Société

Handicap à l'école : les AESH en grève ce mardi réclament un vrai statut

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 14 Juin 2023 à 07h08

Handicap à l'école : les AESH en grève ce mardi réclament un vrai statut

Manque de considération, burnout, précarité, salaires bas… Plusieurs syndicats appelaient ce mardi à la grève des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). L'occasion de dénoncer les dysfonctionnements du dispositif PIAL, l'Acte 2 de l'École inclusive et la future fusion des AED et des AESH. Plus de détails avec Info Chalon.

Sans eux, de nombreux enfants en situation de handicap ne pourraient tout simplement pas aller à l'école. Plusieurs syndicats appelaient à la grève des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), ce mardi 13 juin 2023. 

Fin avril, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait que les accompagnants, recrutés jusqu'ici uniquement sur le temps scolaire (28 heures), pourront l'être désormais 35 heures afin d'être présents aussi sur le temps extrascolaire.

Une mesure jugée «insuffisante» pour les six syndicats* à l'origine de cet appel à la grève qui réclament une vraie reconnaissance de leur métier, notamment à travers la création d'un statut à part entière «de fonctionnaire de catégorie B» et «des salaires décents».

On dénombre environ 132 000 AESH qui accompagnent actuellement 430 000 enfants, selon les chiffres du ministère publiés à la rentrée de septembre 2022.  Ils sont environ 1300 en Saône-et-Loire.

Beaucoup d'entre eux travaillent à temps partiel.

Le nombre de postes budgétés en «équivalent temps plein» (ETP) est moindre : on comptait ainsi 79 000 ETP à la rentrée 2022, et près de 83 000 sont prévus à la rentrée 2023, selon l'AFP.

Un AESH touche moins de 900 euros. Un salaire qui a été augmenté deux fois du fait de l'inflation «par obligation».

Un maigre salaire qui a été augmenté de 3 euros cette année...

En novembre 2022, le chef d'État avait annoncé une augmentation salariale de 10 % pour les accompagnants à partir de la rentrée de septembre 2023.

À la faible rémunération, s'ajoute le statut particulièrement précaire : temps partiel imposé, statut contractuel et peu de perspectives d'évolution.

Pour l'Intersyndicale, si l'Acte 1 de l'École inclusive, «c'était déjà la cata, Acte 2 ne sera pas mieux».

Parmi les annonces, une d'entre elles met le feu aux poudres : la fusion à l'horizon 2027 des missions des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) et des surveillants de collèges et lycées (AED) en un seul métier qui s'appellerait accompagnant à la réussite éducative (ARE).

Un projet qui suscite l'indignation des AESH.

Pour les organisations syndicales, il s'agit d'une vision «résolument guidée par la réduction des coûts totalement déconnectée de la réalité».

«C'est une mauvaise réponse à une vraie question», affirme Nathalie Bourceret, secrétaire du Syndicat National Unifié des Directeurs, Instituteurs, Professeurs des écoles, PsyEN et AESH du 1er degré - Force Ouvrière (SNUDI FO), «la démarche est bien là, la proposition de missions pose problème».

«Fusionner ces deux métiers, c'est non seulement imaginer qu'ils sont interchangeables mais surtout méconnaitre leurs missions», estime Aline El Gourchi, une AES CGT Éduc'Action.

Pour Sonia DIeudonné,  coordonnatrice ULIS au collège Robert Doisneau (SNES-FSU), «le poste est volontairement mal défini».

«C'est nier les spécificités des AESH, AED ainsi que les élèves qui en bénéficient», précise cette dernière.

Outre la non reconnaissance du burnout car oui, bon nombre d'AESH craquent, l'Intersyndicale dénonce les Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL), un dispositif mis en place en 2019.

Une mesure gouvernementale qui n'est pas soutenue par les principales associations de parents d'élèves. il y a 36 PIAL en Saône-et-Loire.

L'Intersyndicale revendique avec les personnels :

— La création d'un véritable statut de la Fonction publique pour les AESH
— L'augmentation des rémunérations de toutes et tous les AESH sur toute leur carrière, avec comme objectif l'alignement sur la grille des catégories B
— La garantie de pouvoir travailler à temps complet sur la base d'un accompagnement élève à 24 heures
— L'abandon des PIAL et de la politique de mutualisation des moyens
— Le recrutement des AESH qui manquent pour permettre à tous les élèves en situation de handicap de bénéficier d'un accompagnement à la hauteur de leurs besoins
— La garantie d'accès à des formations à la hauteur des missions.

Faute d'un dialogue constrructif, l'Intersyndicale envisage une nouvelle mobilisation du même type de celle du 19 octobre 2021.

* CGT-CNT-FSU-Sud-Solidaires-FO

(Plus de détails à venir sur Info Chalon)

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati