La comédie «Une idée géniale » ? Oh que oui !

La comédie «Une idée géniale » ? Oh que oui !

Pris entre le marteau et l’enclume –l’amertume de la dernière pièce des Théâtrales appliquée à l’exercice 2023-2024 signifiant la mise au repos au plan local, et le bonheur intégral de la vivre de fond en comble- le public a choisi la seconde option. Pas folle, la guêpe !

Des distinctions éloquentes

En ce dimanche 21 avril à l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône les avantages substantiels émis avec bonheur par la comédie reconstituante « Une idée géniale » pondue par Sébastien Castro se sont avérés nombreux. Tenez-vous le pour dit. Le vaudeville a décroché en 2023 deux Molières : celui de la comédienne dans un second rôle, attribué à Agnès Boury, ainsi que celui de la comédie. Ce n’est pas rien, quand même ! En partant de là, c’était le gage d’une vision qualitative équipée avec un arsenal de bienfaits.

 

La convoitise comme point d’ancrage

Une histoire de fous que cette pléiade de personnages tombés sur la tête. Obnubilé par le mobile de la jalousie, le mari (José Paul, par ailleurs co-metteur en scène) est suspicieux quant à l’attachement sentimental que son épouse serait susceptible d’avoir pour un agent immobilier, suite à la visite d’un appartement. C’est alors qu’il prie un sosie de bien vouloir remplacer pour un test grandeur nature son hypothétique rival, histoire de confirmer, ou d’infirmer son pressentiment. Déjà pas du tout cuit sur le papier, mais lorsqu’un frère jumeau s’immisce dans un relationnel biscornu, on touche franchement le fond avec, en y regardant à deux fois, trois copies conformes, ces sosies semant la zizanie de bout en bout…

 

Un enchevêtrement de bonnes choses propices au chambardement

Non-dits, imbroglio, subterfuge, mélange des genres, faux et usage de faux, don d’ubiquité, chassés-croisés, dialogue de sourds…la mariée fut trop belle ! Tout était cadenassé dans le postulat afin de faire bonne figure et de n’offrir que la crème du meilleur. La redoutable finesse d’écriture de Sébastien Castro, son ingéniosité, éludant les artifices de la trivialité crasse, a tapé dans le mille. Avec son style inimitable de lourdaud, son singulier jeu, très pince-sans-rire, grotesque, Sébastien a fait l’unanimité de par des déboulés amenant sans faillir les rires librement consentis. Tout comme au demeurant José (le mari possiblement bafoué), Laurence Porteil (sa femme). Quant au quatrième larron, Agnès Boury (également co-metteuse en scène), elle n’aura pas donné sa part aux chiens. Il y a eu incontestablement matière à rire, tant le suspense était de mise, agrémenté par d’innombrables retournements de situation. Allégé par les décrispations, le public a rendu à César ce qui est à César au moment du convivial salut. En effet, l’ovation debout devait sceller de manière définitive sa grande approbation. De quoi tenir six mois avant le retour des Théâtrales, au mois d’octobre.

                                                                                                         Michel Poiriault

                                                                                                        [email protected]