Opinion

Commémorations du 8 mai 1945 - Le Collectif Pour un avenir solidaire en Chalonnais pointe le discours de Gilles Platret

Commémorations du  8 mai 1945 - Le Collectif Pour un avenir solidaire en Chalonnais pointe le discours de Gilles Platret

Pour vivre en paix, il faut… préparer la paix.

Des membres du collectif PAS étaient présents ce 8 mai 2025 aux cérémonies officielles du 80ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne. Durant ce moment de recueillement et de transmission, les discours officiels du ministère des Armées, de l’Union Française des Associations de Combattants et des Victimes de Guerre (UFAC), puis celui du maire de Chalon-sur-Saône, ont largement insisté sur le devoir de mémoire des sacrifices des soldats français, des résistants et des armées alliées pour vaincre l’Allemagne nazie. Ils ont aussi rappelé que la paix est fragile, et notamment en Europe. Cependant, nous regrettons des omissions dans les discours prononcés.

La date du 8 mai 1945 marque la découverte de l’ampleur des crimes nazis, portée par une idéologie raciste dont la Shoah traduit l’horreur absolue. Plus que jamais, il nous faut rappeler la déportation des Juifs, mais aussi celle de tsiganes, d’homosexuels, de communistes, de syndicalistes, parmi lesquels de nombreux résistants et résistantes... Aucun hommage n’a été fait au tribut des soldats enrôlés dans l’armée coloniale. La profanation raciste de la Nécropole Nationale de Chasselay, (appelé le « Tata sénégalais ») aurait pourtant dû faire l’objet d’une attention particulière, cette année. Ce cimetière militaire abrite les tombes de 198 tirailleurs sénégalais massacrés par l’armée allemande en juin 1940 en raison de leur couleur de peau. Le 28 janvier 2025, 48 sépultures ont été profanées par des dégradations à caractère raciste et le drapeau national dérobé. Si ces actes ont provoqué émoi et colère parmi les familles et les anciens combattants, la presse et la classe politique sont restées plutôt silencieuses. Nous le déplorons. Une mention dans le discours des Armées à la mémoire des soldats coloniaux aurait été un signal fort de reconnaissance et d’égalité républicaine, dans un moment où la concorde nationale est à rebâtir. Aucune des vies sacrifiées ne devrait plus être occultée des récits commémoratifs, et ceci d’autant plus que l’intolérance et la haine raciale réapparaissent avec une brutalité complétement assumée.

La date du 8 mai 1945 marque également les espoirs de la reconstruction de la paix mondiale.

Le 26 juin 1945, la Charte des Nations Unies reprenait dans son préambule ces aspirations pacifistes et prônait « la foi dans les droits fondamentaux de l’Homme, dans sa dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites ». La déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée en 1948 a longtemps constitué une boussole pour atteindre cet horizon politique de paix. Pourtant, aujourd’hui les droits humains sont de plus en plus contestés politiquement, voire bafoués par le totalitarisme grandissant. Les commémorations du 8 mai 1945 devraient être des rappels, non pas à anticiper la guerre pour garantir la paix, comme l’a exprimé Gilles Platret, lors de son discours, mais à préparer la paix individuellement et collectivement, c’est-à-dire :

- Combattre pour garantir les aspirations progressistes d’émancipation, d’égalité et de solidarité de l’après-guerre pour faire face aux crises actuelles ;

- Mener la bataille culturelle contre les nouvelles formes d’obscurantisme, les idées d’extrême droite et le néofascisme ;

- Refuser les guerres d’extermination impérialistes et colonialistes de certains États ;

- Créer « les conditions sociales pour favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans la liberté la plus grande » (Préambule de la Charte des Nations Unies).