Chalon sur Saône

La délicieuse candeur des Boutboul a fait plaisir à voir et à entendre à Chalon

La délicieuse candeur des Boutboul a fait plaisir à voir et à entendre à Chalon

D’aucuns rêvent de s‘identifier en tous points à leur idole et de la parodier jusqu’au paroxysme de l’imitation. Peu importe finalement l’expression qualitative, c’est le geste qui compte… Les Boutboul mâles l’ont fait, et grand bien leur en a pris, puisque le simulacre a eu des tournures avantageuses à gogo, le public en proie à la nostalgie ou aux contrefaçons significatives en ayant largement eu pour son argent.

Tout donner pour leurs cadors respectifs

Vendredi soir le café-théâtre d’A Chalon Spectacles a tiré sa révérence au Théâtre Piccolo de Chalon-sur-Saône, s’agissant de l’exercice 2017-2018, sous le couvert de «Les Boutboul : bienvenue à Loose Vegas ». L’énoncé indique qu’il y a anguille sous roche, et résume à merveille l’angle d’attaque. Les membres de ladite famille sont trois à ambitionner de tirer les marrons du feu, et pour d’eux d’entre eux plus particulièrement, de transfigurer leur condition sociale afin d’accéder à ce que leur conviction intime leur dicte sans relâche. Sorte de figure tutélaire, Samuel, le paternel (Philippe Chaubet, par ailleurs coauteur), magasinier à mi-temps à Carrefour, ne jure que par le King Elvis, se vêtant comme lui, adoptant ses attitudes, délivrant du « It’s now or never », « Blue suede shoes », « Love me tender »…mais le charisme se situe plutôt aux antipodes du chanteur vénéré. Par la force des choses, car réduit à chanter dans le rayon surgelés d’une grande surface…

Par chance,  le lilliputien Presley a une foi impérissable : »Ce qui est vraiment important, c’est d’y croire. » Après tout, pourquoi pas ? Digne pendant de son père, le fiston (Yani Lotta), prénommé Elvis (comme c’est bizarre…), a pris fait et cause pour le roi de la pop, Michael Jackson, abreuvant les spectateurs des «The girl is mine », «Who’s bad » et autres chansons notoires, démontrant son goût immodéré pour les tenues de scène clinquantes, gestuelle à l’avenant. Au milieu des divagations et des extravagances se tient stoïquement l’épouse et mère (Christine Jarniat), yeux de Chimène braqués sur Polnareff et Fugain. Maîtresse femme, elle a fort à faire pour remettre les siens, contaminés par la transe extatique, dans le droit chemin et limiter la casse.

Son guide spirituel, c’est la picole par le biais du rosé de Provence, ce dont elle ne se prive sous aucun prétexte, ceci brouillant encore plus les cartes ! L’Elvis et le Michael de pacotille envisagent de se rendre à Vegas, parce qu’outre-Atlantique un concours de sosie aura lieu, avec 100.000 dollars à gagner pour le plus ressemblant ! Tour pendable du père au détriment de sa progéniture quant à l’inscription pour lui voler la vedette, le trio ensuite unira ses idées malfaisantes, histoire de soutirer carte bleue et code bancaire à la mère du « King » pour payer les billets d’avion…Rien n’y fera cependant ! Adieu, veau, vache, cochon,  couvée. Le concours s’effectuera sans eux, sniff. La vie reprendra ses droits…Fallait-il en rire ou en pleurer ? L’assemblée n’a pas tergiversé, mordant à l’hameçon sans chercher à se libérer de sa propension à la griserie, tant la ficelle était grosse…blanc-seing pour l’extériorisation en bonne et due forme.

 

                                                                                               Michel Poiriault

                                                                                               [email protected]