Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Pris en flag, il avait écumé plusieurs commerces chalonnais

TRIBUNAL DE CHALON - Pris en flag, il avait écumé plusieurs commerces chalonnais

        

Vendredi dernier, Verdan M., 37 ans, passait par Chalon, et s’y est arrêté pour « faire des courses ». Il a trouvé tout ce qu’il lui fallait dans différents commerces de la zone commerciale sud : un épilateur, une lampe, une veste et un pantalon, trois jouets, un survêtement et deux téléphones. Mais il n’a rien payé. Les vigiles d’Intermarché l’ont intercepté avec les cellulaires cachés sous son blouson, il en avait retiré le système de sécurité. 

Les policiers trouvent sur lui une clé de voiture : elle ouvre une BMW série 3 que Verdan vient d’acheter dit-il, et qu’il redescendait sur Marseille où il vit. Il vit à Marseille avec sa femme et leurs deux petits garçons, mais ils n’y habitent pas : ils n’ont pas de domicile. Verdan et sa femme sont « sans papiers ». Ils ont quitté l’Arménie il y a 6 ans. La corruption, la mafia, zone de non droit, pas le choix. Ici il y a des droits mais il faut un titre de séjour pour en bénéficier, et ce titre n’est pas facile à obtenir, alors Verdan se débrouille, et il lui arrive de voler, la preuve : la police a contacté tous les commerces concernés de la zone commerciale, et les objets neufs portant encore leurs étiquettes dans la BMW manquaient aux stocks des commerçants, du moins la majeure partie.
La présidente Aussavy glisse que la débrouille excède peut-être le cadre des vols. Le permis de conduire trouvé dans la voiture est à un autre nom, et sur la copie de la demande d’asile, la photo a été changée, « c’est quand même franchement louche, c’est vraisemblablement des faux ». 

Tout filou qu’il est, Verdan a peur. Aux policiers il a dit des choses, en audience ce lundi 18 décembre il en dit d’autres. Pourquoi ? L’interprète traduit : « Il pense que s’il déclare plus de choses, la peine sera plus longue. » Air navré de la présidente. A Intermarché ils étaient trois… il en manque deux, « il pense qu’ils sont partis en voyant la police ». « Ce n’est pas le chantre de la bonne foi, attaque madame le procureur Saenz-Cobo. Monsieur est quelqu’un qui est un voleur, et qui n’agit pas seul manifestement. » L’interprète traduit en arménien, tout fort et d’une voix grave, on est en stéréo subitement entre les réquisitions sur notre gauche et leur traduction sur notre droite, de surcroît le prévenu réagit à ce que l’interprète lui dit, on perd le fil. La procureur demande le silence et un mandat de dépôt, qui « s’impose aujourd’hui. Il confondrait clémence et faiblesse. Or la clémence il l’a déjà eue (au TGI de Marseille en septembre dernier, du sursis), il n’est pas question d’être faible. » Elle requiert en tout 8 mois de prison ferme. 

« Je me dis qu’il vaut alors mieux frapper un enfant plutôt que de voler pour 924 euros. » Maître Grebot a assisté à la comparution immédiate précédente (lire ici http://www.info-chalon.com/articles/faits-divers/2017/12/18/34652/tribunal-de-chalon-alcoolise-il-etrangle-sa-fille/), et il répond au parquet avant de s’adresser aux juges : « Vous dites que c’est un voleur habituel ? Vous n’avez qu’une seule condamnation à son casier. Il faut démontrer ce que vous dites, pas l’asséner. Lui il est en France depuis 6 ans, et il essaie de rendre sa situation régulière. Ce n’est pas quelqu’un qui vient, qui vole, et qui repart dans son pays. Il essaie de survivre, car pour avoir du travail il faut une existence, et cette existence, pour l’instant, on la lui refuse. Est-ce que c’est un monstre qui frappe les enfants ? Qui frappe les femmes ? Non, certainement pas. Il s’est fait voleur, parce qu’il fallait, pour sa famille, trouver un peu d’argent. Alors vous allez tenir compte de sa famille, de sa femme et de ses enfants qui l’attendent à 600 km d’ici. Les petits garçons attendent leur père pour Noël, et c’est vous qui allez en décider. Le SME peut lui être accordé, et s’il y avait une partie ferme, de grâce, traitez-le mieux que celui qui a frappé son enfant et aurait pu le tuer. » Le buste de l’avocat est penché en direction des juges, par-dessus l’enceinte du banc des avocats, son bras est tendu aussi, « j’ai confiance en vous ». 

Le prévenu tient à dire quelques mots, il les gémit et les bafouille, dit que les policiers l’ont malmené, et qu’il a encore mal au cou et aux bras. Pendant le délibéré il remercie son conseil. Il est tendu.
Le tribunal le condamne à 5 mois de prison et révoque le sursis de septembre dernier, ça fait 8 mois en tout. Pas de maintien en détention, il sera convoqué par un JAP de Marseille : « Votre sort est entre vos mains, monsieur, car si vous ne pouvez recevoir la convocation et y répondre, vous serez incarcéré. »

FSA