Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - A Mercurey, un déménagement entre copains "part en sucette"
Publié le 26 Mai 2020 à 09h17
Ce samedi 23 mai vers 13 heures, la grande rue de Mercurey a connu une altercation, « un déchaînement de violences » dira la procureur, d’un homme âgé de 26 ans contre un autre, « un bon ami » à lui. Il venait de l’aider à déménager, et que s’est-il passé ? Difficile d’en avoir le cœur net.
« Il manque l’élément déclencheur », plaidera maître Mirek. Deux versions : les deux bons amis devaient déjeuner chez la mère de celui qui emménageait. « Un homme très fragile, plaidera maître Mathieu, reconnu handicapé à 80 %, très entouré par toute sa famille. » Le temps de boire une seconde bière, et il est l’heure d’aller manger. La victime dit que le prévenu n’a pas supporté qu’il veuille prendre son propre véhicule, le prévenu dit que la victime a embouti sa voiture en manœuvrant mais ne s’est pas arrêté pour faire un constat.
« Ça pouvait se régler par un constat, déplore le président »
Dans un cas comme dans l’autre, le prévenu prend son bon ami en chasse, le rattrape dans la grande rue. Coups de poing et de pied, sur l’ami et sur sa voiture aussi. Les gendarmes lui trouvent les yeux rouges, il sent l’alcool. Alcoolémie de 0.56 gramme d’alcool par litre de sang, positif à la cocaïne. La victime est clean aux dépistages. A l’audience l’auteur dit qu’il est bien désolé d’avoir ainsi perdu un ami, mais qu’en fait celui-ci avait embouti la voiture de sa mère, et que ça, ce n’était pas possible. « Ça pouvait se régler par un constat, déplore le président Dufour, puis entre assureurs. »
Un jeune homme en voie de stabilisation
Ce garçon est tombé dans la drogue quand il était encore petit : à 26 ans, il affiche déjà 8 ans de traitement de substitution à l’héroïne, quant à la cocaïne, il n’a jamais complètement arrêté, et là, bas de bol, ou au contraire, comme par hasard, « c’était la première fois que j’en prenais (la veille des faits) depuis le début du confinement ». Les suivis au cours d’un sursis mis à l’épreuve auquel il fut condamné en 2016 lui furent bénéfiques, il s’est stabilisé, d’ailleurs il travaille et peut prétendre à un CDI. Il venait de prendre son propre logement à Mercurey… sa mère dit qu’elle est ok pour qu’il revienne chez elle, si c’était nécessaire. Le logement est petit, mais elle mettra un matelas dans le salon.
« Je suis d’accord que j’ai mal réagi »
Au-dessus du visage masqué, le front se plisse et deux yeux expriment un étonnement qu’on peut interpréter comme « ah non, ça ne risque pas d’arriver ». Une juge assesseur vérifie, le prévenu lui répond qu’au contraire il exprimait une agréable surprise. Sur les faits, « je suis d’accord que j’ai mal réagi ». Il a mal réagi deux fois, puisque, entendu par les gendarmes, il sort fadaise sur fadaise, pour tenter de se sortir du filet judiciaire. « J’ai eu peur. Je ne voulais pas partir des années en prison pour une voiture. » Il semble donc que la voiture soit vraiment l’élément déclencheur, mais était-ce une raison pour « monter ainsi dans les tours » ? s’inquiète le président Dufour.
Un prévenu fragile aussi, finalement
« Il s’est tiré une balle dans le pied en garde à vue en racontant n’importe quoi. » Christel Diez, substitut du procureur, démontre que le prévenu savait bien que son copain était handicapé. Elle requiert 10 mois de prison dont 4 mois seraient assortis d’un sursis probatoire, elle demande une interdiction de contact avec la victime. Le tribunal s’était interrogé sur la pertinence d’une expertise psychiatrique. Maître Mirek y revient, car son client, s’il avait bu, ne fut placé que 45 minutes en dégrisement, soit très peu, or il a fait des déclarations insensées.
Détention à domicile et une période de probation
Le tribunal le condamne à 10 mois de prison dont 4 mois avec sursis probatoire pendant 2 ans, ordonne l’exécution provisoire*. Aménage la partie ferme en détention à domicile sous surveillance électronique. Obligation de soins (« parce que ce n’est pas normal que vous montiez aussi vite dans les tours »), obligation d’indemniser la victime (renvoi sur intérêt civil en décembre), et interdiction de contact avec le désormais ex-ami.
FSA
* cela signifie que les effets de la décision s’appliquent immédiatement. Cela n’interdit pas à la personne condamnée de faire appel de la décision, mais ce délai n’est pas suspensif en ce cas. Ici, l’auteur a été également condamné à verser 300 euros de provision à la victime, et 500 euros pour ses frais d’avocat. Il doit s’exécuter, même s’il entendait faire appel. L’interdiction de contact est à effet immédiat, l’obligation de soins aussi.
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