Opinion

"Suspension de la Maternité d'Autun : une nouvelle organisation qui ne fonctionne toujours pas" pour le député Rebeyrotte

"Suspension de la Maternité d'Autun : une nouvelle organisation qui ne fonctionne toujours pas" pour le député Rebeyrotte

D’ABORD UN RAPPEL :

 A Autun, la Maternité n'a pas été suspendue faute de médecins. Pour être clair et objectif : la suspension de la maternité d’Autun a fait partir les médecins. 

Car c’est bien la suspension, organisée par le Groupement Hospitalier du Territoire (GHT) et l'Agence Régionale de Santé (ARS), qui a provoqué le départ des deux gynécologues en place et permis de ne pas remplacer un pédiatre. 

Il ne faut pas mentir aux morvandiaux !

SUR L’ORGANISATION DES SOINS

Nous sommes retournés à l'Hôpital d'Autun avec mon attachée parlementaire, Carine Beaufils, le 18 décembre dernier, jour anniversaire de la première suspension de la Maternité. 

Quel est le bilan au bout d'un an ? Du côté de l’administration : du bricolage à tous les étages. 

LA DIRECTION DU CENTRE HOSPITALIER

D'abord, toujours pas de directeur à plein temps. Il paraît que c'est en cours… depuis 2 ans et demi.

LE SMUR OBSTETRICAL

Le premier véhicule du SMUR obstétrical, en panne, a été remplacé par une ambulance classique. Un nouveau devrait arriver… mais, le cas échéant, il ne pourra pas transporter la couveuse ET la maman. Il faudra donc deux véhicules. 

Or, qui peut conduire le SMUR obstétrical ? Une personne qui a les qualifications nécessaires. L'hôpital n'ayant pas les personnels qualifiés en nombre suffisant, il faudra qu'un pompier soit d'astreinte sur place, ce qui risque de rendre plus compliqué le travail du Centre de Secours d'Autun. 

Je parle au futur, car rien de tout cela n'a été anticipé et, de fait, rien n’est en place à l'heure où j'écris ces lignes. Comme d'ailleurs le parcours de soins, ou file-active, avec l'Hôtel-Dieu du Creusot qui dysfonctionne et fait que de nombreuses parturientes préfèrent être prises en charge en dehors du territoire, notamment sur la Côte-d'Or.

A la question : le SMUR obstétrical est-il en situation enfin de fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ? La réponse a été claire : NON, TOUJOURS PAS. Au mieux, il pourra fonctionner 28 jours par mois. 

Au mieux ? Oui, si tout est au rendez-vous, tant il y a de complexité et d’aléas. 

LA QUESTION DU NOMBRE EN HAUSSE D’ACCOUCHEMENTS A DOMICILE

On sent la gêne, à l’Hôpital, à l'ARS et au Ministère, quand on se demande si ce type d'organisation d’une extrême complexité, même s’il fonctionnait, n'encouragerait pas le retour des accouchements à domicile, comme avant-guerre, avec les risques encourus. Là, on vous répond qu’on se pose aussi la question et on se la pose au point de lancer une étude nationale sur le sujet. Un retour 80 ans en arrière est-il un vrai progrès ?

LE COÛT

Enfin, passons aux coûts de fonctionnement annuels liés à la suspension de la Maternité d’Autun. Lorsqu’elle fonctionnait (remarquablement et au service de toutes les familles), le budget de la Maternité était d’un peu plus de 2 millions d'euros. Tenez-vous bien : le coût de la nouvelle organisation, en année normale serait de… : 1,8 millions, en comptant les astreintes (non prévues au départ) des sapeurs-pompiers. 

Et je ne parle pas de l'année de transition de 2023 qui aura coûté presque 3 millions. Là, on cauchemarde. 

EN RESUME

Résumons l’opération : des services désorganisés, des risques et des complexités à tous les niveaux, deux véhicules, des personnels et des sapeurs- pompiers d’astreinte et mobilisés, le tout sans assurer un service 24/7,  pour le même coût qu’avant et des Mamans qui se demandent si ça n’est pas finalement plus simple de rester chez soi pour accoucher.

Le fiasco redouté hélas. 

Bravo l’ARS Bourgogne Franche-Comté !

UN VŒU POUR LA SANTE

Il est grand temps de supprimer les ARS, de remettre les Préfets en responsabilité territoriale de la santé publique avec des équipes qui travaillent et ne se prennent pas pour ce qu'elles ne sont pas.

En cette période de vœux, je fais celui en 2024 d'une grande loi portant sur la santé et l’accès au soin, santé de ville et santé hospitalière, pour relever les défis qu'attendent nos concitoyens.

Comment en être surpris ? Nos concitoyen placent la santé publique et la sécurité sanitaire en tête de leurs préoccupations, selon toutes les enquêtes d’opinion. Et on les comprend !

Rémy REBEYROTTE, Député de Saône-et-Loire, 

Conseiller régional

Secrétaire de l’Assemblée nationale