Givry

Une activité physique sans prise de tête, l'enseignement de la conférence du Marathon

Une activité physique sans prise de tête, l'enseignement de la conférence du Marathon

Après son atelier à la course des écoles primaires dans l'après-midi du vendredi 25 mars, Info-Chalon a retrouvé dans la soirée Cécile Dalery Saint-André à la maternelle Léocadie-Czyz de Givry pour une conférence consacrée au sport et à la santé.

Après une brève introduction donnée par le président du Marathon des Vins Jean-Louis Gogue et par le maire Sébastien Ragot, pour qui le succès de l'évènement est un « immense bonheur pour lui-même » et pour le « coeur du Chalonnais côté jardin » qu'est Givry, plusieurs intervenants se sont succédés pour donner leurs conseils de remise en forme.

Car les chiffres sont éloquents : 95% de la population française n'a pas assez d'activité bonne pour la santé et, malgré les heures d'E.P.S. réglementaires, 37% des 6-10 ans et 73% des ados et pré-ados n'ont pas assez d'activité physique extra-scolaire. Pourtant, la sédentarité est l'une des principales causes de maladies chroniques et augmente le risque de cancer, d'obésité, de diabète, de sommeil perturbé, de problèmes de santé mentale dont Alzheimer, d'ostéoporose / arthrose, et d'absence de règles.

Une bonne alimentation est primordiale
Diététicienne et chargée de projet nutrition avec le Grand Chalon, Sigolène Murat a livré ses recommandations pour la santé humaine et celle de la planète, pourtant connues et promues depuis des décennies : mangez davantage de fruits (dont secs et à coque), de légumes, de céréales complètes, de poissons gras et de produits laitiers, et privilégiez les huiles de noix et d'olive, le fait maison et les produits bio et de saison.

Haro en revanche sur la consommation excessive d'alcool, de produits sucrés et salés, de viande et de charcuterie, et surtout de produits au Nutriscore D et E. Or nombre d'enfants disent avoir faim dès 9h du matin, conséquence d'une absorption de gâteaux industriels (sucres rapides) alors qu'ils devraient par exemple privilégier les flocons d'avoine que l'on retrouve en porridge bouilli ou en muesli dans les petit-déjeuners anglo-saxons et germaniques.

Parmi les actions du Grand Chalon que présente Sigolène Murat, les écoliers sont sensibilisés non seulement au tri des déchets mais aussi à une alimentation saine qui passe par la découverte des goûts et par la manipulation tactile afin de savoir d'où vient le produit brut et comment il est fabriqué. Un enfant qui reconnaît un légume a généralement un jardin et il faut encourager la création de potagers partagés pour lutter contre une forme d'éloignement agricole.

Simplement se dégourdir est déjà en soi une activité
Thierry Badey, kiné et coach de l'école de trail, explique que sans stimulation, le corps ne se renforce pas et que les phases de développement psychomoteur (sur le ventre, assis, debout…) ont une incidence sur la qualité des os. Or l'omniprésence du téléphone portable casse la posture des jeunes, qui passeraient entre 3 et 4 heures par jour sur les réseaux sociaux, les adultes n'étant cela dit pas en reste. D'autant plus que psychologiquement, avoir le regard constamment baissé suggère un comportement auto-centré.

Il faut néanmoins éviter un effort soudain et privilégier la progressivité. L'activité physique n'est pas obligatoirement sportive et peut se résumer à 60 minutes de marche quotidienne. Après tout, les enfants grimpaient autrefois aux arbres alors qu'ils sont aujourd'hui 34% des 2-7 ans (un âge où normalement on ne tient pas en place) à être en surpoids.

Contrairement aux sédentaires de la semaine qui concentrent tout leur sport le week-end, cette préparation à l'effort passe par le principe du « qui peut le plus, peut encore plus », en privilégiant des exercices de pliométrie simples tels que les sauts ou les flexions des jambes, que la salle entière a effectuées quelques minutes. Cette philosophie suppose une courbe de progression en dents de scie ascendantes où l'on réduira régulièrement l'intensité pour reposer son corps et son esprit.

Quant à Laurent Dion, professeur d'E.P.S. au lycée Emiland Gauthey et père de trois enfants dont les deux plus grands l'ont accompagné, il témoigne que « les enfants n'écoutent pas, ils imitent ». Résultat, la famille planifie des activités fédératrices pour la maisonnée afin de pratiquer en équipe et de s'encourager les uns les autres.

Entre féminisation du sport et réalité de la vie de famille
Le conseiller régional Franck Charlier a rappelé les investissements massifs réalisés en Bourgogne-Franche-Comté pour les équipements de haute performance du CREPS afin de rendre le sport accessible à tous.

D'après lui, les gens décrochent de l'activité sportive à l'arrêt des études et lors de l'entrée dans la vie professionnelle, et les femmes sont deux fois plus concernées (30%) que les hommes. Les disciplines les plus touchées sont les sports contraignants et d'équipe. Il appelle ainsi à féminiser davantage le sport, ce qui suppose que plus de femmes doivent s'investir dans les associations.

Une position tempérée par la sénatrice et médecin de métier Marie Mercier, qui trouve qu'on en demande déjà beaucoup aux femmes et qu'il ne fait pas bon leur rajouter des injonctions sociales. Mieux vaut promouvoir une certaine hygiène de vie sans se mettre la pression : « on mange quand on a faim, on ne se culpabilise pas soi-même ni les femmes qui font déjà bien assez de choses. »

Chaque famille est différente, toutes n'ont pas forcément le temps, ni les revenus pour s'astreindre au 'cinq fruits et légumes frais par jour'. Mieux vaut ainsi rechercher l'équilibre et le bon sens (« comme pour les lois »), et ne pas oublier de se faire plaisir de temps en temps pour être bien dans sa tête.

Reste que pour les jeunes, comme entendu lors de la course des primaires, l'E.P.S. ne devrait pas être notée comme les autres matières…