Politique

Des coquelicots pour envoyer les pesticides sur les roses

Des coquelicots pour envoyer les pesticides sur les roses

Initié par Fabrice Nicolino, dans l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, l’ « appel des coquelicots » pour la suppression des pesticides a déjà recueilli plus de 260 000 signatures. Hier soir, à Chalon-sur-Saône, ils étaient entre 60 et 70 personnes à s’être rassemblés devant l’hôtel de ville pour le populariser et le faire connaître.

Au printemps dernier, alors qu’ils avaient l’opportunité d'inscrire l'interdiction du glyphosate dans la loi, un engagement du candidat Macron pendant la présidentielle 2017, les députés ne l’on pas fait. 63 d’entre eux, dont Rémy Rebeyrotte, ont en effet rejeté l’amendement qui l’aurait permis, tandis que les rares présents s’abstenaient courageusement de prendre position (Josiane Corneloup, Benjamin Dirx, Cécile Untermaier, Raphaël Gauvain).

Pris à partie sur les réseaux sociaux par des électeurs mécontents de l’incroyable légèreté avec laquelle ils prenaient leur rôle d’élus de la nation, ces députés ont alors tenté de justifier leur choix ou leur absence de choix. Ils n’ont visiblement pas convaincu. Plus grave pour eux, il se pourrait bien que cette affaire laisse des traces profondes. Et encore plus depuis qu’un jury californien a considéré que le désherbant Roundup de Monsanto, l’herbicide au glyphosate par excellence, était à l'origine du cancer qu'a développé un agent d'entretien et a condamné la filiale de l'allemand Bayer à lui verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros).

Si  la plupart des citoyens français croyaient encore, jusqu’à cette affaire, à une certaine indépendance de leurs élus vis-à-vis des « lobbies » et autres groupes défendant des intérêts privés bien installés au cœur même du Parlement français, c’est certainement moins le cas désormais. D’où, peut-être, le mouvement social et citoyen en train de naître, à la suite de l’appel de Fabrice Nicolino dans l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo pour en finir avec tous les pesticides.

Celui-ci, « l’appel des coquelicots », a semble-t-il trouvé un écho dans l’opinion publique française. Plus de 260 000 personnes l’ont signé et, hier soir, elles étaient nombreuses dans toute la France à participer aux rassemblements citoyens que celui-ci encourage, en arborant un coquelicot.

A Chalon-sur-Saône, devant l’hôtel de ville, elles étaient ainsi entre 60 et 70. Parmi elles, des figures bien connues de l’écologie politique (Claire Mallard, Mourad Laoues, François Lotteau) et d’associations de défense de l’environnement (Thierry Grosjean de la CAPEN 71 ; Annabelle Simon, ex-présidente d’ACTE et relai local dans le département de la revue Silence). Des figures connues mais aussi beaucoup de personnes pas forcément engagés, que « le coup des députés du mois de mai dernier » a exaspérées. Et qui entendent bien, puisque leurs représentants au Parlement s’en sont montrés incapables, parvenir à faire enfin interdire le glyphosate comme tous les pesticides qui, en plus de laisser des résidus cancérigènes dans les sols et notre alimentation, déciment les abeilles.

Y parviendront-ils ? « Ce n’est qu’un début », disent certains. « Le combat ne fait que commencer », ajoutent d’autres. De fait, tous les 5 de chaque mois, pendant 24 mois, ils se retrouveront armés de leurs coquelicots et espèrent bien, comme Fabrice Nicolino, qu’à la fin  ils seront des millions pour se faire écouter de ceux qui n’ont rien voulu entendre depuis le printemps dernier.

 

B.A.