Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il frappe une femme, on le condamne, il en trouve une autre en sortant de prison et ça repart..

TRIBUNAL DE CHALON - Il frappe une femme, on le condamne, il en trouve une autre en sortant de prison et ça repart..

Ce dossier a un petit air de « on prend les mêmes et on recommence ». Les mêmes faits, du moins, car les femmes changent : il les frappe, on le condamne, il en trouve une autre en sortant de prison et ça repart. Il n’a que 30 ans, il arrive directement des geôles du commissariat de Chalon, le visage tuméfié. Ça s’est mal passé avec la police, dit-il en substance, et pour cause…

Ce coup-ci, Jérémy X était sorti de prison en décembre 2017, en mise à l’épreuve. Il était suivi, le rapport stipule qu’il est « beaucoup dans le déclaratif et a toujours des arguments à tout ». En juin ou juillet il s’installe chez sa nouvelle compagne. Alcool, coups, mauvais traitement, insultes fréquentes, etc. On est le 10 septembre, il est à nouveau dans le box, elle est dans la salle, elle se porte partie civile, il est en état de récidive légale (ce qui double de fait le quantum de la peine possible).

Le soir du 8 septembre dernier, c’est elle qui appelle la police, elle était enfermée dans son propre domicile, il avait cassé la clé dans la serrure en partant. Les policiers le rattrapent alors qu’il s’enfuyait. Violences, menaces de mort. Il se débat, ça se passe mal. Le prévenu soutient cependant qu’alors qu’il était placé en garde à vue, un policier, un seul, serait entré dans la cellule pour le frapper, son avocat lui demande s’il veut porter plainte, il dit « oui », il dit « maintenant j’ai son nom ». Il avait voulu obturer la caméra de surveillance en plaçant le matelas devant, en gros il ne laissait aucun répit aux hommes chargés de s’assurer de lui, malgré ça il dit qu’il était « coopératif, mais alcoolisé ». 1.72 gramme.

« Quatre policiers contre un pauv’gars qui avait bu. » Le pauvre gars, et d’un certain point de vue c’en est un, maître Guignard le développera, a 11 mentions à son casier, « personnalité violente », dit Marie Gicquaud pour le ministère public. « En 2006, rébellion, outrage, menaces de mort. Rébellion pour sa 1ère comparution immédiate et 3 comparutions immédiates pour des violences conjugales, ça commence à faire beaucoup. Il dit qu’il est malade des nerfs, et qu’il n’a pas eu les suivis suffisants, de qui se moque-t-on ? » Elle requiert 24 mois de prison avec maintien en détention, et révocations partielles des deux sursis mis à l’épreuve précédents : des révocations partielles pour que subsiste l’interdiction de contact avec les deux premières victimes de ses violences.

« Il a 30 ans, il sortirait de prison à 32 ans ½… Est-ce qu’il sera préservé de lui ? Ceux qui le côtoient seront-ils préservés de sa violence ? C’est un cas. Il ne faut pas attendre des Assises, il faut une expertise, il faut savoir pourquoi depuis ses 15 ans, il comparaît régulièrement. On ne cherche pas à comprendre ce qu’il est : aveuglement judiciaire face à une personnalité qui pose problème, alors qu’il dit qu’il a besoin d’aide sur le plan psychiatrique. On lui a fait la tête au carré, c’est évident », plaide maître Guignard. Vu sous cet angle, ce que fabrique ce jeune homme ressemble à un cercle. On voit des dossiers qui trouvent des résolutions, mais là, non.

Jérémy X clôt l’audience en présentant « mes excuses à ceux que j’ai offensés ». Il semble penser davantage aux policiers qu’à la victime, car un trauma crânien (sans perte de connaissance), des hématomes au visage et sur le cuir chevelu, et des dermabrasions, ça n’a pas une allure d’« offense », d’ailleurs il maintient la réciprocité des violences, « j’ai mal agi, mais c’est pas moi tout seul ».

Le tribunal le condamne à 20 mois de prison et décerne mandat de dépôt, il révoque le sursis de 2015 à hauteur de 6 mois, et celui de 2017 à hauteur de 2 mois, ordonne son incarcération immédiate pour ces peines aussi. 28 mois de prison ferme, peine sèche : s’il veut se faire aider, il devra le faire de lui-même, rien ne le lui interdit.

Florence Saint-Arroman

Il devra indemniser la victime à hauteur de 800 euros et les 4 policiers à hauteur de 400 euros chacun, ainsi que 500 euros pour leurs frais de justice. Il poursuivra son traitement de méthadone au centre pénitentiaire.