Faits divers

Il avait pris la fuite, pourchassé par la BAC à Chalon, après le vol d'un tiroir-caisse dans un café Place du Collège

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 23 Janvier 2023 à 21h30

Il avait pris la fuite, pourchassé par la BAC à Chalon, après le vol d'un tiroir-caisse dans un café Place du Collège

L’homme est né en 1975 en URSS, à Erevan, Arménie. En 2022, il vivait à Kharkiv, en Ukraine, dit-il, il a gagné la France en mars dernier. Il est jugé pour avoir samedi, de nuit, volé un tiroir-caisse au Koncept Café, place du Collège à Chalon-sur-Saône.

La société de télésurveillance chargée de l’établissement alerte son propriétaire et la police le 21 janvier, vers 3 heures du matin. Un équipage de police constate l’effraction du local et la disparition du tiroir-caisse. Un autre équipage repère un véhicule qui roule tous feux éteints et grille deux feux de circulation. La BAC le prend en chasse, mais le conducteur « met tout en œuvre pour échapper à la justice » dit maître Bibard qui intervient pour deux policiers de la BAC. A un moment donné les policiers lancent un stop stick sous ses roues. Les pneus sont crevés, mais le conducteur ne s’arrête pas. C’est lui qui est jugé ce lundi 23 janvier, selon la procédure de comparution immédiate.

Le véhicule de police percuté trois fois 

Un de ses passagers dira avoir donné des coups de volant, pour que son pote s’arrête, dont au moins un a lancé la voiture d’abord contre un rebord de trottoir puis contre la Skoda de la BAC, « percutée trois fois » précise Angélique Depetris, vice-procureur. Les policiers ont fini par sortir leurs armes. On ne sait pas à qui appartient la voiture conduite par le prévenu qui roule sans assurance et n’a pas avec lui son permis arménien. A l’intérieur, tout un bazar de sacoches, de boîtes pour gants en latex, des tournevis, des sacs de couchage, des gants, un brise-vitre, etc. 
Le tiroir-caisse contenait 160 euros mais il est restitué sans avoir pu être ouvert. Maître Elise Andali se constitue partie civile pour la société qui gère le Koncept, et demande un renvoi sur intérêts civils pour que l’assurance ait le temps d’étudier le dossier. Maître Grebot relève la restitution du butin à son propriétaire, « il ne sait même pas ouvrir un tiroir-caisse ! Ah, il est joli notre professionnel ».

Il est venu « pour cambrioler »

L’avocat répondait à la procureur qui, de sa place, estime que le tableau des éléments recueillis désigne des pratiques habituelles de vols, et qu’en tous cas, « quand on n’a pas d’argent, on ne vient pas de Dijon à Chalon : il était parti, pour cambrioler ». Elle requiert une peine de 18 mois de prison avec maintien en détention (il est en détention provisoire depuis la veille, ndla), ainsi qu’une ITF (interdiction du territoire français) pendant 5 ans, « considérant qu’il a mis en danger les fonctionnaires de l’Etat, les policiers ».

Il est « très croyant »

Quand les policiers l’ont interpellé, l’homme ne portait sur lui qu’un seul document : un récépissé de demande d’asile. L’OFPRA l’a débouté, il a fait un recours. Il attend, logé dans un foyer à Dijon. Il dit qu’il est célibataire quoique père d’une fille âgée de 18 ans qui vivrait à Moscou. Son ex-femme est ukrainienne, dit-il pour expliquer pourquoi il vivait à Kharkiv. Il n’a pas son passeport, le président Morelière s’en étonne. Le prévenu a été hospitalisé à Dijon, il a des problèmes cardiaques et de foie. Il prend de la méthadone depuis 4 ans. L’homme précise, à toutes fins utiles, qu’il est « très croyant ».

12 mois ferme puis ITF, 5 ans

Le tribunal déclare l’homme coupable (de vol par effraction, de refus d’obtempérer exposant autrui à un risque de mort ou d’infirmité permanente, et de circulation sans assurance), le condamne à la peine de 12 mois de prison avec maintien en détention, 5 ans d’ITF, interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur comme dit le texte, pendant 12 mois, et 300 euros d’amende pour le défaut d’assurance. Il est déclaré entièrement responsable des préjudices causés à deux policiers, et à la société qui gère le café.

Entre ristourne et majoration

Aux deux policiers il devra verser quelques centaines d’euros de dommages et intérêts, renvoi sur intérêts civils pour le café. S’il paie dans les 30 jours il aura une ristourne, s’il ne paie pas dans les deux mois, les sommes seront majorées de 30 %. Selon toute vraisemblance il ne pourra pas payer. Un masque chirurgical dissimule le bas de son visage, mais on ne voit qu’une chose : un teint gris et blafard, un teint qui ne voit pas la lumière du jour ou bien qui signe une maladie. Il a dit qu’il regrettait, qu’il était désolé pour les policiers, et qu’il remerciait la France « pour être logé et soigné ». Une interprète traduisait. L’escorte le ramène au centre pénitentiaire.

FSA