Politique
Gilles Platret veut lancer un nouveau parti
Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI
Publié le 17 Juillet 2024 à 11h00
Le candidat malheureux aux élections législatives anticipées prépare le lancement d’un nouveau mouvement avant l'automne. Plus de détails avec Info Chalon.
Alors qu'il a fini en deuxième position à Chalon-sur-Saône avec 33,08 % des suffrages exprimés et bon dernier de la 5ème circonscription avec 27,92 % des voix au second tour des élections législatives anticipées, Gilles Platret ne s'avoue pas vaincu. Le candidat-maire entend créer un nouveau parti de droite. La création de ce nouveau mouvement, dont le nom ne nous a pas encore été communiqué, doit être officialisée au cours de rencontres organisées en septembre à Chalon-sur-Saône.
Le futur parti revendique son attachement à l'«identité française», «l'autorité» et «les valeurs de l'effort et du travail». Si Gilles Platret assumera la présidence du mouvement, aucun autre nom n'a encore été dévoilé. On peut penser que Frédéric Borne, son suppléant lors des derniers élections, y figurera en bonne place. Le franc-parler et l'engagement sans faille de cet exploitant agricole d'Écuisses a, en tout cas, été apprécié par celles et ceux qui ont porté leur confiance au candidat sans étiquette.
Le futur lancement de ce nouveau mouvement montre que le maire de Chalon-sur-Saône n'a pas abandonné toute ambition nationale.
Comme un premier tour de chauffe, une première réunion publique a eu lieu ce mardi 16 juillet, 19 heures, au Square Soubrane.
«Cette élection, même si elle ne s'est pas conclut par une victoire, n'est qu'un commencement», prévient d'entrée de jeu Gilles Platret.
Celui-ci qualifiera ces élections législatives anticipées de «campagne d'arrache-pied» et «éclair». «Jamais on a vu un président prendre une décision avec autant de légereté», déplore ce dernier, «il y avait sans doute de quoi se donner un peu de temps (avant de prendre une telle décision)».
«Les Français étaient en droit d'attendre un débat !»
Pour l'édile, le président de la République Emmanuel Macron et son gouvernement ont pris «une cargaison invraisemblable de décisions hors-sol».
«Une équipe qui a contribué l'émiettement du pays»
«Je suis plus indulgent envers Gérald Darmanin (Ndlr : le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer) qui a pourtant été bridé mais personne ne l'a obligé à rester», concède-t-il.
Il sera beaucoup moins tendre envers Bruno Le Maire qu'il qualifiera de «pire ministre des Finances».
À l'échelle locale, le maire tâclera le député sortant issu de la majorité présidentielle Louis Margueritte qui, il l'assure, aurait dit que «tout était de la faute de Gilles Platret».
Un gouvernement qui, selon Gilles Platret, par son laxisme, est à l'origine du développement de l'insécurité et de l'islamisme politique, deux de chevaux de bataille du premier magistrat de la ville.
Pour ce dernier, cette «lame de fond», à savoir l'augmentation de ces crimes et délits et une immigration «hors de contrôle», remonte aux années 70 avec le regroupement familial.
«Plus personne ne sait qui rentre dans ce pays (...), ça ne peut pas tenir», regrette l'édile.
Excluant une immigration zéro «qui serait fatale à l'économie du pays», Gilles Platret opte pour une immigration choisie ou plutôt «contrôlée», selon ses mots.
Il s'est ensuite tourné vers ses soutiens de la première heure pour les remercier.
«En un temps record, avec une équipe à jamais dans mon cœur, vous avez réalisé une belle campagne», lance-t-il à ces derniers, même s'il concède qu'il lui a manqué «7000 voix», avant d'ajouter : «Nous avons planté quelque chose».
«Nous étions sans armure sur un champ de bataille où les étiquettes politiques pleuvaient comme des obus»
Farouchement attaché à son «goût d'indépendance», le candidat-maire prend l'assistance à témoin : «Combien de fois ai-je senti la nécessité de m'éloigner du parti de mon cœur ?».
Gilles Platret a aussi eu une pensée pour Nathalie Leblanc, «une farouche opposante qui n'a jamais trahi ses idées socialistes» et dont il loue «la force de convictions».
Dans une longue tirade dont il le secret, le maire insistera sur les notions de convictions, valeurs et d'indépendance.
Revenant sur la campagne des élections législatives anticipées, celui-ci déclarera : «Ils sont en train de nouer des alliances dans le dos des Français !».
«Cette élection, c'est une entame !», prévient le maire.
«15 000 électeurs ont accepté de voter pour un candidat sans étiquette», dit-il avec fierté avant de faire allusion au désistement de Louis Margueritte : «Quand j'écrivais d'une manière sybilline : la nuit porte conseil... mais de quel droit force-t-on un candidat à se désister ? On l'a menacé ! C'est Paris qui l'a forcé (à se désister)!».
Raillant les appels à faire barrage au RN, l'édile parlera d'«armée d'hydrauliciens».
«Comme si les Français n'étaient pas assez grands pour se décider»
Preuve, s'il en faut, que «le poids des appareils est encore trop fort» et qu'il a pour but de «contraindre la souveraineté du peuple».
«Le mouvement que nous allons lancer ira plus loin que la 5ème circonscription de Saône-et-Loire !»
«Il y a une quinzaine de formations politiques dans l'Assemblée (nationale). Jamais depuis 1958 (Ndlr : L'année d'instauration de la 5ème République), la France n'a été aussi fragmentée», déplore le maire, «et plus fragmentée que jamais !»
Ce dernier s'étonne de la disparition d'Emmanuel Macron sur les affiches de campagne de ses candidats avant d'invoquer la figure du Général De Gaulle et ce que l'Homme du 18 juin 1940 aurait pensé de cette crise politique.
«Il y a bien longtemps que les candidats ne tirent plus les leçons de leurs échecs. Voyez comment les partis (politiques) reprennent leurs mauvaises habitudes», regrette le maire.
«Ce n'est pas un aréopage de députés qui décident qui est le locataire de Matignon !», s'insurge l'édile avant de lancer : «c'est la course à l'échalote !»
Pour lui, une alliance entre le parti de la majorité présidentielle Renaissance et le Nouveau Front Populaire serait une erreur historique, préfèrant voir à la tête du gouvernement un haut fonctionnaire ou un haut gradé issu de l'armée.
Craignant que la France Insoumise applique un des points de son programme, à savoir l'augmentation du SMIC à 1600 euros, Gilles Platret refuse que notre pays «ne devienne la Grèce».
Place ensuite au volet sécuritaire...
«Plus de la moitié des condamnés n'effectuent pas leurs peines», déplore le maire.
Celui-propose une répression accrue de la délinquance, de lutter activement contre le communautarisme et l'islamisme par une politique d'assimilation et de restaurer l'école de la République.
«Devons-nous regarder la France s'écrouler ?», lance-t-il à l'assistance, «le pire est en train d'arriver».
Mais une chose est sûre dans son esprit, il «parle à des Françaises et des Français qui aiment leur pays».
«Vivre le débat, c'est nous rassembler malgré ceux qui veulent nous faire taire. Se rassembler pour réagir. Je vous propose de nous retrouver en septembre dans un grand format. Nous avons besoin de nous rassembler et de fédérer les Français. Je ne sais pas vous mais moi, cette campagne m'a dopé», poursuit le maire, «Quand 30% des électeurs votent pour vous, c'est pas le moment de pleurer».
Ses dernières flèches, il les réservera à Libawat, le syndicat des femmes musulmanes de Chalon-sur-Saône, que ce dernier associe aux Frères musulmans.
«Jamais je n'oublierais cette manifestation indigne sous mes fenêtres. Je vais me battre contre l'association derrière tout ça et lui faire mordre la poussière», met en garde le premier magistrat de la ville.
Une prise de parole qui s'est conclue par une Marseillaise suivie d'un verre de l'amitié.
Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati
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