Chalon sur Saône

Après une très belle 35ème édition de Chalon dans la-Rue, info-chalon a rencontré sa Directrice Nathalie Cixous

Après une très belle 35ème édition de Chalon dans la-Rue, info-chalon a rencontré sa Directrice Nathalie Cixous

La Directrice s’est confiée à info-chalon !

Les lendemains d’édition de Chalon dans la Rue sont durs car les heures de travail quelque peu  accumulées se sont révélées nombreuses ;  c’est donc une Directrice fatiguée mais heureuse de la réussite de cette belle édition qui a accepté de répondre aux questions d’Info-Chalon.

Car ne vous y trompez pas Nathalie Cixous, 42 ans, nouvelle Directrice de Chalon dans la Rue, venant  de Cergy Pontoise dans le Val d’Oise, est une femme pleine de ressources, déterminée à mener de nombreux projets en tête. Cette passionnée qui a commencé dans le milieu culturel et associatif a basculé professionnellement en 2002 dans les Arts de la Rue, c’est donc un sujet qu’elle maitrise parfaitement cumulant 20 ans d’ancienneté.

Nathalie, pouvez-vous nous expliquer votre cheminement jusqu’à ce poste et pourquoi cette arrivée si tardive à quelques jours du festival ?

N.C : « Concernant le processus de recrutement qui est long avec un jury national, forcément qu’à partir du moment où le poste a été ouvert mi-novembre, je m’attendais à arriver à un moment où la programmation serait faite. Néanmoins, j’avais déjà remarqué l’année dernière la qualité des équipes du festival notamment à travers toutes les difficultés qu’ils avaient traversées entre la mise en place en urgence du pass sanitaire, la tempête, le déménagement du camps d’hébergement en urgence… Je me suis dit qu’il devait y avoir quand même un endroit de compétences qui est assez fort parmi l’équipe d’ici. Voilà, je pense que c’est lié à Chalon dans la rue en général car le niveau de recrutement est assez élevé sur ce poste. Donc suite au départ de la Direction fin décembre, le processus de recrutement avait été lancé 1 mois et demi avant donc on était tous (les volontaires) en poste par ailleurs et si on ajoute à tous les candidats qui ont postulé, les délais de mise en place du jury cela explique pourquoi... Ensuite, il y a le temps de mutation, d’accueil forcément, on est alors sur un temps assez long mais me concernant c’est quelque chose que j’ai vécu assez bien d’arriver en cours de route, déjà parce qu’il fallait que je boucle l’aventure dans laquelle j’étais ailleurs. Il fallait aussi partir proprement après 20 ans d’engagement ailleurs et de ne pas partir comme ça ! Et puis quoi qu’il arrive, même si j’étais arrivée 1 mois plus tôt, le programme de Chalon  dans la Rue était fait car l’équipe a besoin d’avancer, il ne faut pas qu’ils attendent quelqu’un qui arrive au dernier moment et qui risquerait de mettre encore plus en difficulté…  Ils ont avancé, ils ont dû travailler avec d’autres personnes car il y a eu aussi un petit peu de renouvellement en début d’année donc ils se sont partiellement recomposés. Il y a eu donc une petite dynamique de service et moi j’arrive et finalement je suis la dernière à rejoindre ce groupe et à apporter une dynamique nouvelle à cette belle équipe. A chaque fois d’ailleurs, on me demande pourquoi je postule seule à ce poste de direction et bien justement c’est parce qu’il y a une équipe compétente et je compte m’appuyer et travailler avec eux. Moi, j’ai une manière de travailler qui est à la fois collective et de co-construction et cela va créer un socle hyper propice à ce que l’on puisse mettre en place une belle collaboration, une belle réflexion avec les équipes qui sont fortes de tout ce qu’elles ont monté et mis en place cette année. Quelque part, je vais en récolter aussi les bénéfices dans la dynamique que je vais mettre en place. Aujourd’hui, il y a besoin quand même d’une direction au CNAREP car c’est une structure qui a besoin de projet à l’année, d’équilibre, d’accueil pour les résidences, pour le festival… il y a besoin de renforcer son fonctionnement, de travailler à la structure de son fonctionnement, pour prendre des décisions et de trancher, même si on a une manière collective de travailler, il faut trouver des modalités pour pouvoir trancher sur certains projets à mener. Voilà, quelque part, il faut une direction car cela permet de prendre les décisions et moi je veillerai à maintenir vraiment cette dynamique collective. C’est vraiment important car pour moi c’est ce qui fait la richesse du projet. Une dynamique que l’on pourra mettre en place avec les partenaires sur le territoire aussi, c’est ce qui va enrichir et nourrir le projet, voilà pour moi ici, c’est un endroit de grande richesse ! ».

Comment avez-vous vécu personnellement cette édition ?

NC : « J’ai très bien vécu cette belle édition avec la première chose, c’est que j’ai très bien été accueillie par les équipes mais j’ai été aussi très bien accueillie par la profession. Je suis identifiée dans la profession alors bien sûr pas à Chalon mais par les Compagnies professionnelles qui me connaissent et j’ai d’ailleurs été un peu surprise par leur accueil enjoué. Alors bien sûr pour eux, il y a plusieurs critères qui les ont rassuré, c’est le fait que cela fait plus de 20 ans que je travaille dans les Arts de la Rue, que j’ai fait mes preuves et c’est aussi le fait que je travaillais  dans un contexte de collectivité territoriale  et c’est quand même spécifique car c’est le seul CNAREP porté par une collectivité territoriale alors que tout le monde sait que ce sont des règles de fonctionnement qui sont très spécifiques et qu’il est bon de maitriser pour ne pas tomber dans certains écueils pour aller plus vite. Donc cette édition, je l’ai bien vécu et je me suis beaucoup questionnée aussi et là où les endroits, je ne me sentais pas légitime du fait d’arriver très récemment, je suis venue les rencontrer avec l’équipe parce qu’à un moment donné, c’est quand même elle qui a porté cette édition et à un moment donné, c’est avec elle que je dois partager la parole ce qui était normale ! ».

Que pensez-vous justement du travail de votre équipe ?

 NC : « Ils sont chacun à des endroits où ils sont très pointus dans leur domaine d’intervention tout en étant en échange permanent afin d’avoir une vision transversale du projet ! Donc c’est très positif ! En même temps avec mon arrivée, je vois très bien l’endroit où cela va faire du bien à l’équipe car ils ont surtout fait un bon boulot mais c’est vrai qu’il y a des endroits où on a besoin d’avancer et je vais être là pour ça ! ».

Quelles sont vos priorités ou les valeurs que vous voulez défendre ?  

NC : « D’abord, j’ai décidé de travailler en bonne intelligence avec le territoire. J’ai  envie de dire que cela va se construire dans le concret et dans le temps. Ensuite, la priorité pour moi-même si ce n’est pas la seule, c’est le projet à l’année. Chalon dans la Rue fait partie du projet porté par le CNAREP et dont il est le point culminant suite aux moyens humains et de financement qui sont mis en place  et qui sont d’ailleurs éminemment important dans sa globalité. Mais néanmoins, c’est le projet à l’année qui est actuellement en grande fragilité, donc je vais m’occuper ! ».

Alors à quoi  doivent s’attendre les chalonnais, plus de spectacles… ? 

N.C : « Je tiens à dire en fait qu’avant de faire des grandes annonces, c’est à l’endroit de la direction même, qu’il y aura besoin de moyens complémentaires pour pouvoir à ce que les chalonnais puissent s’attendre à avoir des propositions de spectacles supplémentaires. Je vais donc mettre toute mon énergie dans la recherche de moyens complémentaires de partenaires et si j’arrive à aller dans le bon sens, de ce côté-là, il y aura plus de diffusion de spectacles à l’année, plus de renforcement et de soutien d’accueil de résidence, plus de sorties de résidence, une manière de construire également des sorties de résidence qui ne se feront pas forcément à l’Abattoir, une manière d’accueillir des résidences qui se feront aussi à l’abattoirs mais aussi avec des expérimentations en ville ; de plus en plus de projets partagés avec d’autres structures qui sont du champ culturel mais pas forcément… La priorité restant l’artistique et la rencontre avec le public. Il y a aussi la façon de comment on tisse cette relation avec le public et moi ce que j’ai toujours fait, c’est de travailler dans un lien de coopération avec des partenariats mais aussi au centre des projets dans son écriture même, son adaptation… C’est un travail d’orfèvre qui prendra du temps et qui implique de mettre en place une dynamique nouvelle mais ici en fait il y a un terreau extraordinaire, il y a une envie de plein de chalonnais, de plein de structures et je sens qu’il y a un endroit où si on développe des choses à l’année, il va y avoir une appétence très très forte et cela est hyper plaisant et cela va dire que l’on va jouer mais jouer tous ensemble ! ».

Déjà des idées pour la prochaine édition ?

N.C : « Disons que nous avons bien identifié ce qu’il faut améliorer mais on a besoin de faire notre bilan entre nous ! On a besoin de rituels un peu aussi. C’est un chantier parmi tant d’autres avec beaucoup de choses à améliorer. On retrouvera les grands ingrédients de ce qui fait la richesse de Chalon dans la Rue car ce festival à 35 ans d’histoire mais on retrouvera aussi le toucher de ce que Pierre et Quentin ont mis en place, de ce que Pédro Garcia avait lui aussi mis en place ainsi que les endroits de projets mis en place par Bruno et Pierre qui vont perdurer et je vais bien entendu ajouter ma patte personnelle qui va faire encore évoluer l’émulsion mais sachez que je ne vais pas proposer quelque chose qui va tout effacer et tout renverser la marque de fabrique du festival Chalon dans la Rue.

J.P.B