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Les Chalonnais pédalent-ils davantage ? La réponse du patron de « À bicyclette »
Publié le 08 Mars 2021 à 14h20
À l’occasion de la course cycliste Paris-Nice qui passera à Chalon mercredi 10 mars, Info-chalon est allé recueillir la parole de Pierre-François Daubas qui, après 15 ans de compétition, a repris la succession du magasin À bicyclette, avenue Boucicaut. Alors, les Chalonnais pédalent-ils davantage ?
Ce n’est pas ce que vous croyez : la bousculade des commandes et des réparations dans la boutique À bicyclette de l’avenue Boucicaut ne doit rien à la course cycliste qui a débuté ce dimanche dans la région parisienne pour s’achever le 14 mars à Nice sur le col d’Èze. Le déclencheur est tout autre.
Paris-Nice, 1er grand rendez-vous de la saison cycliste
« Le grand public se passionne pour le Tour de France, en juillet, mais il ne connait pas le Paris-Nice, commente Pierre-François Daubas. Cette course fait connaitre notre ville, c’est déjà pas mal, mais n’a aucun impact sur les ventes. »
Paris-Nice est la première grande course cycliste par étapes du calendrier. Créée en 1933, celle qu’on surnomme la Course au soleil, encore ignorée par le grand public, marque pourtant le 1er grand rendez-vous de la saison et… la fin de l’hiver. Ce mercredi 10 mars, les 23 équipes du Paris-Nice traverseront Chalon, 4e sur un total de 8 étapes.
Alors, d’où vient la suractivité des magasins de cycles ?
Le vélo électrique a le vent en poupe
La flambée des ventes du vélo électrique est indéniable, comme en témoignent les chiffres avancés par P-F Daubas : « En 2016, quand j’ai racheté le magasin, la vente des vélos électriques représentait 5 à 10 % des ventes. C’est-à-dire que j’en vendais entre 15 et 20 par an. En 2020, j’en ai vendu 200 à 300. Faites le calcul… »
En d’autres termes (chiffrés), 9 vélos vendus sur 10 sont électriques !
Les aides de l’État pour se mettre en selle
« Elles ont commencé en 2018 et ça a créé un boom des ventes. Certaines villes et régions – le Grand Chalon en fait partie – ont ajouté des aides locales, cumulables aux aides de l’État. C’est un effort louable en soi, mais il a été pensé à court terme. Et c’est là que les problèmes s’accumulent. »
Les hics du système d’incitation aux mobilités douces, quels sont-ils ? P-F Daubas en dénombre 3 principaux.
Pénurie de pièces
« Les ventes ont boosté la production de 80 à 100 %. Mais désormais, on fait face à une pénurie de pièces. Quand il s’était agi de pénurie de pâtes alimentaires ou de papier toilette lors du 1er confinement en mars 2020, le réassort a pu se faire en 1 mois. Mais en ce qui concerne la fabrication de cycles, particulièrement les vélos électriques, il faudra attendre entre 6 et 12 mois. Le problème est qu’aujourd’hui, il n’y a plus un vélo à vendre ! » déplore le propriétaire de À bicyclette.
De même, le coup de pouce de l’État qui permet de financer une aide nationale de 50 € pour réparer son vélo dénote une fois de plus l’absence d’anticipation : « c’est toujours bien en soi, mais on est débordé de demandes, qu’on ne peut plus accepter qu’au compte-goutte. »
La suractivité des subventions a acculé le marché à une certaine impuissance.
Ça, nos dirigeants ne l’avaient pas anticipé ? Question de bon sens pourtant…
Le vélo non électrique délaissé
Deuxième hic : côté production, le vélo mécanique est laissé de côté : « Nos fournisseurs suivent la tendance et engagent la majeure partie des forces de production dans les vélos électriques. Résultat : les délais de fabrication des vélos mécaniques sont encore rallongés, déplore P-F Daubas ».
Les dangers de la cohabitation vélo-voiture
Pourquoi cette vision à court terme ? « Bien sûr, c’est un avis personnel, mais je pense que l’État a voulu faire un coup d’éclat. Leur première préoccupation était de désengorger les transports publics parisiens sous la menace du Coronavirus, et les mesures ont été étendues au pays, mais sans prendre en compte les conséquences. »
Or, la conséquence la plus grave, c’est l’accident. « On met, en masse, des cyclistes sur les routes, sans assurer leur sécurité par des pistes cyclables bien pensées. Aujourd’hui, la cohabitation vélo/voiture est de moins en moins bonne. »
Cet argument en invite un autre, au niveau local : « Pourquoi le Grand Chalon n’a-t-il pas investi plus intelligemment ce budget dans le développement des pistes cyclables ? Certes, l’échéance est plus longue, mais les accidents par manque d’infrastructures seraient évités. Car que reste-t-il des pistes cyclables tracées en jaune, sur l’avenue Boucicaut notamment ? On les appelait les « coronapistes ». Eh bien elles se sont effacées, tout simplement. »
Daubas est, bien sûr, favorable à la mobilité douce, il n’est pas besoin de douter d’un cycliste chevronné qui a 15 ans de compétition derrière lui. Pourtant, il ne s’aventurerait pas à venir au travail à vélo, tant les dangers des voitures sont réels. « La majorité des gens qui viennent acheter un vélo le font pour la promenade, pas pour un usage quotidien. »
S’il ne s’agissait que de gonfler son chiffre d’affaires, P-F Daubas pourrait saluer bien bas les aides de l’État. Mais comme dans moult domaines – dont celui de la santé publique qui est crucialement d’actualité – l’État semble mener une politique de l’immédiateté, tape-à-l’œil, et, osons le mot, électoraliste. À quand les réformes plus profondes et plus sensées ?
Nathalie DUNAND
[email protected]
À bicyclette
59, avenue Boucicaut
71100 Chalon-sur-Saône
03 85 48 60 79
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