Election municipale

Un débat sur France 3 Bourgogne qui n'aura pas apporté grand chose de nouveau

Un débat sur France 3 Bourgogne qui n'aura pas apporté grand chose de nouveau

A la Rotonde de l'Espace des Arts de Chalon ce samedi matin, c'était l'effervescence avec un direct quelque peu inhabituel de France 3 Bourgogne. Autour de la table, les 4 candidats aux élections municipales du 23 mars prochain. Un exercice fastidieux que de passer à la télévision mais moment incontournable de la campagne électorale. Retour pour info-chalon.com.

En maître de cérémonie, c'est Lilian Melet, journaliste politique de France 3 Bourgogne qui officiait au sein de l'émission La Voix est Libre. Autour de la table, bien évidemment, Christophe Sirugue - député maire de Chalon sur Saône et candidat à sa succession pour un deuxième mandat. Présents également le challenger et chef de file de l'opposition municipale depuis 6 ans maintenant, Gilles Platret, tête de liste de "Tous pour Chalon". A ses côtés, Ghislaine Launay, tête de liste pour le rassemblement Bleu Marine - Front National et Pascal Dufraigne, déjà candidat en 2008 pour Lutte Ouvrière.

Pendant quasi 1h30, les candidats ont répondu aux questions posées par Lilian Melet et Benoît Montaggioni, sans que pour une fois, la parole soit donnée aux téléspectateurs. Il faut dire que le ton est très vite monté notamment entre les deux principaux protagonistes, l'un ne souhaitant rien céder à l'autre. Au point que l'exercice qui aurait pu se révéler intéressant à plus d'un titre s'est en fait contenté de ce que l'on a pu entendre ici ou là à l'occasion de réunions publiques ou de prises de paroles dans la presse. Rien de bien neuf au final si ce n'est le fait que le débat s'est soldé par une concentration de de la parole entre Gilles Platret et Christophe Sirugue, phagocitant complètement la rhétorique des candidats de Lutte Ouvrière et du Front National, qui n'ont pu proposer quelques points de leurs programmes respectifs.

"Dites nous ce qu'il ne vous plait pas ?" a lancé Lilian Melet en guise de préambule à ce débat, l'occasion de planter le décor et de préparer les argumentaires et les contre-argumentaires . " On est dans une ville qui compte et qui entend bien se positionner" pour Christophe Sirugue alors que pour Gilles Platret "on a tout pour faire mais Chalon est confronté à des verrous qui verrouillent les initiatives et c'est là tout l'enjeu que de libérer l'énergie des Chalonnais". Pascal Dufraigne, "c'est un vrai ras le bol qu'on constate, le chômage continue ses ravages. Il y a un vrai écoeurement de la population par rapport à ce gouvernement qui est dans le camp des bourgeois. C'est le sens de notre présence que de celui de faire entendre le camp des travailleurs". Quant à la candidate du Front National, elle s'est dite surprise  "de cette vision idyllique de la ville. les difficultés s'accumulent. On maquille les chiffres sur le Grand Chalon. L'avenir n'est pas aussi rose". 

"Vous maire de Chalon vous changez quoi ?" la fiscalité" pour le FN, "toutes les intiatives proposées demandent de l'argent, c'est insupportable. Les investissements sont de la poudre aux yeux." a lancé Ghislaine Launay. "Oui c'est la crise, la bourgeoisie n'a pas de solution si ce n'est de la faire payer aux travailleurs. Il n'y a pas de solution dans le système actuel. La seule chose que je garde ce sont les solidarités ouvrières. La classe ouvrière refera surface pour imposer de vrais changements" s'est plu à préciser Pascal Dufraigne, candidat pour Lutte Ouvrière. Des propos tellement nationaux et sortis du contexte local qui ont obligé Lilian Melet à demander aux candidats FN et LO d'être plus précis avec des propositions liées au contexte municipal.  "Des points précis à Chalon sur Saône ? "il n'y a pas de solutions locales" s'est contenté de souligner Pascal Dufraigne.

Pour  Christophe Sirugue "le seul moyen de s'en sortir c'est de rassembler les forces économiques et sociales, porter ensemble des enjeux. Créer les conditions du développement économique. Créer les conditions du vivre ensemble. Privilégier ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise" alors que pour Gilles Platret "le rassemblement ne doit pas être des mots mais des actes. Notre démarche veut redonner la parole aux chalonnais. Il n'y a pas une seule rue qui n'aura pas été visitée. A l'issue des 6 ans, les Chalonnais veulent reprendre la parole. L'un des objectifs majeurs soit que le maire soit à plein temps". 

Des propos qui ont fait aussitôt réagir le maire-sortant, " c'est au cours de ce mandat qu'on été dévelopé les outils de la démocratie. Pendant 6 ans combien de réunions dans les quartiers ? aucune." Quant aux propos de Ghislaine Launey voyant des "problèmes partout avec des tours complètes qui sont habitées par des personnes nourries et logées... qui sont un poids pour la société", Christophe Sirugue s'est contenté de retorquer " Chalon est démographiquement équilibré, le paysage de Mme Launay est une vue depuis La Guiche", histoire de rappeler que la tête de liste proposée par le Front National n'habite pas à Chalon sur Saône.

"Vous avez tellement mal à vous faire confiance que vous êtes obligés de vous déplacer tous les trois".

Visiblement tendu, Christophe Sirugue étant bien sûr dans la position la plus délicate dans ce genre d'exercice, à savoir celle de défendre son bilan contre trois candidats à sa succession, a rappelé le parcours de Gilles Platret au sein de l'intercommunalité et ses déboires face à Dominique Juillot, Président alors du Grand Chalon. "J'ai interrogé depuis des semaines sur le Grand Chalon.  Nous on a travaillé avec l'ensemble des équipes. Vous n'arrivez pas à travailler avec les autres. Il vient se présenter comme celui qui rassemble. Sur le Grand Chalon, j'ai été élu avec un nombre de voix supérieur aux seules voix de même sensibilité. Si il y en a un qui peut parler du rassemblement, c'est bien moi. Tout votre parcours montre que vous ne pouvez pas travailler avec les autres. La démonstration est faite".

Une démonstration  cinglante qui n'est pas pourtant pas venu entacher toute la volonté du candidat Platret; "on est à un tournant démocratique. La concentration des pouvoirs est terminée. Comment pouvoir dire je serai président du Grand Chalon? Le partage des pouvoirs est nécessaire. Il faut qu'il y ait un accord sur un projet de territoire pas sur des sensibilités politiques. Le projet de territoire n'existe plus. "

Pour Pascal Dufraigne "on assiste à un combat de coq . Ca ne passionne pas les travailleurs, ça agite un petit monde mais ça cache les principaux problèmes avec la complicité des patrons".

Sur le sujet le plus sensible du moment, et très attendu par l'oppositon incarnée par Gilles  Platret, à savoir celui de la fiscalité, Benoît Montaggioni a évoqué la question de la capacité d'autofinancement net, évoquée également par l'association des cybercontribuables, association envers laquelle le maire appporte que très peu de crédits "avec des anciens élus UMP et de sensibilité proche de l'opposition". Pour Christophe Sirugue "j'entends le discours depuis 5 ans; Depuis 5 ans les comptes sont validés y compris par le rapport de la cour des comptes, les banques nous prêtent à des taux les plus bas jamais enregistrés. Le Rapport de la chambre régionale des comptes qui date de 2011 n'a mentionné aucune problématique spécifique. Je n'ai pas entendu que la capacité d'autofinancement net posait problème avant 2008 alors qu'elle est historiquement négative. Quant à la capacité d'autofinancement, à notre arrivée en 2008, elle était de 450 000 euros elle est de plus de 3 millions d'euros aujourd'hui". 

Pour Gilles Platret " la ville est dans un état de dégradation avancée. Je ne veux bien qu'on ne me fasse pas confiance. Mais qu'on regarde les indicateurs. Les associations locales qu'on ne les croit pas mais qu'on regarde les chiffres. Depuis 2008 l'endettement de la ville a explosé. On a une capacité d'autofinancement net négative. Si on nous ne croit pas qu'on regarde les Echos, Capital... oui les finances vont mal. Oui l'endettement a explosé. Oui on est obligé de jouer serrer. L'état a commencé à tirer la sonnette d'alarme et ce n'est pas le hasard". 

"Puisque vous avez cette analyse de la ville, pourquoi n'avoir jamais demandé pendant 5 ans aux autorités de faire un point sur la situation administrative de la ville. Vous dites que vous allez engager 10 millions d'investissements par an soit plus que nous . Alors comment faire sans augmenter les impôts ? si la situation financière de la ville est si déplorable?" s'est amusé à répondre Christophe Sirugue.

Un maire à plein temps ? Il coûtera plus cher à Chalon !

Sur l'un des points phares de Gilles Platret, Christophe Sirugue s'est plu à rappeler que si demain le maire de Chalon devait être à plein temps, il coûterait plus cher aux contribuables. Aujourd'hui, le maire de Chalon sur Saône étant indemnisé autour de 1000 euros, tout simplement parce que du fait du cumul des mandats, Christophe Sirugue est écrété et ne peut percevoir plus. A demi-mot, la question subliminale de Christophe  Sirugue était de savoir si   Gilles Platret était prêt à diminuer ses indemnités en cas de victoire à moins de 1000 euros.

Problématique du Directeur Général des Services, deuxième ligne du Flash, stationnement ont été autant de points abordés au cours de l'émission, qu'info-chalon vous propose de revoir en replay sur le site internet de France 3 Bourgogne.

En attendant, au final, qu'est-il ressorti de l'émission ? Deux chefs de file, positionnés sur leurs programmes respectifs et leurs constats avec des clivages nets et précis, abordés maintes et maintes fois... et deux candidats que sont ceux de Lutte Ouvrière et du Front National qui ont sans doute oubliés les enjeux locaux de leurs candidatures, au point que lorsque la question leur était posée sur des propositions concrètes,la difficulté était palpable. A un point même que Ghislaine Launey se sera contenté en guise de conclusion de la lecture d'un semblant de communiqué. Oui la démocratie a besoin d'une pluralité d'opinion mais de grâce, travaillez vos programmes  afin de ne pas sacrifier l'une des rares élections qui intéresse encore l'électorat sur l'autel des pratiques politico-politiciennes dont les Français ne veulent plus. Qui a gagné au final ? A vrai dire la balle au centre. Chacun aura satisfait son électorat spécifique... de toute évidence ! Il faudra donc bel et bien attendre encore un peu.

Laurent Guillaumé

VOIR LA PREMIERE PARTIE DE L'EMISSION

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