Chalon sur Saône

Arrêté municipal anti-drapeau palestinien : La vague de réactions continue

Par Karim BOUAKLINE-VENEGAS AL GHARNATI

Publié le 03 Juin 2025 à 18h00

Arrêté municipal anti-drapeau palestinien : La vague de réactions continue

Militants associatifs, politiques ou simples citoyens, ils sont nombreux à réagir à la décision du maire d'interdire le drapeau palestinien à Chalon-sur-Saône. Plus de détails avec Info Chalon.

Les réactions continuent de pleuvoir suite à l'entrée en vigueur de l'arrêté municipal visant à interdire l'emploi sur la voie publique du drapeau palestinien, sa commercialisation sur les marchés et toute manifestation pro-Palestine à Chalon-sur-Saône.

Comme celle de Laurent Bon qui fait des «terroristes du Hamas» et les islamistes «les Nazis d'aujourd'hui». 

«Il est interdit de vendre et d'acheter des drapeaux nazis. Le drapeau palestinien est malheureusement l'emblème du Hamas et des islamistes mais pas le symbole de la lutte du peuple palestinien», estime ce dernier.

Pour lui, «le peuple palestinien a comme premiers ennemis le Hamas et les islamistes». Un peuple qui, toujours selon lui, «doit éliminer le Hamas et se faire représenter par des démocrates et des (musulmans) modérés» avant de conclure sans s'embarrasser de circonlocutions que «oui, le drapeau palestinien n'a pas sa place» dans les rues de Chalon-sur-Saône et que «oui, (il soutient) la décision de Gilles Platret».

Romain Chavanis, ancien collaborateur du député RN sortant Arnaud Sanvert et analyste amateur de la politique locale, a, lui un avis beaucoup plus mitigé : «Du buzz pour faire du buzz... aucun intérêt et illégal en plus. Donc, l'arrêté sera jeté à la poubelle, au lieu de traiter les problématiques à la base, il décide de jeter de l'huile sur le feu. Je trouve pathétique de se servir de 10 petits con***ds qui ont foutu la merde et faire une assimilation avec le drapeau palestinien, les délinquants qui portent ce drapeau sont incapables de mettre la Palestine sur une carte. C'est vraiment lamentable je trouve».

Même son de cloche du côté de Cécile Lamalle, conseillère municipale de la liste Chaque Jour Chalon, «réagir à la minute au communiqué du maire sur les événements regrettables survenus dans la nuit de samedi à dimanche n'aurait servi qu'à participer au buzz que ce dernier voulait provoquer».

«Il a réussi son coup. Les commentaires partisans ont fleuri partout sur les réseaux. La presse a saisi la balle au bon moment et dès le lendemain, il prenait le train direction Paris et les plateaux télé qu'il avait déserté depuis quelques mois, faute de buzz… La stratégie de communication a fonctionné à merveille. Lancer la boule puante et en récolter les effluves nauséabondes pour exister un peu de nouveau au-delà de Chalon», ironise la conseillère municipale d'opposition.

«Avec les coups d’éclat du maire, je me dis toujours qu'il adore faire parler de sa ville en mal. Ailleurs, on doit avoir une bien mauvaise image de notre ville. Il adore prendre la parole pour dire tout ce qui ne va pas à Chalon. C'est sympa pour nous les Chalonnais dont un certain nombre ont honte de ce coup d'éclat dont ils ne sont pas dupes», déplore Cécile Lamalle, «lui qui est maire de la ville depuis 10 ans maintenant devrait se questionner sur ce qu'il a loupé aussi dans sa politique chalonnaise… Tout cela arrive peut-être aussi parce qu'il laisse vivoter la politique de la jeunesse et la politique sociale». 

«Avec ses façons de faire, il réduit les capacités d'actions d'un maire en matière de sécurité à des arrêtés municipaux pour interdire un drapeau dans l'espace publique. Il oublie que le maintien de l'ordre passe par les agents d'abord... Et à eux ils leur proposent quoi ? Un poste de directeur de Police municipale pas remplacé et une animation «Journée Portes ouvertes» ce week-end. Et puis, surtout, il fallait qu'il reprenne la main sur le terrain de la communication après avoir laissé la place à son nouveau meilleur ami et tout nouveau député élu. Lui laisser de la place ici, oui c'est utile pour le bilan économique, pour se faire réélire l'an prochain mais dans les médias à Paris, non. Il faut marquer son territoire parce qu'il n'y aura pas de la place pour deux Chalonnais à Paris… En conclusion, on a bien compris qu'avec cet arrêté, le maire de Chalon ne fait pas de politique mais de la communication et qu'il veut juste continuer d'exister. Chalon au fond, il s'en soucie guère. Mais ça aussi on le sait depuis longtemps», conclut cette dernière. 

L'ancien conseiller municipal de 2008 à 2014 sous le mandat de Christophe Sirugue, Rachid Bensaci, condamne «fermement les violences et dégradations survenues dans la soirée en centre-ville en marge de la victoire du PSG en Ligue des champions». 

«Malheureusement, nous sommes de plus en plus habitués à ce que ce genre d'événements s'accompagnent par des violences urbaines, qui marquent les faits divers», déplore ce dernier. 

Des faits divers qui font, rappelle-t-il, «aussi l'objet de récupérations politiques inacceptables».

«Il est, en effet, du devoir du premier magistrat, garant de la tranquillité publique, mais aussi, en tant que maire de tous les Chalonnais de travailler pour la concorde au sein de notre communauté. Cependant, depuis plusieurs années, Gilles Platret a habitué notre ville à des déclarations médiatiques qui placent Chalon-sur-Saône dans le top des villes les plus abîmées et fracturées en matière de vivre-ensemble. Ses provocations successives, souvent discriminatoires, ciblent systématiquement la même communauté musulmane de notre ville», pointe du doigt l'ancien conseillier municipal avant d'ajouter :

«Gilles Platret se permet d'amalgamer la mémoire de plus de 53 655 victimes palestiniennes, dont plus de 15 613 enfants innocents, en déclarant dans son communiqué que "le drapeau palestinien est devenu le symbole des émeutiers, le signe de ralliement de bandes islamistes décidées à défier les institutions républicaines". Non, Monsieur le Maire, les arguments que vous avancez pour justifier un tel arrêté ne visent qu'à imposer et légitimer votre opinion personnelle. Les véritables manifestants pour l'arrêt du génocide à Gaza et pour la paix en Palestine sont celles et ceux qui se sont réunies dignement ce lundi 2 juin, dans le calme et la sérénité, devant l'Hôtel de ville, en présence d'une majorité de jeunes. Non, Monsieur le Maire, les institutions républicaines sont celles qui garantissent le droit aux citoyennes et citoyens épris de justice de manifester pour mettre fin au massacre des civils dans la Bande de Gaza, tout comme ils l'ont fait lors de l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Non, Monsieur le Maire, les institutions républicaines sont celles qui doivent enfin acter la reconnaissance de l'État palestinien, après tant de combats menés par les partisans de la paix, combats que vous semblez vouloir interdire. Non, Monsieur le Maire, les institutions républicaines sont également celles qui ont déjà suspendu certains de vos arrêtés municipaux par le passé. Souvenez-vous-en ! En réalité, c'est plutôt vous qui défiez les institutions républicaines. Avec tout le respect que je dois à la noble fonction de maire, qui devrait œuvrer pour apaiser notre cité».

Un arrêté municipal qui irrite au plus au point Thuggeur71 qui «en tant que Chalonnais», se dit «choqué par la volonté du maire Gilles Platret d'interdire le drapeau palestinien». Le jeune homme réfute les propos de l'édile concernant le drapeau palestinien «qui n'est pas un appel à la haine, mais un symbole de solidarité avec un peuple opprimé».

«L'interdire revient à censurer une expression pacifique et légitime. En République, personne ne devrait décider quels combats ont le droit d'exister. Je défends la liberté d'expression, la justice et le respect de tous les citoyens», ajoute ce Chalonnais. 

Pour Ivan Maréchal, «on devrait être horrifié par les derniers propos du maire, mais en fait, il ne parvient même plus à nous surprendre tant il est un habitué des propos nauséabonds et outranciers. Il use de la machine à buzz et malheureusement, cela fonctionne, nous obligeant à commenter à chaque fois ses coups de com'. En fait, cela est révélateur de sa fragilité et de son unique stratégie qui consiste à espérer un passage sur les plateaux télé».

«Monsieur Platret s'est abstenu de tout excès le temps des élections législatives mais profite du premier évènement venu pour essayer d'attirer à nouveau la lumière sur lui. Il est certainement meurtri de l'élection de son "ami" Sébastien Martin à la députation qui contraste avec ses nombreux échecs et éteint ses ambitions nationales. D'ailleurs, nous n'avons pas encore entendu l'avis du nouveau député et encore conseiller municipal sur cet arrêté de la honte alors qu'il s'était déclaré contre les idées d'extrême-droite!», poursuit le militant de gauche avant d'ajouter à son tour : 

«Alors le maire souhaite se trouver à nouveau au centre de l'attention en usant du poison de la division et en flattant la partie la plus raciste de son électorat, en stigmatisant une soi-disante mauvaise population "venant des quartiers"; comme si un fait isolé, un individu représentait tout un ensemble, c'est une vision stigmatisante et réductrice. Il pense ainsi se donner une stature virile de défenseur de la République, alors qu'il n'est qu'un petit Napoléon local qui entend gérer son royaume. Alors oui, que des supporters du PSG ou des individus isolés aient profité de cette fête pour contrevenir à la loi, par des violences ou des dégradations, c'est indéniable mais c'est aux enquêtes et à la justice d'établir les responsabilités de chacun et prononcer les condamnations. Mais le maire ne peut en profiter pour faire un amalgame ignoble avec les plus de 53 000 palestiniens décédés dont plus de 15 000 enfants et interdire le drapeau palestinien assimilé à un "étendard d'émeutiers islamistes". Il foule ainsi au pied la liberté d'opinion et la liberté d'expression, alors que cette opinion s'est toujours exprimée dans le calme et sans violence, comme en témoigne encore le rassemblement de ce lundi 2 juin. Il ne pourra pas nous empêcher de réagir dans l'instant à ses provocations mais au-delà de poursuivre en étant, toutes les forces de gauches citoyennes et progressistes unies, notre combat contre le génocide à Gaza, pour la reconnaissance de l'État palestinien et pour une solution politique à deux états, seule issue qui permettra de protéger le peuple palestinien mais aussi le peuple israélien. En définitive, ce que Monsieur le Maire ignore ou feint d'ignorer, c'est que la concorde ne se fait pas en stigmatisant en divisant la population, en attisant les haines mais en garantissant les libertés de toutes et tous, en permettant à chacun de faire entendre sa voix dans une ville solidaire et bienveillante».

«Pour ma part, je laisse le maire à ses dérives autoritaires et je suis convaincu qu'une majorité des Chalonnais voit arriver avec soulagement les prochaines élections municipales pour clore définitivement ce triste chapitre et ouvrir une nouvelle page qui permettra de retrouver solidarité et unité dans notre ville», conclut le militant.

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati