre a assez duré. Défendre les dominés implique une structure pérenne et démocratique pour pouvoir s’affronter aux puissants.Nous sommes prêts à relever le défi et à conjurer les déceptions. Pour ne plus avoir le fusil sur la tempe, dégageons Le Pen pour mieux éjecter Macron.

Jean-Guy Trintignac NPA 71