Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il avait frappé un père devant ses enfants sur la voie verte

TRIBUNAL DE CHALON - Il avait frappé un père devant ses enfants sur la voie verte

Lundi 27 août, une famille revient de vacances et décide de faire un court séjour à Buxy avant de rejoindre son domicile, à deux heures de route. Le père part faire du vélo sur la voie verte avec sa fille, 8 ans, et son fils, 4 ans. La fillette s’engage mal et très imprudemment à l’endroit d’un cédez-le-passage. Une voiture arrivait, le père retient sa fille et s’emporte. C’est là que son agresseur s’est pointé. Il frappe le père devant les petits, lorsqu’on les sépare, la victime a l’épaule déboitée, la cloison nasale déplacée, entre autres.

Les gendarmes arrivent, la victime est au sol, il saigne du nez, son bras gauche pendouille. Trauma crânien, ecchymoses. L’agresseur n’est pas loin, il est interpellé. Il en a marre « qu’on me prenne pour un menteur », il mène une vie sans domicile, « c’est l’été, j’aime bien bouger », soit, mais son adresse postale est chez ses parents, lesquels ne sont pas là. Il a 24 ans, certes, mais avec une vie pareille on se dit qu’il n’en a « que » 24. Tout semble erratique chez ce jeune homme, sauf les coups qu’il porte quand il est énervé, sa victime a 45 jours d’ITT et quelques interventions chirurgicales en vue.

« Ce que je veux savoir, c’est : qu’est-ce qui vous prend ? » demande la présidente Grosjean.  Le jeune homme, grand (la barre du box couvre son visage, on ne le voit pas), bronzé, baraqué, et couronné de cheveux teints en blond répond : « J’ai tout expliqué, j’ai senti que ça allait trop loin. Je préfère avoir des problèmes plutôt que de voir des enfants prendre des coups. » La présidente objecte : « Mais les enfants n’ont pas reçu de coups. » Maître Faure-Révillet expliquera : « Il n’a pas agi méchamment, il a eu la sensation qu’il fallait défendre des enfants qui étaient menacés. »

« Il engueulait ses enfants, c’est inadmissible. » … Dans le dossier il est écrit que Marc (prénom modifié) fut un enfant violenté. « Victime, très réactif, développe un peu le substitut du procureur Dominique Fenogli. Sans doute en réaction à un vécu, mais c’est aux psychiatres de le déterminer, or quand on l’y envoie, il n’y va pas. » Le substitut se réfère à une peine assez récente : le jeune homme a lâché tous les suivis. De son point de vue, non, c’est pas lui qui a lâché, mais les objections l’agacent, « je préfère ne rien dire plutôt que de passer pour un imbécile ».

C’est qu’à un moment donné, il devient compliqué pour lui de maintenir des discours rationnels qui tiennent face aux éléments de réalité. La psychiatre ? « J’y allais chaque mois, puis toutes les 6 semaines. Elle trouvait que j’allais bien, meilleure santé, plus de drogue, je suis licencié en sport, d’ailleurs j’y allais ce jour-là. » Dans le rapport du conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation il est noté que Marc n’ayant pas répondu à la dernière convocation, les services ont pris attache avec la psychiatre. Marc n’était pas venu à son rendez-vous du mois de mai, et depuis ne s’est plus manifesté. Au passage, s’il est vrai que les rendez-vous étaient mensuels, si et seulement si c’est vrai, on est en droit de s’interroger sur la consistance du suivi, vu sa nécessité, pour ce qu’on en entend à l’audience.

Au casier judiciaire du prévenu 4 condamnations inscrites et trois autres à y porter, toutes sur l’année 2018. Le sursis mis à l’épreuve n’ayant pas été respecté, le juge d’application des peines est favorable à sa révocation, le substitut du procureur aussi, qui le requiert ainsi que 12 mois de prison avec maintien en détention.

La scène telle qu’elle est racontée, et corroborée en grande partie par l’homme qui s’est arrêté pour intervenir, fait peur. Le père de famille s’est défendu, mais Marc lui déboite l’épaule, et prend le dessus. Marc décrit l’inverse, mais le témoin dit bien qu’à son arrivée un homme était à terre, et l’autre le frappait encore. Il a pris ses lunettes, les a cassées en deux, les lui a jetées dessus, et profitant d’une seconde d’inattention du courageux intervenant, a encore collé un coup de pied dans les côtes de l’autre. Il voulait « défendre des enfants » ? Il en a terrorisé deux, dont l’un ne s’en est clairement pas encore remis.

Le tribunal condamne Marc à 12 mois de prison et ordonne son maintien en détention, « pour prévenir le renouvellement des faits », et révoque le sursis de 3 mois. Renvoi sur intérêt civil en novembre pour les 3 victimes. « Il tirait leurs tee-shirts, c’était limite une agression. »

Florence Saint-Arroman