Opinion
"Le classement des collèges, un outil du séparatisme social et scolaire" déplore la CGT Educ'Action Saône et loire
Publié le 25 Mars 2024 à 08h59
En France, les résultats scolaires sont, plus que partout ailleurs dans le monde, corrélés à l’origine sociale. Non seulement notre système éducatif ne parvient pas à réduire les inégalités, mais il les aggrave. C’est ce qui ressort de toutes les études internationales, comme PISA, mais il suffit de regarder le classement des collèges qui vient d’être publié pour s’en rendre compte : Les collèges privés, qui concentre les élèves des plus hauts niveaux socio-professionnels paradent dans le haut du classement. En contre-point, les collèges en éducation prioritaire ou qui mériteraient de l’être sont à la peine.
Nous ne portons aucun crédit à un telle comparaison alors que les collèges passés au crible ne sont pas sur le même pied d’égalité : Outre l’effet indéniable du séparatisme social, certains collèges privés sur-notent pour améliorer les résultats, désinscrivent des "mauvais·es" élèves au juste avant le Brevet pour qu’ils·elles le passent en candidat·es libres, n’ont aucune obligation d’accepter un·e élève exclu·e d’un autre établissement, n’accueillent aucune classe SEGPA et une seule classe ULIS en Saône-et-Loire, et ne sont pas dans l’obligation d’appliquer les réformes imposées aux collèges publics.
D’autre part, au regard des effectifs et de leur grande disparité (principalement entre collèges ruraux et urbains), il est évident que la réussite ou l’échec de quelques un·es (parfois juste pour des raisons de santé ou familiales) fasse varier fortement le classement d’une année sur l’autre.
En réalité, la publication d’un « Palmarès » des collèges vise un double objectif : attiser la concurrence entre l’école publique et le privé et encourager le séparatisme social qui déjà mine notre système éducatif. Enfin, alors qu’ils·elles n’ont pas la main sur leurs conditions de travail, c’est encore aux personnels que l’on va faire porter la responsabilité des résultats.
Pourtant, ce sont bien les personnels qui subissent : • les augmentations des effectifs de classe ;
• la successions des dispositifs qui prétendent pallier les défaillances du système, mais dont l’efficacité n’est jamais objectivement évaluée ;
• les programmes encyclopédiques, dont la cohérence est parfois à interroger ; • les heures supplémentaires imposées ;
• les formations sur le temps personnel et familial ;
• les postes partagés sur plusieurs établissements ;
• la multiplication des tâches qui incombent aux professeurs principaux ;
• les attaques insidieuses des ministres et politiciens qui dénigrent régulièrement nos statuts et nos conditions de travail, sapent notre légitimité et remettent en cause notre professionnalisme ;
Le même mécanisme est à l’œuvre avec les groupes de niveaux promis à la rentrée 2024. On voudrait nous faire croire que regrouper les élèves faibles entre eux pourrait permettre une aide plus efficace et que les bons élèves pourront enfin travailler dans le calme. Or ce n’est pas ce que montrent la recherche pédagogique, l’histoire de notre système scolaire et les comparaisons internationales.
Le « Choc des savoirs » de Macron et Attall tourne le dos à toute volonté de démocratisation de l’Éducation au détriment des élèves les plus fragiles dont il organise le tri social dès la sortie de l’école primaire.
Ce n’est pas d’un choc des savoirs ou de mise en concurrence dont l’Éducation nationale a besoin mais bien d’un choc des moyens, partout selon les besoins. Salaires, postes, conditions de travail, sens du métier, il y a urgence à redonner les moyens à l’École publique gratuite et laïque de remplir ses missions au service de l’ensemble des élèves.
A l’image de la mobilisation pour un plan d’urgence en Seine-Saint-Denis, la CGT Éduc’action 71 appelle l’ensemble des personnels à se réunir en assemblée générale pour établir leurs revendications et à débattre de la reconduction de la grève pour obtenir satisfaction et porter un projet d’École et de société émancipateur pour toutes et tous.
à Chalon sur Saône, le 24/03/2024
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