Chalon sur Saône
Le remarquable Pierre Perret sera à coup sûr remarqué ce 1er décembre à Chalon
Par Michel POIRIAULT
Publié le 30 Novembre 2022 à 20h55

Ils courent de moins en moins les rues les monstres sacrés de la chanson française, et pour cause...Il se confie à info-chalon.com
En leur sein figure l’inamovible Pierre Perret, atypique troubadour qui charrie dans sa besace des merveilles toujours vivaces. Il les redéballera ce jeudi 1er décembre à Chalon-sur-Saône sur la scène Marcel-Sembat, à partir de 20h. Des places restent vacantes
Rassurez-nous : ce ne sont bien que des adieux provisoires ?
« Si vous connaissez le français, vous savez ce que veut dire le mot provisoire, ça signifie que ce n’est pas encore définitif. Le jour où ça viendra, comme en général tous les « collègues » expliquent que ce sont leurs vrais adieux et qu’ils en font quarante…Je n’en ferai aucun, comme ça personne ne sera déçu, mais le jour où je partirai sur la pointe des pieds, ben je serai parti, et voilà ! »
Pouvez-vous annoncer la couleur aux Chalonnais pour ce concert du 1er décembre ?
« Ils auront un feu d’artifice de toutes les saisons, parce que comme j’ai écrit à peu près entre cinq cents et six cents chansons, au milieu de tout ça le choix n’est pas très compliqué. Au contraire, c’était de pouvoir piocher dans toutes les époques, et ça m’amuse beaucoup à la fin du récital, d’entendre parfois des spectateurs qui disent : « Oh là là, la nouvelle, là, elle est formidable ! ». Je dis : la nouvelle, elle a quarante ans ! Des chansons, il y en a tellement qui sont restées sur le bord de la route, parce que quand une chanson plaît un peu au départ sur un album c’est toujours la même qui passe à la radio, et après le plaisir pour les spectateurs ou les futurs spectateurs réside dans le fait que dans un album il y en a toujours huit ou neuf nouvelles à découvrir. Ensuite, au fil du temps, ils apprennent à les connaître. C’est pour ça que quand on connaissait « Lily », on connaissait moins « Mon p’tit loup », quand on connaissait « Le zizi », on connaissait moins « Donnez-nous des jardins »…finalement on a appris à les connaître, car il y a tellement longtemps qu’elles sont dans la nature que, voilà, dans la salle le public reprend tout ça en chœur, et toute la soirée. Je ne suis pas tout seul pour chanter ! »
A quoi rêvez-vous après pas loin de soixante-cinq ans de carrière ?
«Aller à la pêche ! »
En épicurien pur et dur que vous êtes, la chanson est-elle en mesure de s’apparenter à de la bonne chère ?
«La chanson, il faut qu’elle soit bonne, ou elle n’existe pas. Et la cuisine c’est exactement la même chose. Si vous avez des choses fines, subtiles, goûteuses, et qui enchantent votre palais, ce n’est que du bonheur. Si vous avez le type de nourriture que je ne définirai pas ici, mais que j’évite avec grand soin, vous ne serez pas heureux. J’essaie toujours de prendre le meilleur, ou de produire le meilleur si j’en ai le talent, et si on me le prête. »
Avez-vous plus un penchant pour vos chansons sociétales que pour celles centrées sur la légèreté ?
« Il y a de la viande dans toutes les chansons, il suffit de la trouver, de voir où elle se trouve. Il y a des pépites dans toutes les chansons. Quand une chanson est bien faite, elle ne doit pas être désossée et absente d’humour, de sentiment, de dramaturgie, de vérité. S’il n’y a pas ça, ce n’est pas une bonne chanson. Alors c’est à chacun de trouver ce que recèle une chanson, et ce n’est pas toujours facile. Ce n’est rarement à la première écoute qu’on s’aperçoit des richesses d’une chanson. C’est pour ça que d’aucuns, de temps en temps, s’offrent un album, le réécoutent chez eux tranquillement, et découvrent même à la trois, quatre, cinquième écoute des choses qu’ils n’ont pas forcément pigées au premier coup, que même moi j’ai mis longtemps à écrire, et à remettre cent fois sur le tapis des idées pour les parfaire au maximum. Après, pour l’écoute ça correspond à l’écriture, il faut être patient et savoir réécouter toutes les pépites recelées par une chanson.»
Y a-t-il plus bel hommage que celui d’être statufié de son vivant ?
«Ca m’amuse, mais ça me touche en même temps, surtout au niveau de l’éducation, parce qu’il y a plus d’une trentaine d’écoles qui portent mon nom aujourd’hui. Il y a des établissements, des squares, des maisons de la culture, des rues…enfin, bon, j’en passe. Ce qui me touche le plus, c’est que vraiment au niveau de la culture les enseignants aient pris en compte mes chansons, et que celles qui sont apprises dans les écoles, datent de trente, quarante, cinquante, soixante ans pour les toutes premières que j’ai pu écrire. Ca, ça me touche infiniment. Il y a beaucoup d’enfants qui me disent que ce n’est pas bien de ne pas respecter l’autre. Je demande comment ils savent ça, ils me répondent qu’ils ont appris « Lily » à l’école. Simplement ça, je suis récompensé au centuple de tout le temps que j’ai passé à écrire ma chanson. »
La langue française a-t-elle de nos jours la considération qu’elle mérite ?
«Oh là là…je préfère ne pas m’exprimer là-dessus, parce que ca me fait mal au cœur, vraiment, de voir comment elle est traitée aujourd’hui, et comment on y attache si peu d’importance. Je le vois simplement avec le reflet du courrier que je reçois avec la myriade de fautes d’orthographe. Ce n’est pas le plus grave, mais ce n’est pas réjouissant, avec les tournures de phrase, le français est tellement mal caché là-dedans… Je pense qu’il serait temps de reprendre ça en main, et si un jour on a la chance d’avoir quelqu’un qui considère ça comme primordial dans un pays, eh bien ce sera une très bonne chose, parce qu’il y a longtemps qu’il n’ya pas un chef d’Etat qui a pris ça en compte à bras-le-corps, en disant : »Notre pays c’est la France, la culture, et je vais m’en occuper. » J’attends celui-là, je ne le verrai peut-être pas, mais j’espère qu’il arrivera un jour. »
Que dire sur l’argot ?
«Que ce n’est pas une langue. D’abord, l’argot des années 1900 n’existe plus, mais c’est en perpétuel renouvellement, la langue marginale, la langue luxuriante, qu’on peut dégager du français. Ca ne découle jamais que du français, et c’est surtout des compositions de phrase. L’argot, même des années d’avant-guerre, il y a la moitié des mots qui ont disparu, se sont transformés, sont autre chose. Tous les mots deviennent argotiques, passent un jour dans le classicisme de la langue. Un mot comme boulot par exemple, était considéré il y a cinquante ans comme de l’argot. Aujourd’hui, un type qui va au boulot, il va au travail. C’est un synonyme de travail, c’est tout à fait naturel. C’est comme ça que la langue se transforme et qu’elle est intéressante. L’argot, c’est la langue dans toute son évolution. »
La chanson française a-t-elle bien vieilli ?
«En ce qui me concerne, j’ai essayé d’être un témoin de son temps toute ma vie. J’ai écrit des chansons sur les femmes cinquante ans avant tout le monde, sur les femmes battues, maltraitées, abandonnées entre autres. Ce sont des chansons que j’ai écrites il y a trente, quarante, cinquante ans, dans les tout premiers débuts. Il n’y a pas que la femme, il y a des tas d’autres sujets que j’ai abordés, comme l’immigration avec « Lily » bien sûr. Il y a une chanson qui s’appelle « Femmes seules », si vous l’écoutez aujourd’hui, vous pouvez l’aligner sur la vie des femmes d’aujourd’hui. C’est exactement la même, pour les femmes battues c’est pareil. J’ai parlé de ça il y a déjà très longtemps, mais les médias ne se préoccupent pas beaucoup, dans les radios, de ce type de chanson. Pour eux, ce n’est pas comestible. »
Au cas où, comment obtenir des places ?
Cinquante billets seront mis en vente sur place dès 18h. Réservations auprès de Tandem Events Production au 06 68 31 79 05 Places assises. Placement libre.
Crédit photo : DR Propos recueillis par Michel Poiriault




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