Faits divers
Chalon - Assises de Saône-et-Loire - Quinze ans de prison pour le père violeur
Publié le 02 Décembre 2015 à 08h08

Quinze ans de prison pour le père reconnu coupable d’avoir violé ses deux filles. Il est aussi privé de ses droits parentaux sur ses deux derniers enfants mineurs. Le risque de récidive, pointé par tous les experts est important. Trois jours d’audience et de malaise réel autour d’un tabou transgressé : l’inceste.
Elle est restée prostrée plusieurs minutes assise par terre, dans un coin de la salle d’audience pendant que l’expert psychologue parlait. Jeanne (prénom changé), la fille qui a dénoncé la première les faits d’inceste, parce qu’elle craignait que ses enfants et ses demi-sœurs plus jeunes ne subissent le même sort, n’arrive pas à bouger, mardi matin. Son avocate, Me Géraldine Gras-Comtet, vient la chercher, la relève et l’accompagne pour qu’elle prenne sa place sur le banc des parties civiles. Qu’on soit victime d’agression sexuelle à la maison ou lanceur d‘alerte contre les scandales d’évasion fiscale dans les banques internationales, le défi est le même. Il faut « du courage » pour dire les choses, puisqu’on dérange et bouscule une autorité établie et incontestable. « Du courage », car comme l’a rappelé l’avocate de Jeanne, plus de 90% des victimes d’agressions et de viols gardent le silence et ne dénoncent jamais les faits. Jeanne appartient à la minorité qui raconte. Assumer cette part de courage-là, loin des taiseux, n’est pas facile.
Les viols par le père, une routine
Ce mardi, dernier jour du procès du père indigne du Bourbonnais, un dernier expert dresse les portraits de l’accusé et de Marion (prénom changé), qui a donné naissance à une petite fille à la suite des rapports sexuels imposés par son père. « Elle n’avait pas le choix » a commenté le Dr Dumortier, expert psychologue. « Les viols sont devenus une routine dont elle s’absentait psychiquement. Elle les subit tout en n’y étant pas ». Marion retourne son agressivité contre elle. Elle n’a dénoncé les agissements de son père qu’une fois face au test ADN de paternité de sa fille, quand elle n’a pas pu faire autrement. En lui prodiguant le gîte et le couvert, ce père lui assure alors une certaine sécurité. L’Avocate Générale, Caroline Locks affirme que « ne pas parler du traumatisme, pour certaines victimes, était une protection. En parler, ça veut dire que ça existe. En parler, c’est le revivre ».
Pour l’expert-psychologue, Marcel C. (prénom d’emprunt) qui a vécu en famille d’accueil dans la Nièvre et en Saône-et-Loire, présente une personnalité « borderline », avec « des traumatismes infantiles profondément refoulés ». « Egocentrique », des capacités intellectuelles réduites et une perception de la réalité « très simplificatrice et désaffectivée », il reste un manipulateur. Pour Me Braillon, son défenseur : « c’est un être humain quand même, il cherche à donner du sens à son histoire. » Marcel C. a réussi à retrouver son père. Mais à la première question posée sur sa mère, repartie faire sa vie en Algérie dans les années soixante en abandonnant ses enfants, il n’a eu qu’une mise en joue avec carabine pour toute réponse. Violent.
« J’arrive pas à comprendre… »
Pendant son interrogatoire par le président Brugère, Marcel C. craque, verse quelques larmes sur ses divorces successifs. « Le divorce avec la mère des filles m’a fait trop de mal, je regrette de l’avoir accusée de maltraitance envers ses enfants. » Dépressive et suicidaire, cette dame a été déchue de ses droits parentaux. Dans un soupir entre deux silences, la carapace de l’accusé se fend, comme un aveu d’impuissance : « J’arrive pas à comprendre pourquoi je suis descendu si bas… ».
Me Béatrice Saggio, partie civile pour Marion, qui a eu un enfant de son père, évoque son sentiment de « malaise profond » quant à la nature de l’affaire. « C’est tellement incroyable ». Elle lit la déposition de Marion, qui raconte les deux premières agressions et viols qu’elle a subi de la part de son père. « C’est elle qui lui rappelle que la loi interdit ce genre de relation ». Lui s’efforce de lui faire croire, pendant les quatre années suivantes, que ces relations sexuelles entre père et fille sont « normales ». A la reprise de l’audience à 14 h mardi, la troisième victime de viols et d’agression sexuelles de la part de l’accusé, une amie de Marion, qui a jadis témoigné mais n’a plus voulu donner signe de vie à la juridiction, se porte partie civile, par téléphone.
« Vous n’êtes pas des salopes !»
« L’agresseur, c’est le père, souligne Caroline Locks, l’avocate générale. C’est celui qui est censé protéger. » Le parquet note la similitude des récits des trois victimes de viols sous le toit de Marcel C. « Les détails sont bien trop précis pour être inventés. Si vous ne lui montrez pas les preuves de ses actes, il ne les reconnaît jamais. » L’essentiel : reconnaître le statut de victimes des filles. Ces dernières, même au procès, ont à peine conscience de l’anormalité de leur vécu. « Non, vous n’êtes pas des « salopes », vous êtes des victimes ! » clame l’avocate générale dans leur direction. Tout au long du procès, les deux soeurs ont du mal à prendre leur place sur le banc des parties civiles, au côté de leurs avocates. Souvent, elles écoutent sur les bancs du public. Surtout Jeanne, celle qui a parlé en premier, celle par qui le scandale est arrivé. Elles sortent de la salle quand les propos leur étaient insupportables. Caroline Locks requiert quinze ans de prison à l’encontre de l’accusé, insiste sur sa dangerosité potentielle, remarquée par tous les experts. Demande aussi un suivi socio-judiciaire de dix ans, une injonction de soins et un retrait total de l’autorité parentale.
« La vérité judiciaire n’est pas la vérité historique » plaide Me Eric Braillon. « Mon client ne veut plus contrer les accusations. La vérité biologique du test ADN fonde la vérité d’accusation. Il y a un malaise par rapport à la misère crasse qui a occupé les débats. On a des accusations à tort et à travers. On a eu des témoignages ubuesques et incohérents pour accuser Marcel C. La dernière personne à se porter partie civile n’est pas sérieuse. Par le passé, elle a déjà porté de fausses accusations. Je vous demande l’acquittement pour cette part du dossier. » Pour Jeanne, le plaideur mâconnais, insiste sur le fait qu’elle n’a pas déposé plainte à la gendarmerie mais l’a fait pendant un séjour en psychiatrie. « Il n’y a pas de certitudes, on a beaucoup de variations. Le discours de Jeanne se nourrit de celui de sa sœur. Le contexte est douteux. » La troisième victime, Marion, a porté en elle la preuve vivante du viol par son père. « Il faut ramener les choses à leur juste proportion, continue Me Braillon. Quand on est assis dans le box aux Assises, on est forcément un salaud. Quelle emprise réelle a-t-il eu sur les femmes qui ont aussi profité de lui ? (…) Quinze ans de prison, c’est 5475 jours enfermé, où il faut échapper à la violence. Mon client a déjà 59 ans, son espérance de vie n’est pas longue. Ne le conduisez pas à finir ses jours en prison ». Des plaidoiries de part et d’autre, mesurées et au ton juste, malgré la violence des faits reprochés.
Quand le président Brugère lui redonne la parole, Marcel C. exprime, pour la première fois, des regrets : « Je veux m’excuser auprès de mes filles d’avoir été défaillant ».
Le jury est parti délibérer vers 16 h 30. Revenue à 19 h, la Cour reconnait la culpabilité de l’accusé pour le viol de ses deux filles. En revanche, la Cour acquitte l’accusé pour les viols et agression sexuelle sur l’amie de Marion, absente du procès. Marcel C., incarcéré depuis 2013 est donc reparti pour quinze ans sous les verrous. Un suivi socio-judiciaire avec obligation de soins pendant cinq ans est obligatoire, il est privé de l’autorité parentale sur ses deux derniers enfants mineurs et pendant cinq ans de ses droits, civils, civiques et familiaux.
Florence Genestier



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