Le Roi Cabache et le Casio... explications de texte par René Dubois, Président du Comité des fêtes de Chalon

Le roi Cabache, c’est tout un monde. Il a sa reine, ses sujets et son île. Savez-vous ce que signifie "Cabache" ? C’est la coiffe, le chapeau. Il symbolise la Saône. C’est le fruit de la macre, une plante d’eau que l’on trouve sur les bords de Saône quand l’eau est pure. Ce fruit est la châtaigne d’eau que l’on appelle à Chalon la cabache, un fruit que les gens mangeaient autrefois. C’est aussi la forme de la coiffe que portent les dignitaires de la Confrérie Royale Gôniotique, avec quatre pointes.

Le roi Cabache a pour devise : honneur et peuterie. Devise suivie par les gôniots qui sont ses dignes sujets. La reine Moutelle est son épouse. Moutelle est le nom d’un petit poisson de la Saône, tout petit, tout mignon, que l’on ne mange pas. On raconte que les écailles sont brillantes et les reflets ressemblent à la nacre des huîtres perlières et que, autrefois, les femmes prenaient les écailles et en faisaient un collier. Le roi Cabache vit sur l’île du Moutiau, au sud de Chalon, au milieu de la Saône.

Dans le défilé, vous aurez vu le pantin lancé en l’air par des diables tout en rouge, portant le masque. Les quatre diables tiennent une couverture et le lancent en l’air et le lancent sur les badauds attroupés tout le long de la cavalcade. C’est le vieux carnaval, le bonhomme hiver.
Ce jeudi soir, on va le juger. Le président de la Confrérie royale Gôniotique va prononcer le casio, le jugement du vieux carnaval. Puis on brûlera le vieux carnaval samedi, et le corps sera jeté du haut du pont St Laurent, dans la Saône. La rivière emportera les cendres qui se réfugieront sur l’île du Moutiau, le repaire de Cabache. Et l’an prochain, tel le phénix, le nouveau carnaval renaîtra de ses cendres et reviendra défiler dans la bonne ville de Chalon.

Ce vieux carnaval est celui de l’an dernier. On l’accuse d’avoir fait tous les maux de l’année écoulée. Il sera jugé, la sentence sera prononcée et il sera mis rue de l’ancienne prison. Dimanche soir, la sentence sera lue en public en haut de la Tour du Doyenné.

Le pantin est fait de chiffons et ses bottes sont remplies de paille. La coutume de le secouer dans une couverture et de le lancer en l’air vient du Moyen âge. On retrouve cette coutume dans le Nord, en Flandre belge notamment, où on lançait en l’air parfois un chat noir, parfois un pantin. On appelle cela en langue de carnaval "beurdoler", secouer violemment. "On beurdole le vieux carnaval dans une couverte -une couverture."

 

S.B.