Faits divers

Il exhibait son sexe à proximité de la gare de Chalon-sur-Saône

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 26 Juillet 2022 à 17h03

Il exhibait son sexe à proximité de la gare de Chalon-sur-Saône

Cinq victimes ont témoigné que cet homme-là a exhibé son sexe devant eux, vers les toilettes publiques de la gare de Chalon. L’homme s’en défend : c’est un malentendu, il avait une barrette de shit dans son caleçon.

Quel rapport fait-il entre ce qu’on lui reproche et le malentendu invoqué ? Le shit, triste inspiration Medellin ? C’est là qu’il est né. En tout cas, il est loin de Schwarzenegger et de son « T’as vu mon flingue comme il est gros » ? Ou alors, c’était une super grosse barrette de shit ? Un saucisson de shit ? Aïe aïe aïe.
Il peut dire ce qu’il veut, il y a au dossier les images d’une caméra de vidéosurveillance dont on imagine qu’elles permettent d’identifier l’arme utilisée pour l’agression, puisque le président les évoque. Et puis, il y a les victimes, dont quatre mineur(e)s, qui ont déposé plainte pour exhibition sexuelle. Une pour le 29 mai, quatre pour le seul jour du 9 juin.

Pénurie d’experts psychiatres (entre autres)

Le prévenu, né en 87 en Colombie, est en détention provisoire depuis le 10 juin. Il a fallu demander une expertise psychiatrique avant de le juger, elle est obligatoire pour toutes les infractions à caractère sexuel. Ce 25 juillet à l’audience des comparutions immédiates, le tribunal doit encore renvoyer : le prévenu n’a pas rencontré d’expert psychiatre, parce qu’on manque d’experts - ce n’est pas nouveau -, alors en plein été… Cela pourrait poser une difficulté car les gens qui sont jugés selon la procédure de comparution immédiate doivent être jugés à délai court. La procédure l’exige. Le 10 août, s’il n’est pas jugé, il faudrait le remettre en liberté.

Sans domicile, sans travail, juste sa carcasse à trimballer de RV en RV

A son casier 19 condamnations, pas mal de mentions du tribunal pour enfant, puis en 2007 une peine de 10 ans de réclusion criminelle pour viol aggravé. Il était en juin dernier en sursis probatoire (libéré en avril 2022), mais il était également sans domicile fixe. Son état psychologique est décrit comme « fragile » depuis sa sortie de détention. Sans domicile, sans travail, juste sa carcasse à trimballer de rendez-vous en rendez-vous (suivi SPIP, éducateur du Pont, etc.), et le soir trouver un endroit. On venait de lui trouver un logement, entend-on à l’audience. Mais le revoilà enfermé.

« Il est marginalisé, situation très précaire »

Avec tout ça, la substitut du procureur demande son maintien en détention, « il est marginalisé, situation très précaire », et maître Duquennoy qui intervient en défense, souligne clairement que si ce monsieur est maintenu en détention, c’est à cause d’une défaillance d’expert. « Doit-il en supporter les conséquences ? » 
La question est de principe, mais le principe est important car il fait partie de ceux qui charpentent l’institution judiciaire. On a certes la justice qu’on peut, en l’absence de moyens suffisants au sein de l’institution comme à l’extérieur, mais elle aura tôt fait de devenir injuste.

Le tribunal va désigner un autre expert, renvoie le jugement au 8 août prochain. Dans l'attente, le prévenu est maintenu en détention. E la nave va.

Florence SAINT-ARROMAN