Givry

MUSICAVES DE GIVRY 2018 : Dionysos et Apollon de retour dans la région pour célébrer le 21ème anniversaire d’un festival qui fait peau neuve

MUSICAVES DE GIVRY 2018 : Dionysos et Apollon de retour dans la région pour célébrer le 21ème anniversaire d’un festival qui fait peau neuve

J-15 avant que le volcan musical de la côte chalonnaise ne se réveille et n’entre en éruption comme jamais encore. Le point avec info-chalon.com sur le très attendu festival d'essence dionysiaque, qui aura lieu cette année du 27 juin au 1er juillet 2018.

Dans sa vie professionnelle, le journaliste est, fondamentalement, confronté à deux types de personnes : celles qu’il doit voir et celles, plus rares, qu’il aime voir. Qu’il aime voir parce qu’elles l’élèvent. Parce qu’elles ont quelque chose de vrai à dire. Parce qu’elles ont quelque chose d’authentique à partager. Parce qu’elles donnent, avant même d’escompter recevoir.

Parlons net : Philippe Perrousset, le deus ex machina des Musicaves de Givry, fait indéniablement partie de la seconde catégorie. Parlons encore plus net : le territoire sur lequel il sévit chaque année au début de l’été ne mesure peut-être pas suffisamment la chance qu’il a de disposer d’une telle clé pour jouer sa propre partition dans un environnement de plus en plus polyphonique, pour ne pas dire cacophonique, duquel n’émergent pas nécessairement ceux qui font le plus de bruit, durant un temps éphémère, mais plutôt ceux dont la mélodie nous extirpe du quotidien pour, précisément, nous propulser en dehors du temps.

Le lieu de rencontre de toutes les musiques

Rencontrer Philippe Perrousset, ce n’est pas seulement rencontrer un homme parmi d’autres. C’est accéder à un monde, celui de la musique, dans l’acception la plus large du terme. C’est-à-dire : pas la seule « grande » musique, celle qui ne réunirait que les initiés et maniaques du solfège, mais de tout ce qui, à base de (bon) son, transperce nos mécanismes de défense psychique et nos inhibitions les plus ancrées, pour nous frapper de plein fouet et déclencher en nous des émotions que nous ne nous autorisons plus à ressentir. Car Philippe Perrousset aime toutes les musiques, du moment qu’elle vous chavire, vous embarque.

Du Trio Talweg (trio de musique de chambre dont la réputation n’est plus à faire) à Igorr (compositeur mélangeant de nombreux courants musicaux, dont le black ou le death metal, la musique baroque, le breakcore, et le trip hop), en passant par Ablaye Cissoko et l'ensemble Constantinople (un auteur-compositeur et musicien sénégalais), Philippe Perrousset écoute tout ce qui lui passe à portée d’oreille.

(Ablaye Cissoko & Ensemble Constantinople)

Cinq jours littéralement hors du temps

Tout écouter, sans a priori, puis sélectionner ce qui selon lui mérite d’être entendu en live, dans ce qu’il appelle des « écrins » musicaux, c’est-à-dire l’église de Poncey ou l’un des domaines viticoles indissociables des Musicaves, c’est ainsi qu’il procède. Puis, entouré des siens, les nombreux bénévoles et fidèles qui œuvrent inlassablement à ce que la fête réunissant Apollon et Dionysos, respectivement dieux de la musique et de la vigne (mais aussi du vin, de ses excès, de la folie) chez les Grecs de l’Antiquité, il les fait venir à Givry pour cinq jours littéralement hors du temps.

« Littéralement hors du temps » car, n’en déplaise à ceux qui penseraient qu’on en rajoute, les Musicaves de Givry sont, dans une existence, un moment proprement à part. Certes, les festivals musicaux de qualité ne manquent pas, en France et en Europe. Néanmoins, il n’existe certainement rien de semblable aux Musicaves de Givry où, dans des lieux à l’acoustique exceptionnelle – et pour des montants plus qu’abordables –, tout un chacun peut, non pas seulement écouter, mais ressentir jusqu’au dans des endroits que la bienséance proscrit de nommer ici, l’effet que peut provoquer la musique, quand sont réunies les conditions pour que sa puissance d’évocation se déploie. Effet démultiplié à Givry par le vin, qui enivre moins qu’il ne désinhibe, et permet de s’ouvrir pleinement à ce que les musiciens sont prêts à vous donner.

Et ce qu’ils ont à donner, ces musiciens qui viennent jusqu’à nous, est toujours immense. D’abord parce que Philippe Perrousset est leur ami de longue date et qu’ils se donnent naturellement à fond. Mais surtout parce que, comparons le phénomène à la transsubstantiation qui chez les chrétiens permettrait de convertir l’eau et le pain en corps et sang du Christ, l’esprit du festival, ce que l’on pourrait appeler la « musicavité », transforme les sons qu’ils produisent en frissons, en sensations, en irrépressibles envie de chanter, de danser et, surtout, de vivre comme si chaque instant devait être le dernier. Ce n’est peut-être d’ailleurs pas pour rien que, cette année, les Musicaves de Givry fêtent leur vingt-et-unième année d’existence. Car cette année, c’est bel et bien la vingt-et-unième fois que ce volcan musical qui entre en éruption chaque année au début de l’été va de nouveau se réveiller.

21 ans d’existence

21 ans. D’aucuns diraient que, comparé à l’histoire de l’humanité, cette durée n’est que poussière. D’autres, en écho à un Rimbaud qu’il ferait bien de relire, grogneraient probablement qu’on n’est pas sérieux à cet âge. D’autres encore remarqueront sans doute, et à juste titre, que faire perdurer dans le temps un festival musical de qualité, dans un contexte marqué par le « zapping » et une décérébration en voie de généralisation, relève plutôt de l’exploit.

Si exploit, il y a, comment l’expliquer ? Il y a d’abord, on l’a vu, la « méthode Perrousset » : tout entendre, choisir et faire venir, y compris contre vents et marées, les navires à bon port, l’équipage sain et sauf, prêt à souquer ferme de nouveau. Il y a également les armées et commandos de bénévoles que Philippe Perrousset a su, durant toutes ces années, fédérer autour de lui, qui continuent de s’étoffer, par-delà les disparitions qui endeuillent, auxquelles cette édition sera dédiée. Il y a, enfin, une volonté de toujours faire mieux, de toujours aller plus loin, de s’adapter, sans pour autant cesser de rendre culte aux dieux précédemment évoqués : Dionysos et Apollon (Phébus et Bacchus pour les romanistes purs et durs). Une volonté qui ne fait pas que s’afficher mais débouche sur de nombreuses réalisations concrètes. Si nombreuses qu’on pourrait sans doute parler de nouveau souffle, à tout le moins de festival faisant peau neuve.

Encore plus de rire et de joie de vivre, grâce à un partenariat avec les Oenorires

Parmi les innovations de cette année, on peut citer par exemple la place faite au rire, la clé d’une vie réussie selon le philosophe américain Ralph Waldo Emerson. Le rire et la joie de vivre n’ont jamais fait défaut aux Musicaves, loin s’en faut. Il suffit d’avoir assisté, l’an passé, au concert de Mathias Duplessy & The violins of the world (Lire ICI) ou à celui de Bachar Mar-Khalifé, à la fin duquel personne n’a pu résister à l’envie de danser debout (Lire ICI), pour en convenir.

(L'Equipe Bis, pour Improvino)

Néanmoins, cette année, grâce à un partenariat avec les Oenorires d’Antoine Demor (Lire ICI), le rire va certainement s’emparer de tous, y compris des plus grincheux, si tant est qu’il en vienne aux Musicaves… En effet, lors d’une soirée (jeudi 28 juin, Domaine Besson, 20 h 30) où le théâtre d’improvisation (Lire ICI) sera à l’honneur, arbitrée par Antoine Demor himself, les gorges risquent de se déployer encore plus que d’ordinaire. Il y a en tout cas fort à parier que la tumultueuse histoire locale, passée entre les mains expertes de « l’impro », soit de nature à dérider, et bien plus que le botox…

Du Givry, of course, mais aussi du Mercurey

Autre innovation, le divin vin ne sera plus seulement celui de Givry. Désormais, chaque année, une appellation voisine de la côte chalonnaise, Mercurey en 2018, sera à l’honneur (jeudi 28 juin, Domaine Besson, 21 h 15).

Pour celles et ceux qui – il y en a ! – seraient allergiques au vin ou le gouteraient fort peu, la bière, « made in Scotland », coulera à flots lors du concert du John Langan Band (samedi 30 juin, Domaine Besson), un groupe de folk celtique aux fortes tendances punk, dont on ignore encore s’ils porteront quelque chose sous leur kilt, s’ils choisissent d’en porter ce soir-là… En outre, fini le Coca-Cola, l’Orangina et autres boissons à propos desquelles on s’abstiendra ici de dire tout ce que l’on en pense. Place à la Mortuacienne, la (bonne) limonade à l’ancienne de Morteau, et aux jus de fruits locaux, le tout à un euro la conso. 

(The John Langan Band)

Plus besoin de passer par la case « distributeur à billets » de la banque du coin

Toujours dans le registre de la sustentation, l’organisation des Musicaves de Givry n’a pas chômé cette année. Alors qu’auparavant, il pouvait être difficile de se restaurer avant un concert dans les restos de Givry, sans risquer d’arriver (en retard) à son concert, qui plus est un vilain bout de salade coincé entre les dents, cette année, un partenariat a été conclu avec les restaurateurs situés à proximité du réacteur musical. Vous arrivez un peu avant 19 h 15 et vous aurez la garantie de vous voir proposer une formule vous permettant de dîner, de vous brosser les dents éventuellement, tout en étant à l’heure à votre concert.

Dans la même veine pratico-pratique, plus besoin de faire le siège des banques dans Givry, pour acquérir les jetons vous permettant de déguster la gamme étendue de vins offertes à vos papilles. Cette année, grâce à des machines à carte bancaire portatives, vous pourrez régler, ceci sans passer par la case « distributeurs de billets ».

Nouvelle déco

Niveau déco, l’organisation des Musicaves n’a pas non plus lésiné. Grâce, notamment, à l’implication d’Anne-Laure Hernet et de Dorothée Mougenot, celle-ci change assez radicalement. Si, bien sûr, l’esprit de chaque « écrin » sera respecté, vous risquez d’être décoiffé, notamment au niveau de la scène ouverte. Pourquoi ? Allez donc faire un tout aux Musicaves de Givry, entre le 27 juin et le 1er juillet. Vous comprendrez. En plus de ressortir transcendé par la musique et porté par l’allégresse que procure le vin, quand il est de qualité et dégusté dans un cadre propice à l’élévation de l’âme et du corps.

Samuel Bon

 

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