Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Vols de pièces auto pour payer la réparation de sa voiture

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 27 Octobre 2022 à 21h12

TRIBUNAL DE CHALON - Vols de pièces auto pour payer la réparation de sa voiture

Il avait accidenté son véhicule, il l’a fait réparer par un mécanicien qui vit « au trou », c’est-à-dire rue Louis Bréguet à Chalon, précise la présidente Catala. Il n’avait pas d’argent, le mécanicien lui aurait dit « on va s’arranger ».

L’arrangement, d’après le prévenu âgé de 19 ans, qui comparaît libre ce jeudi 27 octobre à l’audience des comparutions immédiates*, l’arrangement aurait été le suivant : le jeune volera des pièces auto pour le mécano et remboursera ainsi sa dette. Ce qui fut, puisque le jeune homme est arrêté en flagrant délit le 22 mars dernier en train de désosser la fourgonnette d’une société, assisté par un copain, mineur, qui fait le guet.
Des riverains avaient appelé la police, la BAC de nuit s’est chargée du boulot. Le pote portait une lampe frontale que le chauffeur habituel de la fourgonnette a reconnu comme étant la sienne. Le prévenu portait, lui, deux pinces, des gants, un tournevis, un jeu de clés.

Autre affaire, le 12 mars

L’affaire est rattachée à celle du 12 mars dernier. Monsieur X dépose plainte pour le vol de pièces sur sa C4, dépouillée de son pare-chocs et de ses phares. Des voisins insomniaques ont vu « deux individus » autour de sa voiture. Par courrier, monsieur X précise au tribunal qu’à la suite, les habitants des immeubles ont voté contre l’extinction de l’éclairage du parking aux petites heures de la nuit. A quoi tiennent les choses. 
Le 13 mars monsieur X repère son pare-chocs, reconnaissable à des marques et des rayures spécifiques qu’il avait prises en photo, sur un autre véhicule : celui du prévenu.

Le système D a tôt fait de vous mettre en infraction

Le mécanicien « du trou » n’a pas de garage, il travaille vraisemblablement au black. Anne-Lise Peron, substitut du procureur rappelle que le système D a tôt fait de vous mettre en infraction, et c’est vrai. N’empêche que si tous ceux qui n’ont pas les moyens de faire réparer leur véhicule, renonçaient à leur voiture, eh bien le niveau de pollution baisserait, mais les gens n’iraient plus travailler, etc. Pour entretenir et faire réparer une voiture il faut un reste à vivre réel et consistant, c’est une réalité.

Grâce au contrôle judiciaire qui l’a contraint, il gagne sa croûte

Cela dit, celui-ci à la barre dit gagner 3 500 euros depuis juillet dernier, avec des missions intérim pour des travaux spéciaux dans le bâtiment. « Spéciaux »… le tribunal voudrait que le garçon en rabatte un peu et s’intéresse à ce qui le conduit ici, à être jugé, d’autant plus que son contrôle judiciaire est spécial lui aussi, vu qu’il n’a répondu qu’à 5 convocations sur 10 et n’a pas justifié en temps et en heure de son travail et de ses revenus. A l’audience il est arrivé sans aucun justificatif mais dit à la présidente que dans son cabinet de juge d’instruction, elle les a bien vues, ses fiches de paie… il est mis en cause dans une autre affaire.

Cette histoire de « mécanicien qu’on ne contacte que dans un café »

Sorti de ça, son casier est toujours vierge. La procureur n’apprécie pas du tout cette histoire de « mécanicien qu’on ne contacte que dans un café » et que la police n’est pas parvenue à identifier. « Les faits sont parfaitement établis. » Elle requiert une peine de 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire pendant 18 mois, avec l’obligation de travailler et d’indemniser les victimes. Et puis, vu ses revenus, une amende de 3 500 euros. 
Maître Lépine s’attache à ramener tout ça à des proportions plus paisibles, si l’on peut dire. « Il n’a pas de casier, il s’est mis au travail. Vous pouvez lui imposer un stage de citoyenneté. »

Le tribunal condamne le jeune homme à une peine de 120 jours-amende à 12 euros, « ça fait 1 440 euros ». Tout jour impayé peut se transformer en jour de prison. Au prévenu de faire ses preuves.

FSA

* D’abord convoqué devant un juge unique mi-septembre, son dossier est renvoyé vers la juridiction collégiale, c’est-à-dire composée de trois juges, vu les faits, ce 27 octobre