Chalon sur Saône

A Chalon sur Saône, tous extasiés par une Michèle Torr persuasive

A Chalon sur Saône, tous extasiés par une Michèle Torr persuasive

Attendue au coin du bois (en l’occurrence la salle Marcel-Sembat !), car connue comme le loup blanc, la chanteuse à voix qu’est Michèle Torr n’a pas eu à forcer son talent ce samedi soir 6 avril à Chalon-sur-Saône. Tout sauf une surprise.

Un timbre de voix reconnaissable entre tous

Avec un coffret intégral de quelque quatre cent soixante-titres gravés dans le marbre, Michèle Torr peut voir venir ! Une fée s’est penchée sur son berceau il y a…déjà un certain temps, pour ne pas dire un temps certain, et l’alchimie se perpétue d’année en année entre ses adorateurs et elle. Plus de soixante ans après son essor, l’amie de cœur dispose d’un magnétisme qui ne présente pas de signes extérieurs d’érosion. A Chalon la sudiste a brassé la nostalgie, pansé au mieux les âmes meurtries par les vicissitudes de l’existence, relativement à une époque certes révolue, mais qui brille encore de mille feux dans le for intérieur des personnes enclines à l’exhumation d’un passé vivace. Superbement cornaquée par une voix chaude, puissamment charpentée, aux intonations à la gravité indéformable, l’interprète adulée s’en remet à ses musiciens Olivier Gadet (guitare), et Alain Antonelli (piano) pour consolider ce qu’elle veut exprimer. C’est un fait acquis, Michèle Torr s’épanche amplement entre chaque tranche de vie chantée. Au Québec (où elle effectuera une tournée au mois d’octobre prochain) la tradition est de parler durant les intervalles. Une probante préparation en somme !

Lorsque le saisissement s’empare de chacun-e d’entre nous

Ses chansons prennent du sens, remuent les tripes, suscitent des sentiments divers et variés. Comme dans « La première chanson », un hymne appuyé à sa maman, « A mon père », donc à qui vous savez. Ou en extrapolant avec « La louve ». En injectant du blues dans «Je ne veux chanter que l’amour ». Le champ des possibles catégoriques transite par « Un enfant c’est comme ça », « J’aime », « Lui » et les jeux interdits, etc. tout un panel de la sentimentalité quelquefois rudoyée. Et puis quand l’heure était venue de remettre pour la énième fois la tenue de soirée à ses tubes, les louangeurs de toute espèce sont montés davantage au créneau. « Une vague bleue », «J’en appelle à la tendresse », « Je m’appelle Michèle », « Emmène-moi danser ce soir »…devaient faire battre le pouls plus rapidement encore. Œcuménique, la chanteuse l’aura été. En saluant respectueusement la mémoire de Sœur Emmanuelle, C. Jérôme par le biais de cordes vocales mises en ordre de marche avec « Discomotion », « Le p’tit bonheur » (Félix Leclerc), « Non, je ne regrette tien » (Edith Piaf), « La quête » (Jacques Brel). Un vaste tour d’horizon qui n’a jamais cédé à l’inconsistance. Cela méritait bien un ban bourguigon, certes timide, mais quand même. Descendue dans l’arène à la fin de son tour de chant, elle a retrouvé ses fans ensuite au cours d’une séance de dédicace. Puis de fêter son anniversaire en compagnie de son omniprésent fan-club.

Odette poursuit l’œuvre accomplie

Dans l’assistance se tenait au quatrième rang la Tournusienne Odette Mondange. En apparence seule malheureusement, car son époux Claude (en photo avec Michèle Torr), nous a quittés au mois de décembre 2023. Tous deux comptabilisaient à la fin de l’année dernière une quarantaine d’années au sein du fan-club, série en cours. Avec ce que cela peut laisser deviner quant à cette longévité, contrariée par un sort contraire…

                                                                                                                Michel Poiriault

                                                                                                                [email protected]