Faits divers

A Chalon, des mentions au casier à n'en plus finir...des violences conjugales et de nouvelles condamnations

A Chalon, des mentions au casier à n'en plus finir...des violences conjugales et de nouvelles condamnations

Il est sans domicile fixe depuis que ce mardi dans l’après-midi ils se sont mis sur la tronche et faut voir comment, au domicile de madame où monsieur vivait depuis environ deux ans.

Au cours de ces deux années il fut incarcéré pour des violences sur elle. Elle dit à l’audience qu’elle lui a demandé plusieurs fois de partir mais « il ne voulait jamais ». « Au quotidien, quand il y a quelque chose qui ne va pas, il s’en prend à moi. » Des insultes, des brimades, des « ouvre-toi les veines », rappelle le procureur (et ça dit une violence épouvantable). Ils ont tous deux à répondre de violences sur l’autre, ce jeudi 31 août à l’audience de comparutions immédiates.

La jeune femme (27 ans) travaille. Elle finissait tard, est rentrée deux heures et demie plus tard, dans la nuit du 28 au 29. Il lui a demandé des comptes, sans aménité bien au contraire. Du coup elle est repartie, n’est revenue que le lendemain. Le terreau était délétère et toxique depuis toujours. Quand il a été condamné pour des violences sur elle en octobre 2022, il avait l’interdiction d’entrer en contact avec elle, elle n’a pas respecté le cadre. C’est ainsi que maître Halvoet, qui défend l’homme, assoit la toxicité de la relation, là où maître Lopez, qui assiste madame, ne la voit que chez monsieur. Mais à la limite peu importe : il faut que ça s’arrête parce que ce mardi 29 c’est allé trop loin. Et si l’on en croit maître Lopez, ça allait loin depuis un moment : l’avocat dit que monsieur surveillait madame, la géolocalisait, l’abreuvait d’insultes dégradantes.

La carte SIM

Lui, il avait piqué la carte SIM de sa copine et l’avait installée dans son téléphone. Il l’en prévient alors qu’elle repartait. Forcément elle est remontée à l’appartement. Elle s’est saisie d’un couteau, « pour me protéger », elle dit qu’elle ne fait pas le poids face à lui. « Monsieur, vous lui avez bien dit de vous planter ? » L’homme : « Oui, je me suis mis devant elle et je lui ai dit ‘Ben vazy, plante-moi’. » Elle l’a piqué à l’épaule, « par colère, à cause d’une accumulation ». Il lui a tiré les cheveux. Il dit qu’en fait il s’est rattrapé à ses longs cheveux quand la frappe (maîtrisée mais quand même) du couteau l’a déstabilisé. « Couple toxique » dit le procureur.

C’est des pauvres gens. La pauvreté ne se mesure pas seulement à la question des revenus (elle gagne sa croûte, lui, non, et comme ils vivent ensemble il ne peut pas prétendre au RSA), elle se lit sur leurs visages et dans leurs difficultés de vie.

Elle

A son casier 4 mentions dont 3 condamnations (conduite en ayant fait usage de produits stupéfiants, problèmes de plaques d’immatriculation sur le véhicule, défaut d’assurance et abandon de famille). Elle a un enfant, elle travaille, elle est asservie à l’héroïne. « Je suis suivie par le SPIP, l’ISMJ, l’AEMO, et la MDJ. » Elle est reconnue travailleur handicapé, elle a un enfant et un dossier de surendettement dont la procédure suspend pour le moment la menace d’expulsion. Sur son compagnonnage, elle dit : « Il avait arrêté l’alcool, il avait arrêté la cocaïne, il travaillait et ça allait bien, jusqu’à ce qu’il perde son emploi. » Maître Lopez dit qu’une enfance attaquée par la violence l’a rendue « vulnérable », qu’elle va vers « les mauvaises personnes » et qu’elle doit être protégée (des autres, mais aussi d’elle-même, du coup).

Lui

38 ans, 15 mentions à son casier, condamné surtout pour des vols, mais aussi des rébellions et outrages à l’encontre de policiers, mais aussi trois faits de violence. En octobre 2022, il est condamné à 12 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans (déjà pour des violences contre la co-prévenue). Il est sorti de prison fin mai. Il n’a pas d’enfant, pas de permis de conduire, pas de logement, pas de ressources. Mais il a signé un contrat pour faire les vendanges dans une dizaine de jours et puis il est sous main de justice, déjà. S’il n’était pas incarcéré il pourrait dormir où ? « J’ai quelques amis qui peuvent m’héberger. – Qui ? – J’ai pas forcément les noms de famille. – Pas de famille pour vous ? – Non. Je suis un enfant de la DDASS. » Maître Halvoet prend le temps de plaider que « le renvoyer en maison d’arrêt pour ça (pour avoir tiré les cheveux), c’est un peu cher payé ».

Le tribunal ne les enfonce pas davantage

Le tribunal les déclare coupables et les condamne :
Lui, à la peine de 3 mois de prison et à 2 mois de révocation du sursis d’octobre 2022. Ça fait 5 mois : il sera convoqué par un juge de l’application des peines (JAP). La présidente l’engage à reprendre « très-très vite » contact avec le SPIP, le service pénitentiaire d’insertion et de probation, pour le sursis probatoire en cours, et à monter un projet à défendre devant le JAP. En peine complémentaire il a l’interdiction de tout contact avec madame ainsi que de paraître à son domicile, et 12 mois de prison à purger s'il enfreignait ce cadre.

Elle, à la peine de 8 mois de prison. Sa peine est aménagée directement en détention à domicile sous surveillance électronique, elle devra voir un JAP bientôt qui en fixera le cadre. Interdiction de porter une arme pendant 5 ans, et elle aussi a l’interdiction de tout contact avec monsieur ainsi que de paraître là où il loge, pendant 3 ans et 12 mois de prison à la clé si elle ne respecte pas les interdits. Les interdictions qui désormais les séparent prennent effet immédiatement. La présidente demande à l’escorte de police de s’assurer que les condamnés ne communiquent pas et repartent chacun de son côté, sans faire d’histoires.

FSA