Agglomération chalonnaise

Adopter en SPA : l'avis d'une spécialiste de la relation homme-animal (2/2)

Adopter en SPA : l'avis d'une spécialiste de la relation homme-animal (2/2)

Il arrive que les SPA opposent un refus à l’adoption. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'une adoption responsable ? Qu’est-ce qu’un bon maitre ? Infochalon a sollicité l’avis d’un comportementaliste canin.

Cet article est la suite d’une première partie (ici).

Notre spécialiste est Caroline Urbain, diplômée en éthologie (étude des comportements des espèces animales dans leur milieu naturel), comportementaliste canin-félin à Saint-Oyen, entre Mâcon et Tournus.

Infochalon : Nous avons reçu de nombreux témoignages de retraités. L’âge des adoptants peut-il être un motif de refus ?

Caroline Urbain : S’il s’agit de retraités actifs, qui peuvent sortir leur chien et l’éduquer par des jeux (les stimulations intellectuelles et physiques dont nous avons déjà parlé dans le précédent article, NDLR), ce n’est absolument pas un obstacle en soi. Au contraire, ces personnes sont plus disponibles et je connais des retraités qui sont beaucoup plus actifs que des personnes en activité.

Le refus peut toutefois être motivé par la race et l’âge du chien : un chien très actif de grand gabarit n’est pas une bonne idée. De même, adopter un chiot demandera beaucoup d’investissement de temps pour l’éduquer. Adopter un chien adulte est moins contraignant : l’apprentissage de la propreté est fait. Et dans les refuges, il y en a beaucoup !

Encore une fois, le but des SPA, c’est d’éviter absolument le retour des chiens adoptés, qui ont déjà connu au minimum deux abandons (la séparation de la mère et un précédent maitre).

D’une manière générale, que vous viviez en appartement ou que vous soyez retraité, il est nécessaire d’être informé sur les spécificités de la race du chien que vous souhaitez adopter et ses besoins. Si ses besoins physiologiques sont satisfaits – donc par un maitre informé et qui prendra du temps pour le stimuler et l’éduquer –, l’âge ni le lieu ne sont un obstacle. C’est pour ça que la réponse à une demande d’adoption se fait au cas par cas. Je connais des chiens qui vivent en appartement, dans une caravane, ils sont au top parce qu’ils sont sortis plusieurs fois par jour, que le week-end, ils vont sur un terrain d’agility etc. C’est l’humain qui fait toute la différence.

Infochalon : Un autre témoignage nous est parvenu, dans lequel la personne s’est vu refuser l’adoption d’un chien parce qu’il était chasseur.

Caroline Urbain : « Il y a les bons chasseurs et il y a les mauvais chasseurs » comme l’avaient dit les Inconnus dans un sketch, et c’est vrai. J’ai des clients chasseurs extrêmement attentionnés et attentifs à leur chien. Ils prennent rendez-vous 4 fois dans l’année pour un soin massage complet. Il y a aussi des chasseurs qui vont les laisser 6 mois de l’année en box, et qui vont les sur-stimuler les 6 mois restants pendant la période de la chasse. Là encore, on est sur un problème humain.

Infochalon : Que dire aux personnes qui, je cite : “cherchent un petit chiot pour leur enfant” ?

Caroline Urbain : Un chien n’est pas un jouet ni un objet. Il n’est pas souhaitable d’en faire un cadeau, pour toutes les raisons qu’on a évoquées : l’engagement du maitre en termes de connaissance du comportement canin, des besoins spécifiques de l’animal choisi, de temps disponible et de patience pour l’éducation.

Les adoptions coups de tête présentent le risque de s’achever par un retour dans les refuges, parce que le chien développe des problèmes de comportement au contact d’un maitre non cohérent, et vite dépassé.

Et, au passage, que veut dire “petit chiot” ? À 9 mois, un chiot mâle est capable de se reproduire.

Infochalon : Autre motif encore, on a refusé l’adoption parce que le jardin n’avait pas de clôture.

Caroline Urbain : C’est une condition que peut poser la SPA ou n’importe quel éleveur : « nous vous confions ce chien, mais avant, vous devez clôturer votre terrain ». Et cela me semble justifié. Imaginez : le chien arrive sur un lieu qu’il ne connait pas, en 3 minutes, il peut fuguer, se mettre en danger ou mettre en danger la vie d’autrui. Je l’ai déjà vu, ça arrive très vite et ça peut être grave (attaque d’autres animaux ou congénères, accident de la route…). Donc un terrain clos, c’est sécurisant pour le chien comme pour l’humain.

Un mot sur la fugue : le chien fugueur, c’est un chien souvent délaissé, qui s’ennuie sur son terrain et va chercher ailleurs des stimulations. Et plus il fugue, plus il agrandit son territoire ; le besoin de l’inspecter s’installe.

Infochalon : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Caroline Urbain : Les problèmes de comportement canin ne sont pas imputables à la race d’un chien. J’entends trop souvent des clients me dire : « c’est un malinois, il est ingérable ». Non, c’est faux. Ce sont les comportements humains à l’égard de leur chien qui posent problème, souvent par méconnaissance. Même si les maitres sont de bonne volonté, il faut acquérir une connaissance minimale de la psychologie canine qui n’est pas du tout celle des humains. Surtout, il ne faut pas hésiter à demander conseil à un professionnel, nous sommes là pour ça. Dans la majorité des cas, il n’est pas trop tard pour apprendre les bonnes attitudes et revenir à une relation sereine avec son chien.

Je le répète, un bon maitre, c’est celui qui consacrera quotidiennement des temps d’activité avec son compagnon, en lui apportant des stimulations autant intellectuelles que physiques.

Par Nathalie DUNAND
[email protected]


Pour approfondir :
Caroline Urbain, comportementaliste et Praticienne manuelle canin félin
Facebook : comportementaliste71
Site : Caroline Urbain Comportementaliste71
La SPA lance un nouveau site pour responsabiliser les adoptions : https://www.la-spa.fr/adoption/