Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Un Equatorien pensait transporter en douce des « herbes médicinales ».

TRIBUNAL DE CHALON - Un Equatorien pensait transporter en douce des « herbes médicinales ».

 Il pensait transporter en douce des « herbes médicinales ». Pour une somme de « 5 à 7000 euros ». Qui le lui avait demandé ? No sé ! Il était allé aux toilettes, et c’est « une voix » qui lui aurait proposé le marché. Il n’a jamais vu ces herboristes. 

Dans le box, un chauffeur routier né en Équateur (á Guayaqil, pour les rêveurs) est dans le box. Au lieu de « 5 à 7000 euros à la livraison », il a reçu un contrôle douanier, une retenue douanière, une garde à vue, un défèrement, un placement en détention provisoire le 8 avril dernier, et un jugement ce jeudi 5 juin.

L’histoire

Il était devenu chauffeur indépendant, son ancien patron lui confiait des transports. Cette fois-ci, il fallait acheminer « 28 palettes de conserves végétales » lit le président, d’Espagne, où vit le prévenu, jusqu’en Allemagne. 
A la frontière, il fait une pause, et c’est dans les toilettes, de cabine à cabine, qu’il accepte un deal - « J’ai 120 000 euros de dettes, j’ai pas hésité », il encourt 387 000 de dettes supplémentaires aujourd’hui -, puis il donne son numéro de téléphone à un individu qui reste invisible et anonyme. 

Donc « on » charge le camion... C’est bon, le chauffeur peut revenir à son camion et vamos ! Mais son voyage s’achève sur l’aire du poulet de Bresse, le 6 avril dernier. Dans la remorque du camion, dans des caisses disposées sur les côtés, 83 cartons contiennent un peu plus de 89 kilos d’herbe de cannabis. En bonus, dans un carton, une balise de géolocalisation, qui a pu informer les trafiquants de cette saisie. 

Réquisitions

Autant dire qu’ils n’ont pas volé au secours de leur mule. 47 ans, marié, trois enfants (14, 18 et 22 ans), endetté. « C’est dramatique en termes de conséquences, pour monsieur. C’est dramatique, je le répète, pour ces mules, mais c’est un choix. » C’est la procureur qui parle.
« Monsieur n’est qu’une tout petite maille de cette chaîne, mais on ne fermera pas les yeux, quelle que soit la misère de ces hommes. On ne tolérera pas. L’an dernier, 111 tonnes de cannabis ont été saisies en France, et c’est une goutte d’eau dans l’océan. » Toutefois l’a procureur se dit « émue, quand ces chauffeurs routiers ont femme et enfants dans un pays étranger », elle dit en tenir compte, d’ailleurs, quand elle requiert une peine de 2 ans de prison avec maintien en détention et l’amende douanière de 387 000 euros. 

Plaidoirie

L’avocate (barreau de Paris) dénonce l’absence de toute enquête, même pas un relevé d’empreintes sur le tracker (« On l’a détruit, c’est tout »). « Ce monsieur ne fait pas partie du milieu du trafic de stupéfiants. » Sur lui il avait 60 euros. Elle démontre qu’il « n’est pas un méchant », pas un dur : il se fait bousculer, harceler, en prison pour du tabac, au point de sortir le moins possible de sa cellule. D’autant qu’il ne parle pas français. 
Il a des dettes de loyers mais il paie l’université pour un de ses fils. L’avocate demande au tribunal de « prendre ce dossier pour ce qu’il est ». 
Le prévenu dit qu’il était content de recevoir une lettre de son épouse, il n’a pas, à ce jour, eu le droit de l’appeler. 

2 ans de prison, 10 ans d’ITF, une amende douanière

Le tribunal dit l’homme coupable, le condamne à la peine de 2 ans de prison (maintien en détention), à une interdiction du territoire français pendant 10 ans, à une amende douanière de 387 000 euros, et à payer le droit fixe de procédure. 

FSA