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A Puligny-Montrachet, la généalogie dans le sang

A Puligny-Montrachet, la généalogie dans le sang
Ambiance studieuse pour des recherches fructueuses.

C'est dans le joli petit village de Puligny-Montrachet, dans ce haut lieu des grands crus bourguignons, que m'accueille Aliénor Creutzer, 26 ans, jeune passionnée d'Histoire et de musique. Assise dans son salon, je m'aperçois tout de suite de son amour pour les livres, une grande bibliothèque richement dotée de partitions et d'ouvrages y trône fièrement, ainsi qu'un magnifique piano à quart-de-queue de 1935 : « Un héritage précieux de mon grand-père », me dit-elle.

Mais la passion qui l'emporte le plus, c'est la généalogie. Pour elle, ce n'est pas qu'une simple distraction que l'on pourrait penser ennuyeuse où démodée. C'est tout un travail de recherches extrêmement minutieux et passionnant.

Après avoir obtenu une licence en Histoire de l'Art et un master en archéologie, je comprends alors l'engouement qu'elle porte pour cette science dite « auxiliaire de l'histoire ». Pourtant, c'est à l'âge de 14 ans qu'elle commence à s'y intéresser : « C'est grâce à ma maman que j'ai commencé la généalogie. Elle essayait de retracer l'histoire de sa famille. C'est donc en reprenant ses notes de recherches que je me suis rendue compte que je voulais aller plus loin », me dit-elle.

Elle m'évoque alors ses premières recherches. À côté de chez elle, il y avait un château, aux allures sombres et à l'état plus que discutable. « Abandonné depuis plusieurs années », m'explique-t-elle.

Le mystère que dégageait ce lieu a vite poussé la jeune fille qu'elle était à en savoir plus : « Ce château m'intriguait, je voulais connaître son histoire, son époque, savoir qui l'avait habité. J'ai commencé à chercher sur les archives en lignes, car je n'étais pas majeure à ce moment-là. J'ai retracé tout l'historique du bâtiment et l'affiliation de la dernière famille qui l'a habité et j'ai trouvé ça passionnant », me confie-t-elle.

 

Un travail de longue haleine

 

Pour réussir à remonter le temps, la jeune femme utilise de nombreux outils de recherches. Parmi eux, des sites internet spécialisés dans la généalogie : Mémoire des Hommes, Filae ou encore Geneanet. Mais rien de mieux que le papier pour se fondre dans l'ambiance de l'époque : « Je lis beaucoup de livres des Éditions Archives et Cultures pour mes bases de recherches. Les archives départementales sont aussi une mine d'or en matière d'informations. On trouve facilement en ligne les actes de naissance, de décès et les contrats de mariage. Concernant les actes notariés, on les trouve uniquement sur place », m'explique-t-elle.

En plus de retracer l'histoire de chaque famille, Aliénor utilise ces documents pour rentrer un peu plus dans leur intimité : « Je retrouve dans les contrats de mariage, qui pour la plupart étaient des mariages arrangés, des inventaires extrêmement précis des biens que possédait chaque époux. Des meubles, un service en porcelaine, du linge en tout genre, allant même jusqu'au bois utilisé pour le lit. Mais aussi toutes leurs propriétés, leur fortune, leurs dettes. Cela me permet aussi de savoir quels étaient leurs statuts sociaux ».

Elle m'explique qu'il est important de se remettre dans le contexte historique et géographique pour mieux connaître leurs conditions de vie, sous quel régime politique, ils ont vécu, les différentes avancées technologiques qu'ils ont connu : « C'est vraiment un travail long et méticuleux, je prends beaucoup de temps à faire des recherches sur l'Histoire en général. Après, c'est un patrimoine génétique et historique qu'il faut préserver. Le plus amusant dans mes recherches, c'est que j'y déterre des secrets ou des anecdotes que même les descendants des familles ne connaissent pas ».

 

Une passion et bien plus encore

 

Ce que préfère Aliénor dans la généalogie, c'est partager ses découvertes avec ses proches : « Je savais que mon père adorait ses grands-parents paternels qui étaient allemands. À la mort de mon grand-père, j'ai retrouvé dans la maison familiale, des anciennes lettres d'amour, des « Ausweis » qui étaient des laissez-passer pendant la guerre, énormément de photos. J'ai regroupé toutes mes trouvailles et je les ai rassemblées dans un livre que j'ai offert à mon papa pour son anniversaire. C'était le plus beau cadeau qu'on ait pu lui offrir », me dit-elle avec émotions.

En plus de réaliser des livres pour sa famille, Aliénor partage ses recherches sur les réseaux sociaux via un groupe de famille : « Ça amuse beaucoup mes proches de lire mes petites chroniques sur les réseaux. C'est toujours satisfaisant de savoir que mes recherches leur plaisent autant ».

Une passion qui se partage et qui n'est pas prête de s'arrêter pour la jeune femme : « Je fais ça juste pour le plaisir, en tout cas aujourd'hui, mais j'espère que dans un futur proche, je pourrais m'auto-éditer et en faire profiter d'autres personnes à des fins professionnelles ».

Son prochain projet, et pas des moindres, tenter de retracer la vie des soldats de son village, morts pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

 

« La famille, c'est comme les branches d'un arbre ; nous grandissons tous dans de différentes directions, mais nos racines sont les mêmes ». Proverbe anonyme