Chalon sur Saône

Gilles Platret pointe "le culot du Préfet de Saône et Loire" et "la lâcheté de l'Etat" après la demande de retrait de l'arrêté municipal

Gilles Platret pointe "le culot du Préfet de Saône et Loire" et "la lâcheté de l'Etat" après la demande de retrait de l'arrêté municipal

Le maire de Chalon sur Saône, visiblement très remonté contre le Préfet de Saône et Loire, parle de "courrier tronqué", "instance mensongère", jusqu'à accuser le Préfet de menacer les personnels de la police municipale.

Ci-joint, le courrier adressé par le maire de Chalon sur Saône au Préfet de Saône et Loire. 

 

 Chalon-sur-Saône, le 4 juin 2025

Monsieur le Préfet,
Je suis inquiet : y a-t-il encore un État en Saône-et-Loire ? L'ordre public constitue-t-il encore une priorité ? La volonté de l'assurer est-elle encore effective sur le terrain ?
À la vérité, j'en doute. Depuis quelques semaines, mes doutes sont devenus des certitudes. Tous les discours que vous avez pu tenir sur le travail que la Ville de Chalon-sur-Saône a mené depuis des années pour assurer la sécurité suintent désormais leur vacuité car ils s'écrasent sur la réalité des faits.
Vous venez de me demander de retirer l'arrêté que j'ai pris pour rétablir le calme à Chalon-sur-Saône en interdisant pendant trois mois l'exposition du drapeau palestinien. Vous l'estimez disproportionné. On ne serait moins faire de votre part quand on minore la vérité des faits, comme vous le faites d'une manière inacceptable à la faveur d'une vision déformée de la nuit d’émeute qui, samedi a pris pour théâtre le centre-ville de Chalon. Vous évoquez 50 émeutiers, mais Monsieur le Préfet ils étaient plus de 200. Vous parlez d'un seul drapeau palestinien, mais, Monsieur le Préfet, il y en avait plusieurs, à l'exclusion de tout autre drapeau.
Ce qu'il y a de proprement scandaleux dans votre description tronquée de ce qu'ont dû subir trois heures de temps policiers nationaux, policiers municipaux et gendarmes, c'est qu'elle ignore les risques qu'ils ont encourus, et tend à en minorer le danger. Et ça n'est pas acceptable.
Des tirs de mortiers ont ciblé les forces de l'ordre, nous l'avons documenté. Des pavés, des bouteilles, des cailloux ont été lancés pour atteindre les forces de l'ordre, nous l'avons documenté. Des rassemblements hostiles se sont organisés pour exacerber la violence sur le boulevard de la République, place de l'Obélisque, place de Beaune, place de la République et pour finir place De-Gaulle à la sortie des bars, nous l'avons documenté.
Ce que nous avons également documenté, c'est que plusieurs drapeaux palestiniens ont été agités au cœur de cette nuit, plusieurs, pas un seul. Ce que nous avons également documenté, c'est qu'un de ces drapeaux, agité par un meneur, s'est retrouvé au centre même de l'émeute, qu'il a servi de point de ralliement aux émeutiers, de vecteur d'encouragement pour avancer au plus près des forces de l'ordre, que son porteur est venu au contact de nos policiers pour les défier, drapeau dans une main, pavé dans l'autre, afin d'exciter sa bande à faire de même.
Tout cela est documenté, Monsieur le Préfet. Mais comment le sauriez-vous puisque personne n'est venu regarder nos images ? J'ai pris la peine, passée la nuit d'émeute, de reprendre au Centre de supervision urbain chaque séquence de ce terrible épisode pour bien mesurer ce qui s'était joué. Vous ne l'avez pas fait, aucun représentant de l'État ne l'a fait, vous ne pouvez donc pas dire ce qu'il s'est passé, moi je le puis.
Rien de tout cela n'est indiqué dans votre courrier tronqué, dont vous ne pouvez ignorer qu'il sera produit aujourd'hui devant le tribunal administratif de Dijon dans l'instance mensongère initiée pour faire casser mon arrêté par la Ligue des Droits de l'Homme, l'association France Palestine Solidarité et le Parti socialiste ! Où est la neutralité de l'État en la circonstance ?
Or, c'est bien sur la base des faits constatés lors de la nuit d'émeute que mon arrêté a été circonstancié et qu'il est par conséquent proportionné.
Dans ces conditions, bien évidemment, je ne le retirerai pas.
Mais il y a plus grave peut-être. Face à ce mouvement insurrectionnel, nos policiers n'auraient pas craint, pour se protéger et ramener le calme, de pouvoir user d'une arme que vous leur refusez depuis cinq mois : des flash-balls. Depuis cinq mois en effet, multipliant les arguties, dont la succession devient honteuse, vous traînez pour accorder cette autorisation. Qu'attendez-vous donc ? Un blessé, un mort ? Vu la violence et la détermination des agitateurs de samedi soir, vous avez bien failli les avoir. Mais il aurait alors été trop tard.
Mais il y a peut-être pire encore, c'est votre absence total de soutien à la Ville de Chalon-sur-Saône à la suite de l'opération fructueuse que nous avons menée avec les Douanes en inspectant une épicerie de nuit il y a deux mois, opération qui s'est soldée par la prise d'une quantité impressionnante de tabac de contrebande -ce qui était l'objet de ce contrôle- mais qui a également permis de saisir 700 g de cocaïne. Or, il m’été rapporté que vous avez demandé au directeur des Douanes de ne plus jamais recommencer une opération de ce genre avec la Police municipale pour que le maire de Chalon ne puisse pas s'en targuer. Ces propos sont extrêmement graves parce qu'ils contraignent une administration de l'État à renoncer à coopérer avec une Police municipale performante pour contribuer à chasser les trafics dans notre ville.
Et que dire aussi de votre courrier pour me demander - c'est décidément une habitude chez vous- de retirer mon arrêté de fermeture administrative de l'épicerie de nuit concernée, ce que j’ai,bien entendu, refusé de faire ? Et si vous avez finalement renoncé à envoyer mon arrêté au tribunal administratif, le mal est fait, car je suis au regret de constater que vous n'êtes plus dans une logique de soutien et coopération avec la Ville de Chalon-sur-Saône, et contrecarrez désormais nos efforts pour assurer la sécurité des Chalonnais.
Je sais très bien que tout cela, vous ne pouvez le faire qu’avec l'accord, voire sur instruction du cabinet du ministre de l'Intérieur. Eh bien, vous direz aux tigres de papier de la place Beauvau que le maire de Chalon ne s'en laissera pas compter, qu'il a été élu pour protéger ses concitoyens, qu'il continuera de le faire, que cela plaise ou non à un État qui, face à une situation sécuritaire qui empire chaque jour en France, manque décidément de courage.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, mes salutations distinguées.


Gilles PLATRET
Maire de Chalon-sur-Saône