Culture

A Chalon Gérard Darmon s’est mis dans une situation très, très délicate…

A Chalon Gérard Darmon s’est mis dans une situation très, très délicate…

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, c’est bien connu, et dans le cas présent ça n’a pas échappé à la règle. Faire d’une affaire de mœurs un tremplin pour une glissade sans fin du boyau de la rigolade, tel est le tour de force réalisé par l’auteur britannique Alan Ayckbourn, dont le produit fini, «Une situation délicate », a brillé de mille feux à Chalon-sur-Saône ce dimanche 26 mars dans un Espace des Arts rempli et coopératif à souhait.

Un quatuor qui a généreusement amusé la galerie

Si l’éminence grise précitée a offert du caviar aux « culturonomes » de faction ce jour-là sur leur fauteuil, il fallait bien que derrière il y ait une belle brochette de comédien(ne)s pour donner corps à ladite dramaturgie, battant pavillon Théâtrales. Figure de proue impayable et vieux renard, Gérard Darmon aura mis le feu aux poudres à cause d’un adultère qui pèsera lourd dans la balance du vaudeville respectant en tous points ses fondamentaux. Ses tromperies et le cocufiage subi par sa moitié sont montés en épingle, et dès lors la locomotive tombera de Charybde en Scylla ! Le septuagénaire est d’une crédibilité renversante, ses silences, mimiques, regards profonds ne faisant que renforcer la grandeur de son personnage quelque peu abject, enclin à esquiver les états de fait à son détriment. Dans ce sac de nœuds, ce guêpier inextricable, affleurent non-dits, méprises, mensonges éhontés, parasitage, dommages collatéraux…

C’est un véritable dialogue de sourds où faire prendre des vessies pour des lanternes est un fait saillant. Victime non consentante, la non moins excellente Clotilde Courau à l’élégance de bon ton se transformera peu à peu en maîtresse femme, prenant une revanche éclatante sur l’adversité avec un bon sens confondant. Max Boublil pour sa part n’était nullement ici pour traîner es guêtres dans les parages pour faire figuration, et celui qui est –entre autres- humoriste dans une autre vie, a tenu la dragée haute à ses interlocuteurs.

Pour sûr, la comédie lui sied comme un gant. Quant à Elodie Navarre, tour à tour amante, puis possible future mariée, et enfin fille complètement fictive, son iconoclaste progression en dents de scie a mis du piment à une intrigue biscornue. Devant autant de valeurs concourant à la mainmise du parti d’en rire, le public, touché au plus profond de lui-même ne put que prendre pour acquis cette vaste farce. Se fendre la pêche à en perdre la raison, quel effet libérateur cela a eu !

                                                                                                  Michel Poiriault

                                                                                                  [email protected]