Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Tentative d’extorsion via le site Coco : « Femme vénale » était un mec
Par Florence SAINT-ARROMAN
Publié le 22 Septembre 2022 à 19h30
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Le 10 septembre dernier, une personne au doux pseudo de « Femme vénale » fait affaire, sur le site Coco.fr avec monsieur X pour une relation sexuelle tarifée, comme on dit, pour 150 euros. Vers 23h55, « Femme vénale », un brun de taille moyenne, 19 ans, se pointe au rendez-vous, à Louhans.
« Femme vénale » est donc un mec, autant dire que son prétendant ne pouvait que mal le prendre, d’autant que « mec vénal » s’apprêtait à lui piquer 150 balles. D’un côté l’agresseur, porteur d’un couteau ; de l’autre une future victime qui ne l’entend pas de cette oreille : monsieur a fait du judo, et l’agresseur, en dépit de ses grands gestes armés, se retrouve au tapis. Là-dessus, une femme se pointe avec son chien et lui ordonne d’attaquer. Attaquer l’agresseur ? Que nenni, c’est son petit copain ! D’attaquer l’autre…. mais celui-ci s’en sort et accueille les gendarmes.
Culpabilité établie
Les éléments à charge contre le jeune escroc ne manquent pas. La présidente Caporali les énumère, ce jeudi 22 septembre, à l’audience des comparutions immédiates : le nom du prévenu est associé à la ligne du téléphone qui a servi aux échanges, le téléphone bornait à Louhans ce soir-là, sur le couteau que les gendarmes ont pu saisir (récupéré par l’ancien judoka dans la bagarre), sur le couteau : l’ADN du prévenu ; et si ça ne suffisait pas, sa copine a dû relater la soirée de son point de vue. La messe est dite.
Pourquoi il a fait ça ? « Pour l’argent. »
Le prévenu ne complique pas les débats. Pourquoi il a fait ça ? « Pour l’argent. »
Pour l’argent. Il est né en 2003. Il a dû quitter l’école à 16 ans. Et ensuite ? Rien, ou si peu. On ne sait rien de ce qui l’a mis sur cette voie de garage, dans ces classes où l’on regroupe les élèves comme lui, histoire d’attendre que sonne l’heure de la quille. Il faut connaître ces classes, et l’état des gamins, qui, aussi intelligents soient-ils, sont déjà privés de tant de moyens. Dans ce contexte, la phrase à venir de la substitut du procureur sur la question de « reprendre des études », semble hors sol.
L’arnaque au plan c… via Coco, c’est pas la première fois
Cela dit, la présidente pose le cadre : « Monsieur, je ne conteste pas que vous n’ayez pas de revenus, et votre compagne non plus. Mais les gens qui n’ont pas de revenus ne créent pas pour autant des faux profils sur Coco.fr… Vous avez été condamné déjà pour exactement les mêmes faits il y a un an. » Le jeune garçon concède que « c’est mal ». Cyrielle Girard- Berthet, substitut du procureur, rappelle que le prévenu en a fait une pratique. Il s’est fait prendre ce coup-ci, mais combien de victimes honteuses ont dû filer en courant, y laissant quelques billets fraîchement retirés de leurs comptes en banque ?
« Travail en intérim, en juillet : deux semaines dans un abattoir »
3 fois condamné : 2 fois par un tribunal pour enfant, pour des violences sur mineur de 15 ans, en réunion, puis pour vol en réunion, et avec violence ; 1 fois par le tribunal correctionnel, il y a donc un an, pour vol aggravé, chantage et extorsion. La peine : 18 mois de prison dont 8 mois assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Le garçon a donc fait de la prison, incarcéré de septembre 2021 à juin 2022 (dont les derniers mois sous bracelet électronique). Il a trouvé une mission de travail en intérim, en juillet : deux semaines dans un abattoir. Voilà.
En déshérence
Du coup, sur l’idée de faire une formation professionnelle, il est d’accord, mais savoir quelle formation… « J’aime un peu tout. Je m’en fous, en fait. » Ce « je m’en fous » lui sera reproché, et pourtant ça se comprend assez bien vu la déshérence dans laquelle il baigne, depuis si longtemps. Maître Marceau tente d’opposer ces abandons aux réquisitions de la procureur car elle demande une peine de 21 mois de prison en tout (18 mois et 3 mois de révocation de sursis), avec mandat de dépôt. Cette peine ferait ceci : il sort de l’école à 16 ans, n’a pas le moindre diplôme et aucune formation. Son père est mort, sa mère est « plutôt démissionnaire » dit l’avocat. Il se débrouille, et plutôt mal que bien. Il a passé ses 18 ans en prison, et s’apprêterait à y finir ses 19 ans, puis à y passer ses 20 ans.
« La situation de tous les laissés pour compte »
Julien Marceau souligne le manque absolu de réflexion du garçon, qui donne rendez-vous à un homme dans la rue même où il loge chez sa copine, puis reprend : « Son désœuvrement illustre bien la situation de tous les laissés pour compte. On a estimé qu’à 16 ans il saurait faire les bons choix pour lui ? Il est comme tous les autres gamins qui se laissent aller et tombent, doucement et inexorablement, dans un état dépressif. » L’avocat s’adresse au tribunal : « Vous disiez, le suivi n’a pas marché. Mais un suivi sporadique ne peut pas suffire. Il lui faut une figure, stable et présente, pour le conduire à se mobiliser et à s’investir dans sa vie. »
« Par des moyens irraisonnés, il cherche à se sortir d’une vie qui n’a aucun sens. »
« On a le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé). La justice doit appuyer ses efforts sur ce qui est concret. » Maître Marceau dit comprendre les réquisitions parce que les faits sont très graves (armé d’un couteau), mais « c’est quelqu’un qui, par des moyens irraisonnés, cherche à se sortir d’une vie qui n’a aucun sens. »
18 mois ferme, incarcéré
Le tribunal déclare le jeune homme coupable, le condamne à la peine de 15 mois de prison, décerne mandat de dépôt, révoque 3 mois du sursis de l’an dernier avec incarcération immédiate. Ça fait 18 mois de prison, il y finira ses 19 ans, et y passera ses 20 ans.
Le rôle primordial du CPIP
Y a plus qu’à souhaiter qu’il puisse trouver à se former en prison et qu’il y prenne goût, sous réserve d’un niveau scolaire qui limite d’emblée les possibilités. C’est là qu’il doit pouvoir compter sur un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) en milieu fermé (le nom donné à la prison, par opposition aux suivis en milieu ouvert). Car l’important, comme le dit un juge de l’application des peines sur un réseau social, « prévenir la récidive, ça passe surtout par mettre du sens dans les peines prononcées »*.
C’est un coup à plonger pour toujours si…
Se cogner pas loin de trois ans de taule si jeune, pour des faits graves c’est vrai mais pour des butins dérisoires (avec un regard sur les victimes, puisque le prévenu évoque rapidement leur recherche de gens jeunes voire très jeunes, ça n’a pas été creusé à l’audience mais quelque chose se joue là), c’est un coup à plonger pour toujours si, en prison, quelques rencontres dignes de ce nom ne vous permettent pas de mettre votre existence en perspective.
FSA
* Lequel JAP précise qu’on ne combat pas la récidive en mettant des peines plus élevées : « cette idée a été démontée par la criminologie ». D’où l’importance cardinale de mettre des moyens suffisants du côté des agents de probation, donc du service pénitentiaire d’insertion et de probation, le SPIP, « pour mettre en œuvre les actions de réinsertion qui ont fait leurs preuves ».


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